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Après l’échouement, bleu azur vs rivages noircis
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Après l’échouement, bleu azur vs rivages noircis
Édifiant. Même si l’eau claire et limpide du lagon du Sud-Est prendra du temps à retrouver ses belles couleurs, le bleu commence graduellement à reprendre ses droits. En effet, les nuances de bleu du lagon à Pointe-Jérôme, mercredi, auraient pu être une invitation à la baignade, malgré le temps venteux qui y prévalait. Le paysage aurait même pu être celui d’une carte postale.
À première vue, il est difficile de croire que la traînée d’huile lourde du Wakashio, qui s’est drossé sur les récifs à plus de 2,1 km, a souillé cette région. En regardant ce bleu qui s’étire au loin, impossible d’imaginer que depuis ce 6 août fatidique, des booms anti-pollution flottants ont été installés afin de faire barrage à plus de 800 tonnes de fioul qui s’étaient échappées des entrailles du vraquier, par une fissure dans l’un des trois réservoirs.
Mais la vue des barages dans le lagon est un bond dans la réalité. Ce jour-là, 200 mètres de barrage absorbant ont été installés sur le rivage, près de l’hôtel Preskil. «Nous allons installer d’autres booms un peu plus loin», lance un skipper rencontré sur place alors que son équipe se prépare pour la mission. Quelques minutes plus tard, munis d’équipements antipollution, ils quittent Pointe-Jérôme. Sur le quai, des booms empilés attendent leur embarquement. Des experts de Polyeco s’affairent dans un coin. Ils se préparent à aller installer 200 mètres de booms à Grande-Rivière-Sud-Est. À quelques mètres, des garde-côtes indiens et les éléments de la National Coast Guard (NCG) font, eux, une pause déjeuner. À leur côté, des équipements antipollution débarqués de l’Indian Air Force C-17, dimanche. Ces gardes-côtes indiens doivent positionner 200 mètres de river boom à l’île-aux-Aigrettes.
À Pointe-d’Esny, c’est le même constat. Le lagon est bien plus limpide. Les traces de fioul qui défiguraient le littoral semblent avoir disparu. Quant à la couleur bleue du lagon, elle réapparaît timidement. Là encore, l’invitation à faire trempette est de plus en plus persistante. Mais ce qui retiendra cette envie de se jeter à l’eau, c’est le barrage antipollution qui se trouve toujours à quelques encablures du rivage et, plus loin sur les récifs, la poupe du Wakashio qui sera probablement démantelée. La proue (partie avant) reposera dans les abysses, à 13, 8 milles nautiques à une profondeur de 3 180 mètres.
Si les lagons de PointeJérôme et de Pointe-d’Esny ont meilleure mine aujourd’hui, il semblerait que ce soit grâce aux écrémeurs (skimmers). Les communiqués du National Crisis Committee (NCC) font mention des skimming vessels qui continuent à éponger les nappes d’huile lourde dans le lagon. 10 000 tampons absorbants reçus du gouvernement indien, seront également utilisés pour le nettoyage des rives. D’autres sont attendus des autorités japonaises. Attention ! Il est toujours interdit de se baigner dans le lagon du Sud-Est même si l’eau attire.
En contraste au bleu azur, le noir visqueux de l’huile lourde est, lui, toujours présent dans d’autres régions. Tout d’abord au Mahébourg Waterfront. L’huile lourde a pu se frayer un chemin à travers les égouts grâce à la marée haute. «Gété ki oter délwil inn monté. Sa zot pa tiré. Sak fwa lamaré monté, li rantré, sorti. Pa koné kouma pou lav sa, kapav lamer pou fer li. Mé bizin kontinié met boom dévan Waterfront. Tou sa delo-la al laba mem», explique Genaro Bhuttoo, plaisancier du Sud-Est et volontaire, qui à l’aide d’un bâton montre la viscosité du fioul qui se trouve dans un égout, à côté d’un restaurant.
En remontant la côte sud-est, les traces de fioul sont de plus en plus visibles. Par exemple, à Bois-des-Amourettes, des booms noircis sur le rivage montrent l’étendue de la marée noire à cet endroit. D’ailleurs, le nettoyage se poursuivait toujours mercredi. Plus loin, en longeant la côte, des pneus englués d’huile lourde jonchent le rivage. Des mangroves à Bambous-Virieux, toujours souillées par les hydrocarbures, attendent d’être nettoyées. L’eau noirâtre d’un ruisseau qui se trouve à quelques mètres de la Case du Pêcheur s’éclaircira-t-elle un jour ? En tout cas, le nettoyage ne semble pas être pour de sitôt.
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