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Échouement du «MV Wakashio»: un kilomètre de récif corallien écrasé par le vraquier ?
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Échouement du «MV Wakashio»: un kilomètre de récif corallien écrasé par le vraquier ?
Des écologistes du Sud estiment que le navire aurait dû avoir été immobilisé par un petit remorqueur pour éviter qu’il ne bouge. Malheureusement, l’action des vagues et de l’hélice du bateau pourrait avoir causé des dommages considérables aux coraux et à la vie marine…
L’association Eco-Sud avait prévenu dès sa-medi soir, à l’approche de l’anticyclone que le MV Wakashio devrait être immobilisé même par un petit remorqueur disponible au port. Au cas contraire, le pivotement du vraquier causé par les houles allait endommager encore plus les coraux. Si à samedi, 300 mètres de récif corallien étaient déjà affectés, à hier, nous dit un militant d’Eco-Sud, au moins un kilomètre était touché. «L’écume blanche que l’on peut voir est des sédiments provenant des coraux écrasés par le poids du navire. Au lieu de couler au fond, ils remontent à la surface probablement par l’action des vagues et de l’hélice du navire.» Selon un militant d’Eco-Sud, si le pays a échappé à une pollution d’hy-drocarbures jusque-là, c’est à un autre désastre écologique que l’on est confronté. «Cette barrière de corail repoussait tranquillement en l’absence de cyclones ces dernières années. Le Wakashio aura causé plus beaucoup de dommage qu’un cyclone.»
Mais comment s’est produit ce désastre ? «Il faut savoir que le navire, même s’il pèse 100 000 tonnes, peut facilement être immobilisé par un petit remorqueur», nous explique un membre d’Eco Sud spécialiste maritime. «Non seulement on ne l’a pas fait dès samedi mais à ce jour (mardi), le navire naufragé pivote toujours et l’a fait à 150 degrés, écrasant la barrière encore plus.»
Sébastien Sauvage, membre d’Eco Sud, se demande si les autorités ont évalué l’ampleur des dégâts. Selon lui, la trainée de poudre blanche s’étend sur plusieurs kilomètres. «Ce qui m’interpelle aussi, ce sont les effets de cette étendue de sédiments sur la vie marine et notamment sur les coraux se trouvant sous cette nappe blanche tout en sachant que, faute de lumière, ces coraux sont condamnés.» Sébastien Sauvage prévient que toute compensation financière ne fera pas repousser ces coraux plus vite. «Il faut savoir que les coraux, y compris la barrière affectée, sont des lieux de ponte des poissons. Cela prendra des années avant que ces coraux ne reprennent vie.»
Un professionnel maritime a, lui, une autre théorie. Il pense que l’équipage a essayé de libérer le vraquier avec sa propre propulsion, à voir le remous de sable qui commence là où est l’hélice. «Le problème est qu’il est dé-sormais parallèle aux récifs et qu’il prend chaque vague en plein travers. Avant, il était le nez dans le récif et l’hélice et le gouvernail dans l’eau profonde. Les vagues le heurtaient surtout sur l’arrière. Il avait une marge de manoeuvre avec son moteur et son gouvernail. Maintenant tout le navire est sur le sec, y compris l’arrière avec l’hélice et le gouvernail. Son étrave n’est plus dans le récif.» Il affirme qu’il y a neuf mètres de la coque sous le niveau de la mer. «À cette distance du récif, l’on peut estimer que la mer a environ 9 m de profondeur… Angel 1 à Poudre-d’Or avait touché le fond à 150 m des brisants. Le sable soulevé, c’est certainement par l’énorme hélice de ce vraquier.»
L’océanographe, Vassen Kauppaymuthoo est du même avis. Il explique, qu’avec le mauvais temps et les houles, le vraquier a dû pivoter sur la cale no 4 ou 5. «Je ne pense pas que ce soit les coraux. À mon avis, le navire s’est retrouvé parallèle au récif. L’équipage a essayé d’actionner le moteur. En actionnant le moteur à fond, cela a dû lever le sable. Le navire est maintenant sur le flanc. Et ça vient compliquer les choses.»
Le rapport de la 8e réunion de coordination et de la 5e réunion du National Oil Spill Contingency Plan fait également mention d’une traînée de sable qui a été observée dans la mer sous le navire. Aussi, un léger mouvement du navire sur environ 70 mètres a été observé. Selon une source venant de cette réunion, la traînée de sable s’est formée à cause du vraquier qui bouge sur lui-même. Le temps venteux et la mer agitée avec de grosses houles n’arrangent pas la situation.
Est-il possible que l’équipage ait essayé de libérer le vraquier des récifs ? «Aucune intervention n’est possible pour l’heure», rapporte notre source. Encore moins, tenter de libérer le vraquier par sa propre propulsion. C’est la raison pour laquelle le capitaine Lars Telmar et l’équipe de Salvers ont été sollicités. «Seuls des professionnels et des personnes qualifiées peuvent faire cette intervention, qui nécessite un plan de renflouage complet.» D’ailleurs, les Salvers attendent que tous les remorqueurs soient sur place pour procéder à l’opération de renflouage.
Par ailleurs, l’expertise de l’International Tankers Owners Pollution Federation Limited a été retenue pour conseiller les autorités en cas de déversement d’hydrocarbures. À lundi, aucune trace d’hydrocarbures, d’huile ou de lubrifiants n’avait été détectée dans les échantillons d’eau de mer collectés quotidiennement à Mahébourg, Pointe-Jerôme, Pointe-d’Esny et Blue-Bay. 420 mètres de barrages flottants antipollution ont été installés autour du MV Wakashio. 320 mètres ont dû être déplacés à cause de la mer agitée et des mouvements du vraquier qui justifiaient le repositionnement des barrages antipollution. Une fois que l’état de la mer le permettra, les booms seront replacés au même endroit.
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