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À l’exception du scrutin de 1976, il a toujours été question d’alliance électorale
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À l’exception du scrutin de 1976, il a toujours été question d’alliance électorale

Depuis les élections générales de 1967 – à quelques mois de l’accession du pays à l’Indépendance – toutes les consultations populaires à Maurice ont été marquées par le jeu des alliances entre différents partis, sauf la joute de 1976. Avant 1967, à l’initiative du pouvoir colonial, quelques gouvernements regroupant des partis hostiles avaient été formés.
C’est à l’initiative d’Anerood Jugnauth, en 1963, que revient le premier «arrangement» marquant entre partis dans le but de battre un adversaire commun. En effet, candidat de l’Independent Forward Bloc (IFB) de Sookdeo Bissoondoyal, dans la circonscription de Rivière-du-Rempart (le pays en comptait alors 40), Anerood Jugnauth sollicita l’aide du Parti mauricien (précurseur du PMSD) par le biais de son ami Ajum Dahal. Bien que nettement minoritaire dans les régions rurales, le Parti mauricien y disposait quand même d’un certain nombre de partisans. Anerood Jugnauth battit son géant d’adversaire travailliste, Aunauth Beejadhur, 2 733 votes contre 2 235. Il est plus que probable que le mot d’ordre donné par le Parti Mauricien fut suivi par les partisans.
L’événement majeur en termes d’alliance se produisit à par- tir de 1966 quand l’IFB de Bissoondoyal devint plus accommodant envers le Parti travailliste. Sookdeo Bissoondoyal avait jusqu’ici affiché une hostilité personnelle à peine cachée envers le leader rouge, Seewoosagur Ramgoolam. Le PMSD sous l’impulsion de Gaëtan Duval devint une menace certaine pour l’électorat traditionnel des régions rurales. Une composante soutenant majoritairement le Parti travailliste mais où l’IFB était aussi très influent au point de faire élire ses candidats aux dépens des Rouges. Une alliance entre l’IFB et le Labour devint inévitable. Puisque Ramgoolam était déjà allié au Comité d’action musulman d’Abdool Razack Mohamed depuis 1959, les trois leaders constituèrent le Parti de l’Indépendance qui remporta les élections de 1967 face au PMSD qui reçut pas moins de 44 % des voix. Cette synergie résultant de l’alliance des trois partis permit aussi au camp pro-indépendance d’enlever les circonscriptions nos4, 5 et 16, ce qui lui donna une majorité nette de sièges. Une fois l’Indépendance acquise, d’autres forces se mirent à l’œuvre, ce qui amena le PMSD à se joindre au gouvernement dirigé par sir Seewoosagur Ramgoolam. L’IFB se retira alors du gouvernement.
L’arrangement entre les leaders rouge et bleu dura de 1969 à 1973 et ne fut pas mis à l’épreuve aux élections de 1976. Au fait, 1976 devait voir des élections sans alliance. Le Parti travailliste/CAM, le PMSD, le MMM et l’IFB présentèrent chacun des candidats. On a par la suite spéculé sur le verdict qu’on aurait obtenu s’il y avait eu alliance entre Ramgoolam et Duval et entre le MMM et l’IFB. Il est fort possible que le MMM qui avait grandement profité des divisions chez ses adversaires aurait remporté moins de sièges. Il est tout aussi plausible qu’une alliance entre le MMM et l’IFB aurait changé la donne dans les villages.
Après 1976, une alliance entre les Rouges et les Bleus forma le gouvernement mais ce ne fut pas un mandat de tout repos pour SSR. Des dissidents travail- listes menés par Harish Boodhoo avaient formé une alliance avec le MMM. Compte tenu du système électoral du pays, l’apport de ces rebelles travaillistes fut déterminant aux élections de 1982, au point que le pays connut son premier 60-0 de l’histoire. Mais conclue sur du sable mouvant, cette alliance ne survécut pas neuf mois au pouvoir.
Par la suite, il se produisit un nouvel alignement des forces. Paul Bérenger devint le personnage principal sur le plan politique. Le pays se vit offrir deux choix : plébisciter le leader du MMM comme le futur Premier ministre ou barrer la route – coûte que coûte – à l’accession au poste suprême de quelqu’un issu d’une autre couche de la population. Tout le monde – Jugnauth, Boodhoo, les Travaillistes, le PMSD – se ligua contre le MMM qui, aux élections de 1983, fut battu dans toutes les circonscriptions rurales et dans certaines villes.
Les élections de 1987 furent encore une fois remportées par l’alliance bleu-blanc-rouge. Mais changement de décor en 1991 : le MSM est maintenant en alliance avec le MMM et la victoire est sans appel, 57-3.
Formule d’alliance radicalement différente en 1995. Le MMM est maintenant l’allié du Parti travailliste dirigé par le néophyte Navin Ramgoolam. Victoire comme en 1982 : 60-0 l Mais en 2000, renversement de situation avec une nouvelle alliance entre le MSM et le MMM. La synergie entre les deux électorats va payer. Cependant, entre 2000 et 2005, devait se produire encore une fois une polarisation autour de la per- sonnalité Paul Bérenger. Navin Ramgoolam avec le soutien de Xavier Duval devait exploiter la situation en sa faveur et il parvint à battre les deux géants qu’étaient le MMM et le MSM.
Après 2005, le MSM resta groggy mais le MMM devint menaçant, surtout avec des manœuvres visant à requinquer le MSM en le plaçant sous le leadership d’Ashock Jugnauth. Navin Ramgoolam bougea ses pions, amadoua Anerood Jugnauth au Réduit en lui donnant un nouveau mandat, assura l’élection de Pravind Jugnauth à la partielle au no 8 et évidemment, pour les élections de 2010, constitua une alliance à trois avec le MSM et le toujours fidèle PMSD. Navin Ramgoolam remporta ainsi une confortable victoire. Mais aux élections de 2014, en montant une campagne diabolisant à la fois Navin Ramgoolam et Paul Bérenger et en s’assurant du soutien du PMSD et des dissidents du MMM, la famille Jugnauth remporta une victoire sans appel. l Bis repetita en 2019. Sans le soutien du PMSD cette foisci mais profitant de la dispersion des votes de l’opposition, le MSM remporta les élections. Seuls les procès en Cour suprême diront si le MSM a pu gagner avec 37 % des voix ou s’il y a eu des mains, des règles et des algorithmes de computer rooms comme alliés électoraux.
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