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Wakashio: le contenu d’un article et d’une vidéo de Jill Holloway interpelle

8 septembre 2020, 15:00

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Wakashio: le contenu d’un article et d’une vidéo de Jill Holloway interpelle

Cette Sud-Africaine qui vit à Maurice a publié des «informations» dans le magazine anglais «Scubaverse». Très dithyrambique par rapport à l’action du Premier ministre et des autorités après le naufrage, sa chronologie est toutefois aléatoire.

«The Mauritius Wakashio Cleanup and the Devastating Consequences» écrit par Jill Holloway et publié le 3 septembre dans le magazine anglais Scubaverse, spécialisé en plongée, interpelle. Ainsi qu’une vidéo de plus de 7 minutes intitulée «30 Days of Oil» (lien : https://www. scubaverse.com/the-mauritius-wakashio-cleanup-and-the-devastating-consequences/). Dans les deux cas, l’auteure salue «l’efficacité» du gouvernement mauricien à gérer la crise MV Wakashio, qui s’est échoué sur les récifs de Pointe-d’Esny, depuis le 25 juillet. «When Mauritius cries out for help, the world listens. (…) The Mauritian Government has been outstanding», dit-elle dans son récit.

Elle décrit Maurice comme une destination pour la lune de miel et le mariage, entre autres. Des photos défilent où l’on peut voir des dauphins en groupe se déplacer. Dans la vidéo, elle explique que «Maurice doit figurer en haut de la liste de tout un chacun.» Ensuite, elle fait la chronologie du naufrage du Wakashio, comment le capitaine a ignoré les appels de la National Coast Guard et la compagnie japonaise Nagashiki Shipping Co.Ltd a recruté SMIT Salvage, une société spécialisée hollandaise.

Selon elle, le vraquier n’a pas attendu. Des fissures sont apparues. L’huile lourde s’est déversée dans le lagon et sur les côtes. «Que fait le gouvernement dans un moment de crise comme celui-ci ?» s’interroge Jill Holloway dans la vidéo. «Le Premier ministre fait appel à une mobilisation nationale et tout le monde vient à son aide.» Une autre séquence de la vidéo montre des volontaires en action avec leurs booms artisanaux qui, au bout de quatre jours, ont pu empêcher le fioul d’atteindre la plage de BlueBay, décrite comme «absolutely beautiful and hasn’t changed a bit. It’s perfectly cleaned». Le responsable, selon elle, est le PM, qui a mis en place le National Crisis Committee pour contrôler la situation. La vidéo se termine sur la mort des dauphins et la marche pacifique du 29 août. Pour les dauphins, elle affirme que les tests ne sont pas connus et personne ne sait ce qui les a tués. Quant à la marche, elle la décrit comme «Mauritian exuberance» où tout le monde est uni. «I have never seen a mob like this gathered together in peace.»

L’article «The Mauritius Wakashio Cleanup and the De- vastating Consequences» narre l’approche de la gestion du naufrage de «positive». Le commissaire de police, Khemraj Servansing, est décrit comme «the best man for this job», étant nommé par Pravind Jugnauth qui est «the sort of leader who appoints the best person for the job». Parlant de l’équipe des «salvors», Jill Holloway écrit qu’ils ont pu arriver trois semaines après l’échouement du vraquier. Mais, en dix jours, la mer houleuse a causé une rupture de la coque et le fioul s’est déversé dans le lagon. L’équipe a avancé sa date pour le sauvetage en arrivant le 6 août et a immédiatement pompé l’huile lourde vers des navires en «stand by» fournis par La Reunion.

Or, selon la chronologie des événements, c’est le 27 juillet, soit deux jours après l’échouement, qu'un accord de Llyod’s Standard Form of Salvage a été signé avec la compagnie SMIT Salvage pour prendre des mesures correctives. Le ministre de l’Environnement, Kavy Ramano, a communiqué sur les décisions prises par son ministère, le directeur de la marine et les autorités concernées lors d’une déclaration au Parlement. Le «salvage agreement» comprend notamment le pompage de l’huile lourde, le sauvetage du navire et les mesures anti-pollution qui seront déployées.

Et c’est bien le 30 juillet, soit cinq jours après l’échouement, que le remorqueur PSV Standford Hawk d’Afrique du Sud avec une équipe de «salvors» a mouillé au port aux petites heures. Un second remorqueur est en route de Singapour. Le 31 juillet, lors de première conférence de presse conjointe du ministre de l’Environnement et de la Pêche, Alain Donat, directeur du Shipping, a affirmé que les renfloueurs ont déjà commencé leur évaluation et un «Situation Report», qui donnera des indications sur l’état du bateau est attendu dimanche 2 août. Le Salvage Master de la compagnie SMIT Salvage a soumis son premier rapport quotidien, comme prévu, au comité national. Selon les premiers constats, le gouvernail du vraquier a été endommagé.

Jointe au téléphone par l’express, Jill Holloway affirme qu’elle est une collaboratrice de Scubaverse et qu’elle écrit des articles sur Maurice depuis 2016, adressés aux étrangers. «J’ai écrit 17 articles en tout afin de promouvoir la plongée.» À la question de savoir si elle a été approchée pour écrire des articles complaisants sur l’échouement du MV Wakashio, la Sud-Africaine qui réside à Maurice, explique qu’elle est une personne indépendante, une femme d’affaires qui «aime ce que j’écris».

Comment a-t-elle pu avoir accès aux réunions du National Crisis Committee, alors que la presse mauricienne n’est pas invitée ? «J’ai été invitée pour voir les procédures. J’ai pu parler aux nombreux experts même à l’un des salvors, à l’agent et propriétaire du vraquier. J’ai eu la permission car je voulais des infos pour mon magazine de plongée.»

Elle affirme que si elle avait été Mauricienne, elle aurait été fière car toutes les preuves y étaient et que les renfloueurs ont pris trois semaines pour venir sur le site du naufrage. «Le gouvernement a fait exactement ce qu’il fallait faire. I am not patronizing, it’s true. Personne ne pouvait toucher au navire. Maurice doit être fier de comment le gouvernement a géré ce dossier. Pour moi, en tant qu’étrangère, il a été brillamment géré.» Jill Holloway, qui évolue dans le tourisme, affirme fournir des vidéos «free of charge» sur la plongée à la Tourism Authority.

La plongeuse contestée par ses pairs

<p>La vidéo postée par Jill Holloway agace des moniteurs de centres de plongée, que ce soit dans le Nord dans le Sud ou ailleurs. D&rsquo;origine sud-africaine, cette femme est la propriétaire <em>d&rsquo;Ocean Spirit diving</em>, centre situé à Péreybère. Toutefois, en raison de sa proximité avec plusieurs cadres de la <em>Tourism Authority,</em> responsable du renouvellement des permis des opérateurs des plongées, les moniteurs de plongée ne veulent pas la critiquer ouvertement dans la presse, craignant des représailles. D&rsquo;ailleurs, dit-on, tout récemment, elle a fait déménager son local dans un autre bâtiment et elle n&rsquo;a pas eu de peine pour avoir son permis avec la nouvelle adresse, alors que c&rsquo;est souvent une longue procédure. Il semblerait que ce n&rsquo;est pas la première vidéo qui est contestée. Peu après le début de la marée noire dans le Sud-Est, elle avait pris des photos qu&rsquo;elle avait publiées sur le site de la <em>Professional Association of Diving Instructors </em>(PADI), une association internationale pour la formation à la plongée. Les autres moniteurs ont jugé que c&rsquo;était contre-productif. D&rsquo;où leur protestation. Des centres de plongée mauriciens avaient contesté son geste. D&rsquo;ailleurs, plusieurs de ces centres venant des quatre coins de l&rsquo;île avaient participé, dans la discrétion, au nettoyage des régions polluées. Un moniteur de plongée ayant participé à ces opérations affirme que Jill Holloway a été vue seulement une fois dans la région affectée, prenant des clichés. <em>&laquo;Je ne comprends pas comment elle a pu dire qu&rsquo;elle faisait partie du Crisis Committee&raquo;,</em> s&rsquo;étonne-t-il. Une autre fois encore, elle s&rsquo;était attiré la foudre de ses pairs. Lors d&rsquo;un séminaire organisé par PADI à Maurice, elle s&rsquo;était mise débout pour évoquer des sujets qui n&rsquo;étaient pas à l&rsquo;agenda avant d&rsquo;être rappelée à l&rsquo;ordre.</p>

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