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Échouement du «MV Wakashio»: «Si le volume de fioul déversé augmente, la plage de Pointe-d’Esny sera menacée»
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Échouement du «MV Wakashio»: «Si le volume de fioul déversé augmente, la plage de Pointe-d’Esny sera menacée»
Forte mobilisation citoyenne au Mahébourg Waterfront. Des volontaires ont travaillé d’arrache-pied toute la nuit de jeudi et toute la journée hier en confectionnant des boudins pour contenir le flot d’hydrocarbures vers l’est. L’inquiétude maintenant est pour Pointe-d’Esny et Blue-Bay au cas où les conditions du temps et de la mer changent.
Ils n’ont pas voulu attendre les autorités plus longtemps et ils ont pris les devants. En fait, les volontaires sont venus des quatre coins de l’île à Mahébourg pour aider à contenir l’épanchement du pétrole. Comme Hugo Harel venu du Nord par… autobus. Il est étudiant en environnement à l’université de Bristol en Angleterre. Pour lui, c’est le blocage dans la prise de décisions des autorités, qui est la cause de cette pollution. «Il y a eu un déni des autorités jusqu’à jeudi dernier», dit-il.
Près de 1 000 personnes se sont mobilisées à tour de rôle, y compris des plongeurs, certains travaillant toute la journée pour aider à barricader la région du Mahébourg Waterfront. David Sauvage est l’une des chevilles ouvrières de cette mobilisation. Interrogé quant à la demande du gouvernement de ne pas prendre d’initiative personnelle et isolée, il réplique : «S’il faut attendre que le gouvernement décide de prendre des initiatives, ce sera trop tard.» Un volontaire ajoute : «À chaque fois, le gouvernement n’a parlé que de comités, qui vont bientôt décider de ceci ou cela…»
Les volontaires ont donc, dans la nuit de jeudi, nous dit David Sauvage, fabriqué et testé ces fameux boudins destinés à agir comme barrage contre le pétrole. Ils ont utilisé des filets de protection de chantiers comme enveloppe et de la paille de cannes pour l’absorption. Pour empêcher que ces filets soient immergés, ils y ont ajouté des bouteilles en plastique vides. «Environ deux kilomètres de ces barrages ont été fabriqués et installés rien que dans la journée d’hier», rappelle David Sauvage.
La bagasse ou même les feuilles de cannes compactées pourraient servir pour absorber un déversement de pétrole, selon Keswar Beeharry Panray de l’Environmental Protection and Conservation Organisation (EPCO). «Nous en avons en grande quantité et on est heureusement en période de coupe.» Selon un autre scientifique, des filets garnis de cheveux auraient mieux absorbé le pétrole. «Mais cela prendra du temps avant de réunir la quantité voulue.»
La substance brunâtre a déjà atteint les côtes de Rivière-des-Créoles. Jean Paul Tostée, Sud-Africain de passage à Maurice, explique que c’est un courant marin à partir de la région du naufrage, qui porte le pétrole parallèlement à la côte jusqu’à Rivière-des-Créoles. «Un peu de pétrole arrive au Mahebourg Waterfront et plus loin vers le nord. Heureusement que le courant n’entraîne pas vers Blue Bay.»
Quid de la belle plage de Pointe-d’Esny ? Sera-t-elle affectée ? «Pas si le volume de pétrole et la vitesse à laquelle il fuit du navire demeurent tels quels. Par contre, si ce volume et cette vitesse doublent, les plages blanches de Pointe d’Esny risquent d’être souillées.» Jean Paul Tostée explique que d’autres facteurs vont influer sur la direction qu’a prise le déversement de pétrole. «Si nous avons de fortes vagues dues, par exemple, à un anticyclone, oui. Même la marée montante pourrait entraîner cette nappe sur la plage.» Il souligne toutefois qu’en ce moment, la marée montante n’est pas très volumineuse mais, en cas de gonflement conséquent de cette marée, elle pourrait apporter ces huiles lourdes à Pointe-d’Esny. Ces facteurs pourraient-ils pousser la nappe de pétrole vers Blue-Bay et le parc marin ? «Il y a très peu de chances sauf si tous ces facteurs sont mis à contribution», répond Jean Paul Tostée.
18 oiseaux récupérés de l’Île-aux-Aigrettes
<p>Pour Vikash Tatayah, Conservation director de la <em>Mauritius Wildlife Foundation</em>, bien que la marée noire n’ait affecté que la paroi en certains endroits de l’Île-aux-Aigrettes, il a jugé bon de déplacer 18 oiseaux qui s’y trouvaient au cas où ils s’aventurent dans l’eau ou tout près. Ils sont six cardinaux de Maurice et 12 oiseaux à lunettes. Ils ont été transférés à la volière de Rivière-Noire. Ces oiseaux n’ont pas été souillés par le pétrole, nous rassure-t-il. Aucune autre espèce n’a pour l’instant été déplacée. Vikash Tatayah dit suivre la situation de près et son équipe et lui se tiennent prêts au cas où la nappe de pétrole menacerait directement la réserve. Pour l’instant, le courant marin transporte le déversement vers Rivière-des-Créoles.</p>
L’état d’urgence environnemental décrété
Pravind Jugnauth a, hier, signé une Environmental Emergency Declaration sous l’Environment Protection Act. Cette procédure a été déclenchée après le déversement d’huile en mer. Selon l’océanographe et expert en environnement, Vassen Kaupaymootoo, l’état d’urgence environnemental va permettre aux autorités d’avoir plus de pouvoirs pour agir. En d’autres mots, l’État prend en charge les opérations à Pointe-d’Esny. L’océanographe ajoute qu’il faut aussi s’attendre à une réclamation financière auprès de l’assureur. Par ailleurs, un compte bancaire spécial a été ouvert à la State Bank of Mauritius sous l’égide du Prime Minister’s Relief Fund pour couvrir tous les frais liés à la catastrophe de Pointe-d’Esny. Tous les dons locaux et étrangers y seront crédités.

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