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Aide internationale: le conflit des Chagos dissocié de la catastrophe
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Aide internationale: le conflit des Chagos dissocié de la catastrophe
Tout est parti d’un tweet du député conservateur britannique Henry Smith le 16 août. Ce dernier a comparé la gestion de la fuite de fioul provoquée par le naufrage du «Wakashio» à Pointe-d’Esny à celle du dossier Chagos. Est-ce uniquement une provocation, un coup «en dessous de la ceinture» ou Maurice auraitelle pu bénéficier de l’aide de Londres, et de Washington, à travers Diego Garcia en l’absence de l’affrontement diplomatique ? Nous avons voulu comprendre.
«The Mauritian’s government’s very slow response to oil tanker Wakashio running aground off their coast on 25 July, spilling fuel and causing an ecological disaster, doesn’t bode well for their sovereignty claim they could protect the Chagos’ Islands’ pristine waters if in control…». Voici ce qu’a tweeté Henry Smith, alors que cela faisait dix jours que les lagons du Sud-Est subissaient la propagation d’hydrocarbures émanant du MV Wakashio. Tout de suite, le conseiller spécial au Prime Minister’s Office (PMO) Zouber Joomaye a réagi et a condamné avec virulence les propos de l’élu de Crawley. Lieu, d’ailleurs, où une grande partie des Chagossiens ont élu domicile au pays de Sa majesté.
Les informations étant communiquées au comptegouttes par le gouvernement, la version officielle est que la France, l’Inde ou encore la Grande-Bretagne ont apporté de l’aide au pays qu’une fois la situation d’urgence environnementale déclarée. Cette aide salutaire aurait-elle pu arriver plus tôt sans le litige des Chagos, qui a vu de nombreuses victoires pour Maurice au niveau des Nations unies et la Cour Internationale de Justice ces dernières années ?
Sollicité, un avocat wellversed dans le dossier des Chagos, a avant tout décortiqué le tweet de Henry Smith. «Ne pas partager l’opinion de ce député britannique ne veut pas dire que l’on ne peut pas comprendre son point de vue. Un des principaux arguments de la Grande-Bretagne est que la zone maritime entourant les Chagos est un des parcs marins les plus vastes et les plus riches en termes de ressources naturelles au monde. D’ailleurs, des ONG internationales ont œuvré pendant des années, sans se soucier de la souveraineté, c’est-àdire, qu’elle soit mauricienne ou britannique», expliquet-il. D’ajouter qu’après cette catastrophe écologique, il se peut que ces instances internationales se demandent si Maurice aurait la capacité de gérer les Chagos et, surtout, le parc marin.
Selon Arvin Boolell, leader de l’opposition et ancien ministre des Affaires étrangères, le tweet de Henry Smith est «extrêmement maladroit et a fait fi de toutes les recommandations des Nations unies. Dans un moment pareil, il aurait pu réagir de façon différente», souligne-t-il. Mais, selon lui, Henry Smith semble avoir tenu à peu près le même type de discours que le ministre français des Outre-mer, Sébastien Lecornu. Cela, en avançant que le gouvernement mauricien a failli dans sa tâche et n’a pas agi à temps.
Justement, le conflit chagossien prend-il toute son importance dans le contexte présent ? Aurait-on, par exemple, pu bénéficier de l’aide de la Grande-Bretagne, administrateur de Diego Garcia, et des équipements sophistiqués qui se trouvent sur la base navale américaine ? Maurice a-t-elle punch above its weight?
Interrogé, un ancien diplomate indique qu’un pays-ami, même en l’absence d’un quelconque conflit diplomatique, ne peut envoyer de l’aide sans une demande officielle d’un gouvernement. En d’autres mots, Maurice n’aurait pu bénéficier d’un apport international qu’après en avoir fait la requête. Nous nous sommes tournés vers le haut-commissariat britannique pour des réponses Selon une source autorisée, la demande d’aide officielle du gouvernement date du 6 août, et portait sur l’ «oil spill». Par conséquent, du 25 juillet, jour du naufrage, aux premières fuites de fioul, répertoriées le 6 août, aucune demande officielle d’assistance n’a été faite à la Grande-Bretagne. «Je ne crois pas que le litige des Chagos fasse une différence. Les Britanniques et les Américains n’ont pas hésité à aider, du moment que Maurice en a fait la demande», dit Arvin Boolell.
Quid des informations précises qu’auraient pu envoyer les satellites utilisés par la base navale de Diego Garcia ? Selon nos recoupements, la base navale se trouvant à plus de 1 000 km du site du naufrage, les Américains n’auraient pas traité le Wakashio comme une menace pour leur sécurité. Ce qui pourrait expliquer le fait que des détails n’aient pas été communiqués au gouvernement mauricien.
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