Il en a ému plus d’un dimanche soir, par le biais d’un reportage diffusé sur Antenne Réunion. Lui, c’est Abdoullah, 73 ans. Ce Mauricien vit depuis 31 ans à l’île sœur. Mais il est sans domicile fixe. Depuis plus de deux ans, il a trouvé refuge dans un entrepôt délabré du centre-ville de Saint Louis, dans le sud-ouest de l’île. Son quotidien se résume à s’allonger sur un matelas difforme au milieu de détritus. 

Dans un français correct, ce Vacoassien raconte brièvement son parcours. Il a obtenu son diplôme d’infirmier d’une institution britannique. «Des fois, je passe cinq jours sans manger. Je vais boire l’eau à la mosquée qui n’est pas loin. L’enfer, c’est ici…» 

Quand il a débarqué à La Réunion, c’était avant tout pour travailler, mais rien ne s’est déroulé comme il le voulait. Il a trouvé l’âme sœur et a eu un enfant. Mais, après la naissance, femme et enfant se sont volatilisés, selon lui. Depuis, il erre sans but. «Je sais que je vis dans des conditions déplorables mais c’est mieux que de vivre dans la rue où les gens peuvent marcher sur moi.» Aujourd’hui, il n’a qu’un rêve : rentrer à Maurice, qu’il a quitté à l’âge de 19 ans. 

Suite à la diffusion de ce reportage, Abdoullah a été pris en charge par le regroupement des associations Réunion-Maurice. Didier Sooben, trésorier, confie que des démarches sont en cours pour rapatrier Abdoullah. «Depuis une semaine, on est à ses côtés. Il est sain d’esprit. Il peut tenir une discussion en anglais comme en français.» Des recherches effectuées par l’association ont montré qu’Abdoullah a de la famille à la Caverne à Vacoas. 

«Nous voulons lui donner un cadeau de Noël. Celui de rentrer auprès de sa famille. Mais avant qu’il ne parte, nous allons lui faire passer des examens médicaux et prendre soin de lui. Pour le moment, nous avons retracé son extrait de naissance. Tous ses papiers se sont volatilisés en même temps que son épouse.»