Dans quelques semaines nous fêterons un anniversaire. Celui de la tenue, à Maurice, des 10e jeux des îles de l’océan Indien. En 2019, cette fête sportive a frappé tous les esprits. Bien sûr, l’élite mauricienne avait subjugué tout un peuple par ses performances. Mais ce que nous retenons surtout c’est l’engouement qu’avait gé­néré le sport auprès de toute une Nation. Et à cette époque, les grands rassemblements dans les stades et autres gymnases ne choquaient personne. Mais aujourd’hui, malheureusement, à cause de la Covid-19, c’est cette même mo­bilisation humaine qui suscite la peur et la méfiance, de par le risque de contamination qu’elle peut faire courir au public. Rien n’est comme avant…

Après le succès indianocéanique, le ministère des Sports avait pu alors poursuivre son projet de faire du sport l’affaire de tout un peuple. Tout en se donnant les moyens – déjà – de penser à une représentation aussi fructueuse que possible de l’élite sportive mauricienne aux JO de 2024, il continuait à encourager la popula­tion à pratiquer le sport pour être en bonne san­té. Ce grand axe ministériel à travers le ‘Sport pour tous’ était tout simple. Il consistait à per­mettre l’activité sportive à tout âge, en dehors du cadre compétitif. Nul besoin alors pour les sportifs amateurs de prendre part à des com­pétitions de haut niveau. Pour eux, il s’agissait plutôt de pratiquer le sport comme un loisir et de socialiser, chose qu’il sera de plus en plus dif­ficile à faire dans le cadre sportif.

De là, on peut se poser les questions suiv­antes : Les membres du public pourront-t-ils faire leur jogging ou du vélo selon une ré­glementation établie comme en France depuis le 11 mai dernier (la distance à respecter entre deux coureurs ou deux cyclistes à compter du 11 mai, selon le ministère des Sports français, doit être de 10 mètres) ? En outre, qu’adviendra-t-il des pro­priétaires de gymnase où se rendent les citoyens tôt le matin avant le travail ou dans l’après-midi après le bureau ? A-t-on songé à une reprise – certes prudente et règlementée de leurs activi­tés – ou assistera-t-on à la fermeture de leurs établissements alors que ces propriétaires ont eu recours à des emprunts pour réaliser leurs projets et acheter leurs équipements ? Quoi privilégier ? Le gagne-pain de ces personnes ou la sécurité publique ? Difficile de trancher…

Dans un autre ordre d’idées mais toujours lié à la gestion post-confinement, que penser du sport pour les élèves à la rentrée d’août ? Pour rappel, la pratique sportive avait retrouvé une nouvelle dimension à l’échelon national à Mau­rice. Le ministère des Sports avait fait l’effort de promouvoir davantage le sport à l’école avec l’aide du Mauritius Sports Council (MSC) et du ministère de l’Éducation. Doit-on envisager que – par précaution – les élèves continueront à faire des exercices physiques via la visioconférence comme lors du confinement ? Pire, doit-on craindre que la priorité soit donnée plus aux études qu’au sport en raison du retard occasionné sur le plan aca­démique à cause de la Covid 19 ? Assistera-t-on à un retour à la case départ ? Nous espérons que non. Et que les autorités ont elles aussi songé à un plan d’action pour trouver une solution. Tout en tenant compte du contexte sanitaire du moment.

Cela dit, depuis quelques semaines déjà, le ministère des Sports a fait appel aux fédérations sportives mauriciennes pour qu’elles lui propo­sent un plan d’action post-confinement. Pour l’instant – et nous le comprenons – ce sont es­sentiellement les sportifs de l’élite (moins nom­breux) qui sont susceptibles de reprendre leurs activités, dans un cadre sanitaire très strict. Mais les précautions prises à Maurice serviront-elles aux fédérations si la situation sanitaire ne s’arrange pas à l’étranger ? Sera-t-il prudent pour nos sportifs de se déplacer ? Si ce n’est pas le cas, peut-être devrions-nous déjà nous préparer à repenser le sport, quitte à le réinventer …