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Un an après les législatives: «Soy lor soy» pour le pouvoir
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Un an après les législatives: «Soy lor soy» pour le pouvoir

Le 12 novembre, cela fera exactement un an depuis la prestation de serment des 24 membres du conseil des ministres dirigé légitimement cette fois-ci par Pravind Jugnauth après le scrutin du 7 novembre 2019. Une année marquée par une flopée de scandales et des crises en tout genre dont une catastrophe écologique qui aurait pu être évitée et qui a attiré l’attention internationale sur le pays.
Pétitions électorales
Le 8 novembre 2019, l’Alliance Morisien dirigée par Pravind Jugnauth a remporté les élections générales tenues la veille en raflant 38 des 62 sièges de députés élus directement. L’Alliance Nationale et le Mouvement militant mauricien ont quant à eux obtenu 22 sièges et l’Organisation du peuple rodriguais, deux.
Par la suite, l’Alliance Morisien a vu quatre de ses candidats battus (dont trois, Anwar Husnoo, Fazila Jeewa-Daureeawoo et Stephane Toussaint sont ministres, depuis) faire leur entrée à l’Assemblée nationale grâce au Best Loser, un système permettant de rééquilibrer la répartition des sièges entre les quatre «groupes ethniques» désignés dans la Constitution du pays.
Quatre autres sièges ont été attribués toujours par le biais du Best loser à l’opposition. Sauf que les résultats au scrutin du 7 novembre 2019 sont restés en travers de la gorge de certains candidats – dont l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam, candidat battu pour deux élections générales de suite, dans certaines circonscriptions.
Le 28 novembre, deux semaines après la composition du Cabinet de Pravind Jugnauth, une série de pétitions des trois partis de l’opposition est entrée en Cour suprême pour demander l’invalidation des résultats ou un nouveau décompte de voix dans neuf circonscriptions. Presque un an après, la justice n’a toujours pas statué.
De l’eau 24/7, même pas un mirage
Depuis décembre 2014, le gouvernement dirigé majoritairement par le MSM a promis une fourniture d’eau 24/7 ou ne serait-ce qu’une amélioration de la distribution, un meilleur traitement d’eau potable, une réduction des fuites et une augmentation de la capacité du stockage d’eau dans nos réservoirs. Six ans après, même en rempilant avec un nouveau mandat, plusieurs parties de l’île sont toujours cruellement privées d’eau. Cela, en dépit du remplacement de tuyaux à coups de milliards de roupies à plusieurs endroits, du prélèvement ou de la visite ministérielle du site de construction du barrage de Rivière-des-Anguilles, un projet annoncé depuis plus de quinze ans mais toujours pas concrétisé.
Covid-19, Wage Assistance Scheme, licenciements...
Crise sanitaire, crise économique, crise écologique, crise politique et crise sociale... 2020 a été l’année de quasiment toutes les crises pour le gouvernement de Pravind Jugnauth.
D’abord, il a vu comme le reste du monde s’abattre la pandémie du Covid-19 sur le pays. Fermeture des frontières à la mi-mars et ce, pendant six mois, confinement, couvre-feu sanitaire, tous les ingrédients étaient réunis pour une paralysie économique. Durant cette période, le pays a commencé à assister à des licenciements dans pratiquement tous les secteurs de l’économie malgré des amendements à la Workers’ Rights Act censés régir les droits des travailleurs contre toutes sortes d’abus du patronat qui continue de profiter du Work Assistance Scheme, un des plans d’aide introduits par le gouvernement pour soulager au plus fort de la pandémie des entreprises.
Des petits et moyens entrepreneurs entre autres travailleurs à leur compte ont également pu bénéficier d’un soutien financier.
Air Mauritius plombée dans l’aile
La mise sous administration de la compagnie aérienne nationale le 22 avril en pleine pandémie du Covid-19 a eu l’effet d’une bombe. Cela même si la chute d’Air Mauritius (MK) était prévisible depuis un moment à force de mauvaises gestions ou de décisions comme l’achat de nouveaux avions et de copinage institutionnalisé. Depuis, révision extrême des conditions de travail du personnel, licenciements, départs forcés à la retraite anticipée, au moins 50 % de baisse de salaire, l’obligation de prendre des congés sans solde, le rêve de travailler pour MK est aujourd’hui un cauchemar éveillé pour des employés de carrière.
Acquisitions médicales controversies
Toujours en pleine pandémie du Covid-19, alors que toutes les attentions sont braquées sur les victimes (le pays en compte dix) et aussi les héros qui sont au front dans ce combat sanitaire, des acquisitions d’équipements et de produits médicaux se font en catimini.
À l’Assemblée nationale, des députés de l’opposition ont permis de découvrir que des bijoutiers, quincailliers et proches du pouvoir ont été retenus comme fournisseurs de ces équipements médicaux par le ministère de la Santé et celui du Commerce. L’affaire dénoncée à l’ICAC a vu l’arrestation sous une charge provisoire de blanchiment d’argent de Bissoon Mungroo, directeur de Gitanjali Co. Ltd et Mungroo & Sons Ltd qui est connu pour sa proximité avec sir Anerood Jugnauth, l’ancien footballeur Deepak Bonomally de Bo Digital et Hari Kistnah Jagannada Reddi de la bijouterie Red Jewels.
Le no 2 du gouvernement Ivan Collendavelloo révoqué
Juin 2020, le no 2 du gouvernment, le Premier ministre adjoint et ministre des Services publics est révoqué comme ministre par le Premier ministre. L’avocat politicien est cité dans un rapport d’enquête de la Banque africaine de développement (BAD) qui révèle notamment le paiement allégué de pots-de-vin à des politiciens dans le cadre du projet de réaménagement de la centrale électrique de St-Louis à Plaine-Lauzun Selon Pravind Jugnauth et Ivan Collendavelloo, le nom du leader du Mouvement militant mauricien, Paul Bérenger, est également cité dans le rapport de la BAD.
«Wakashio», crise écologique, «Sir Gaëtan»
Juillet et août. Double naufrage dans les eaux mauriciennes. D’abord, celui du vraquier japonais le MV Wakashio au large de Pointe-d’Esny qui a attiré tous les regards sur l’île Maurice après le déversement de 1 000 tonnes de fioul dans le lagon du Sud-Est, créant ainsi la première catastrophe écologique de cette envergure que le pays n’a jamais connue mais surtout privant des gens de la mer de leur gagne-pain quotidien.
Une catastrophe écologique qui aurait pu être évitée si des décisions adéquates avaient été prises et à temps mais, qui au passage et nous ne cesserons de le rappeler, a mis en avant un élan de solidarité citoyenne exemplaire.
Comme si la catastrophe du Wakashio ne suffisait pas, le naufrage du remorqueur Sir Gaëtan appartenant à la Mauritius Ports Authority au large de Poudre-d’Or a fait un lourd bilan. Trois morts, un disparu et quatre rescapés. Le remorqueur avait été dépêché sur le site du naufrage du vraquier japonais malgré une mer déchaînée.
Angus Road : l’enquête de l’ICAC sur le PM
Le chef du gouvernement fait l’objet depuis neuf ans d’une enquête de l’Independent Commission Against Corruption dans l’affaire Angus Road où il est question de l’achat en 2007 et 2008 de terrains autour de la résidence du PM de Bel-Air Sugar Estate. C’est Pravind Jugnauth lui meme qui l’a affirmé au Parlement à une Private Notice Question de Boolell. La controverse serait le paiement de Rs 20 millions effectué par l’homme d’affaires Alan Govinden à la place du couple Jugnauth.
Pension à Rs 9 000 mais…
1er décembre 2019. Une première promesse électorale de l’Alliance Morisien est concrétisée. Les retraités voient leur pension mensuelle passer de Rs 6 210 à Rs 9 000. Ce qui leur a alors fait un total de Rs 18 000 en comptant le paiement du boni de fin d’année.
Des bénéficiaires d’autres pensions de l’Etat ont également vu une augmentation de leur montant. Toutefois, en raison des conséquences désastreuses du Covid-19 sur l’économie, le gouvernement a fait savoir qu’il ne pourra pas honorer cette promesse électorale dans son intégralité. Celle-ci prévoyait une pension de retraite jusqu’à Rs 13 500 durant l’actuel mandat.
2 000 emplois créés à Landscope
Le Premier ministre Pravind Jugnauth a annoncé la création de 2 000 emplois à Landscope Mauritius Ltd lors d’une entrevue à la Mauritius Broadcasting Corporation, vendredi, dans le cadre du premier anniversaire du gouvernement au pouvoir. Il a aussi parlé d’un nouveau plan de formation et d’emploi pour 22 000 personnes, d’un plan pour créer 11 000 nouveaux emplois au sein des petites et moyennes entreprises où les salariés toucheront Rs 10 200 par mois. Le ministre des Finances et celui du Travail présenteront bientôt le plan détaillé.
Métro, autopont
En un an au pouvoir le gouvernement a aussi lancé la deuxième phase du Metro Express pour relier Quatre-Bornes à Port-Louis. D’autres travaux routiers se poursuivent à Pont Fer, Phoenix et Coromandel-Sorèze.
Maurice, Covid-Safe mais pas Covid-free
Le pays n’a pas enregistré de cas de contamination locale du virus depuis le 26 avril. Cependant, des cas importés continuent d’arriver au pays. D’où le protocole sanitaire strict dont la quatorzaine obligatoire pour ceux foulant le sol mauricien. Au 4 novembre, le pays enregistrait 452 cas dont 26 actifs, dix décès et 416 personnes guéries.
«Bour li deor»... des milliers de Mauriciens dans la rue
Entre tout ça, le pays a assisté à trois mobilisations conséquentes réunissant des milliers de citoyens dans les rues de la capitale et celles de Mahébourg les 11 juillet, 29 août et 12 septembre. Des citoyens munis du quadricolore et de pancartes ont exprimé leur ras le bol des mauvaises gestions et décisions du gouvernement. Des slogans comme «Bour li deor», «Pravind tonn fote», «Morisien pa kouyon», «Anou refer Moris, Enough is enough», «Gouvernman lev pake», «Prav-20 Out», «Soudire out», «Kot monn fote?» ont déferlé ces jours-là.
Liste noire de l’Union européenne
Les efforts des autorités n’auraient servi à rien. Le pays est officiellement inscrit sur la liste noire des centres financiers aux côtés des Bahamas, de la Barbade, du Botswana, du Cambodge, du Ghana, de la Jamaïque, de la Mongolie, du Myanmar/de la Birmanie, du Nicaragua, du Panama et du Zimbabwe.
Squatteurs
La première année du gouvernement a aussi été marquée par la démolition de 161 structures illégales érigées par des squatteurs à Pointe-aux-Sables, Malherbes à Curepipe, African Town à Riambel, Bras-d’Eau et au Morne. Cela, aussitôt la levée du confinement. Des familles dont celles avec des enfants en bas âge dorment, depuis sous des tentes à Pointe-aux-Sables et à Riambel.
Business Mauritius : un bilan marqué par l’impact économique du confinement
Le CEO de Business Mauritius, Kevin Ramkaloan, se demande si l’on peut parler de bilan économique dans une année marquée par la pandémie du Covid-19, qui est venue mettre à genoux l’économie mondiale et assombrir les perspectives économiques à court et moyen termes. «Les opérateurs économiques subissent toujours l’effet des trois mois de confinement et de l’arrêt des activités dans le pays. Cela a été une année difficile avec une pression sur la trésorerie des entreprises dans presque tous les secteurs économiques.» S’il reconnaît qu’il y a eu de nombreuses mesures de soutien du gouvernement et des institutions financières pour aider les opérateurs à passer ce cap difficile et éviter des licenciements massifs, en revanche, il ne comprend pas la pertinence de l’introduction de la Contribution sociale généralisée qui viendra alourdir les charges des entreprises déjà fragilisées financièrement et fortement endettées.
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