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Conditions d’emploi: ces travailleurs étrangers transportés comme du «vulgaire bétail»

8 novembre 2020, 06:00

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Conditions d’emploi: ces travailleurs étrangers transportés comme du «vulgaire bétail»

Ils ont souvent été victimes de toute sorte d’abus. Si de véritables drames peuvent souvent se jouer sur des chantiers, jeudi 5 novembre, c’est à Pailles, que quatre travailleurs étrangers, des Bangladais, ont perdu la vie dans un accident de la route. Relançant, par la même occasion, la manière dont ils sont véhiculés au quotidien. Comme du vulgaire bétail, diront plusieurs… 

D’ailleurs, le syndicaliste Reeaz Chuttoo l’a fait ressortir, lors de sa visite à l’hôpital Jeetoo. «Une catastrophe de cette envergure était attendue, tôt ou tard. Car, il reste inenvisageable que chaque jour, un bus transporte quelque 78 personnes.» 

Pour le syndicaliste, il est urgent que le ministère du Travail soit une «One Stop Shop» pour les travailleurs étrangers, afin que chacun assume son rôle pleinement. «Si le bus avait respecté le nombre de passagers, y aurait-il eu un si lourd bilan ?» se demande-t-il. Outre les quatre morts, 64 autres personnes ont été blessées. 

L’express s’est rendu, tôt vendredi matin, à proximité de quelques usines, sises à Riche-Terre, pour faire un constat de visu. 

Chaque jour, ces employées d’une usine à Riche-Terre sont déposées à leur travail,
aux alentours de 6 heures, par des contract buses.

Des femmes en camion 

Il est 6 heures. Le soleil commence timidement à pointer le bout de son nez. Mais les choses s’activent à l’entrée de l’une des usines. Ici, les travailleurs étrangers, la plupart des femmes bangladaises, sont véhiculés par des contract buses. À première vue, aucun problème, il semblerait que cette fois le nombre de passagers ait été respecté. 

Nous avons tenté de parler aux employées avant qu’elles ne débutent leur service, au sujet de l’accident à Pailles et quant aux problèmes d’autobus surchargés. Elles ont été nombreuses à soutenir n’avoir rien entendu à ce sujet. «Nous n’avons aucun problème, nous sommes toujours assises dans le bus, personne ne se retrouve debout. C’est pareil pour le trajet du retour au dortoir dans l’après-midi.» 

Mais, avant de débuter leur service, certaines avoueront : «Nous avons des amies femmes dans le Nord qui elles voyagent par camion…» 

D’ailleurs, il y a aussi cette scène, qui a marqué les esprits le jour du drame à l’hôpital Jeetoo. Dans l’après-midi, deux camions blindés sont venus récupérer quelques-uns des rescapés ainsi que d’autres Bangladais venus en soutien. 

Ce serait, selon des témoignages recueillis sur place, le seul moyen de transport auquel la plupart d’entre eux sont habitués, tout au long de leur séjour à Maurice. «Dan samem camion zot voyazé zot…», explique un Mauricien venu les chercher avant de faire semblant de se soucier d’eux. «Korek la beta ?» 

D’ailleurs, quelques-uns parmi ces travailleurs étrangers n’ont pas manqué d’attirer l’attention de notre photographe sur le piteux état des bancs aménagés dans ce caisson. Pour les rehausser, des parpaings ont été utilisés. 

Que dit la loi ? La Road Traffic Act stipule que pour tout passager excédentaire dans un transport public, le montant de l’amende est de Rs 1 000.

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