Publicité
Cétacés morts: les «salvagers» auraient-ils utilisé le sonar massivement ?
Par
Partager cet article
Cétacés morts: les «salvagers» auraient-ils utilisé le sonar massivement ?
Ce lundi 31 août, le décompte morbide des dauphins s’élevait à 42. Serait-ce dû à l’usage d’explosifs ou du sonar pour évaluer la profondeur dans le sabordage du «Wakashio» ? Aucune réponse claire car il n’y avait aucune présence officielle des autorités pour cet exercice.
Tout comme l’usage éventuel d’explosifs par les salvagers pour saborder le Wakashio, celui du sonar demeure un mystère. Ce fait ne peut être confirmé ou infirmé que par les salvagers eux-mêmes car ils étaient seuls au milieu de l’océan pour effectuer le sabordage. Aucun officier du ministère de l’Économie bleue ou de l’Environnement ne les accompagnait, selon nos informations. Le ministre Kavy Ramano a été imprécis. Dans sa déclaration au Parlement, vendredi, il s’est contenté d’affirmer que le sabordage a été effectué, selon les procédures. Le directeur du Shipping, Alain Donat, a lui exclu l’usage d’explosifs, en se basant sur un mail que lui aurait adressé le Salvage Master.
Selon une source non confirmée, les renfloueurs auraient utilisé le sonar de façon massive pour déterminer un lieu assez profond où couler le Wakashio. Vincent Florens, professeur agrégé à l’université de Maurice, nous explique que le sonar peut être étroitement associé à l’échouage en masse de cette espèce de dauphins. «Par exemple, dit-il, le sonar d’un navire en mouvement au nord-ouest de Madagascar, en 2008, a été le facteur hautement probable de l’entrée d’une centaine de ces dauphins le lendemain dans le lagon et leur échouage par la suite. Des facteurs entrent en jeu, comme la direction du navire, sa distance des dauphins, la fréquence du sonar, etc. qui peuvent aussi affecter plus ou moins le dauphin.» Il rappelle que cette espèce se déplace en groupe, pouvant aller jusqu’à un millier d’individus, rendant des échouages en masse fort probables quand ils sont désorientés et paniqués.
Noémie Hofman, spécialiste en pathologies marines à Avignon, ajoute qu’en remontant trop rapidement à la surface, les dauphins peuvent encourir des accidents de décompression qui laisseront des traces visibles lors d’une nécropsie. En l’absence de décompression, les traces de l’effet du sonar sur le mammifère seront-elles visibles lors d’une nécropsie, vu que l’effet est indirect et plus psychologique que physique ?
«Non», répond Vincent Florens. «C’est seulement quand le sonar est tellement intense qu’il pourrait affecter divers organes, y compris les tympans, en laissant des traces.» Noémie Hofman partage son avis. Donc, les résultats d’analyses attendus peuvent ne démontrer aucune lésion sans pour autant prouver qu’il n’y a pas eu d’effets de sonar ou d’explosion.
Normalement, seuls les sousmarins font un usage continu du sonar. Les navires pourvus de ce système ne l’utilisent que quand ils font de la prospection de pétrole ou autres gisements, des études hydrographiques, des recherches de bancs de poissons ou pour détecter la présence de sous-marins. Sinon, un navire n’utiliserait son sonar que quand il craint de se drosser. Ce que le Wakashio n’aurait pas fait ! «Cependant, nous dit un expert international qui a voulu garder l’anonymat, des navires utilisant le sonar sont courants dans nos eaux. Pourtant on n’a jamais enregistré de morts de dauphins en masse sauf celle de 2005». Le sonar a-til été utilisé éventuellement pour le sabordage alors ? «Il faut le demander aux autorités.
Cependant, si les salvagers l’ont utilisé, cela doit être un sonar puissant puisque l’on parle d’une profondeur de plus de 3 000 mètres.» Ce qui pourrait donc avoir affecté les dauphins.
Jusqu’en 2018, nous rappelle Vincent Florens, il y a eu deux cas de morts massives de ce type de dauphins qui ont pu être asso- ciées à l’utilisation du sonar, une au nord de Madagascar et une autre à Hawaï. Mais, en fait, qu’est-ce qui tue les dauphins ? Noémie Hofman nous en dit plus : «Ce sont des animaux dont la structure osseuse ne leur permet pas de rester à l’air libre où ils sont ‘écrasés’ par la pression atmosphérique, y compris leur poumon.» Une mort atroce !
Le premier «salvage master» remercié ?
Le premier «salvage master» de SMIT aurait-il été remercié et remplacé par un nouveau ? C’est ce que l’on a appris de source officieuse. Il semblerait que sa décision de remplir d’eau le «Wakashio» alors que le vraquier était encore sur les récifs de Pointe-d’Esny aurait provoqué la cassure et la marée noire. Cette information serait cruciale pour situer les diverses responsabilités. Mais officiellement, c’est motus et bouche cousue !
Publicité
Publicité
Les plus récents