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Contestation: la nomination de Ton Rolo au Medical Council ne fait pas rire

13 novembre 2020, 16:00

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Contestation: la nomination de Ton Rolo au Medical Council ne fait pas rire

La nouvelle composition du Medical Council pour la période 2019-2021 a certes été publiée dans la Government Gazette du 14 juillet. Mais une nomination en particulier ne fait pas l’unanimité. Elle est loin de faire rire ceux qui ont approché notre rédaction, même s’ils n’hésitent pas à ironiser en faisant référence à H, feuilleton parodique du monde hospitalier, qui avait permis de révéler au grand public Jamel Debbouze, Eric Judor et Ramzy Bedia, des superstars en devenir de la scène comique française des années 2000. 

La nomination tant décriée est celle d’Arno Santio Calou, plus connu comme Ton Rolo. Cet ancien animateur d’émissions humoristiques à Radio Plus fait partie des cinq membres nommés par le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, lui-même ancien président de l’Ordre des médecins. Cinq membres qui ne sont pas des médecins. Les détracteurs de Ton Rolo ne manquent pas de rappeler le rôle que l’habitant de Britannia, dans la même circonscription où ont été élus le ministre Jagutpal, son collègue des Finances, Renganaden Padayachy, et le secrétaire parlementaire privé Ismael Rawoo, a joué durant la dernière campagne électorale. 

«Il était aussi à l'avant-plan lors des animations à travers le pays pour les Jeux des îles de l’océan Indien. Il n’est jamais très loin lorsqu’il s’agit d’animer des événements organisés par le gouvernement. D’ailleurs, des animations à venir des entités gouvernementales pour la période festive lui seront confiées. Il agirait également comme consultant pour la Mauritius Film Development Corporation lorsque celle-ci travaille sur des petits projets de film», font ressortir ces voix qui ont tenu au respect de leur anonymat. 

Celles-ci trouvent surtout difficile à digérer le fait que Ton Rolo «s’assoit aujourd’hui sur un conseil qui tranche sur les cas de négligence médicale, entre autres, alors qu’il ne possède aucune connaissance du domaine médical ou du milieu des médecins». Comme mentionné sur son site Internet, l’Ordre des médecins est notamment mandaté pour enquêter sur des allégations de négligence médicale, fautes professionnelles ou violations du code de pratique. 

Joint au téléphone, Ton Rolo se défend. «J’ai travaillé 15 ans à Radio Plus au cours desquels j’ai traité des dossiers concernant des médecins et des problèmes dans les hôpitaux. Ma contribution au Medical Council est donc en tant que membre du public.» D’ailleurs, il confie avoir déjà siégé à trois réunions du conseil et qu’il fait partie d’un sous-comité qui traite exclusivement des plaintes contre des médecins ou dans des hôpitaux. Pour celui qui confirme avoir «aidé» l’alliance au pouvoir durant la dernière campagne électorale, cette nomination n’est pas une récompense pour services rendus. «Si je dois accepter une récompense de Rs 1 000 à chaque fois que je siège au Medical Council, autant que j’arrête de faire campagne», rétorque Ton Rolo. 

«Je vis des animations…» 

Quid des animations que lui confie le gouvernement ? «Depuis les dernières législatives, j’ai fait quatre animations pour le gouvernement sans passer par le ministre mais plutôt par des fonctionnaires responsables du dossier et qui me connaissent. Est-ce que je n’ai pas le droit d’être animateur ?» Il ajoute que pour la fin de l’année, il n’y a, à son agenda, que la prestation de sa fille qui interprétera un slam qu’elle a composé pour une campagne de sensibilisation sur la sécurité routière. 

«Par contre, je vis des animations que je fais dans des mariages hindous. J’ai une cinquantaine de réservations, dont une bonne trentaine viennent d'agents du Parti mauricien social-démocrate et du Parti travailliste.» Il conclut que son autre gagne-pain est la confection de meubles artisanaux à partir de palettes, qu’il commercialise sur les réseaux sociaux et «qu’on ne retrouve pas dans les bureaux du gouvernement». 

Quoi qu’il en soit, les faits et gestes de Ton Rolo, entre autres agents politiques de la majorité du n°13 (Rivière-des-Anguilles– Souillac), n’échappent pas aux radars des lanceurs d’alerte qui nous ont approchés. Après l’ex-policier devenu membre du conseil d’administration de la SBM Bank (Mauritius) Ltd, l’activiste politique devenu président de deux entités gérant les biens de l’État ou encore le Campaign Manager siégeant sur le conseil d’administration de Landscope, la liste de ceux qui se voient récompensés pour services rendus au n°13 s’allonge avec Ton Rolo, rappellent-ils.

 

 

Ces autres nominés politiques

<p>Le <em>Medical Council</em> est composé de 22 membres. Cinq sont nommés par le ministre. Hormis Ton Rolo, les autres nominés politiques au&nbsp;conseil d&rsquo;administration sont : Mahomed Reshad Monaff, également du n&deg;13, Kaveeraj Ramphul, Anand Pultoo et Samy Uckiah.&nbsp;</p>

<p>Le reste du conseil comprend 14 médecins agréés élus par leurs pairs:&nbsp;huit (quatre&nbsp;généralistes et quatre spécialistes)&nbsp;du secteur public et les six autres,&nbsp;trois&nbsp;généralistes et trois spécialistes, viennent&nbsp;du privé.&nbsp;</p>

<p>Les autres membres du conseil d&rsquo;administration&nbsp;représentent des ministères. Ils sont : Sivalingum Ramen, généraliste et directeur de la Santé au ministère;&nbsp;Premode Neerunjun, du bureau du Premier ministre;&nbsp;et Dinay Reetoo, <em>Principal State Counsel</em> et représentant du bureau de l&rsquo;<em>Attorney General.&nbsp;</em></p>

<p>Selon la Gazette du gouvernement du 14 juillet, les généralistes élus du secteur public sont : les Drs Shyam Nundun Singh Purmessur (le président), Govinden Ayassamy, Geerish Veekram Deepchand et Komalprasad Chunnoo.&nbsp;</p>

<p>Les spécialistes élus du secteur public sont, quant à eux, les cardiologues Oomesh Shamloll et Rajnishlall Chooromoney, le neurologue Harish Reesaul et le psychiatre Arye Jagessur. Les généralistes élus du secteur privé sont : Veenoo Basant Rai, Joseph Tadebois et Dev Chummun, alors que les spécialistes, toujours du privé, sont représentés par le psychiatre Rajnath Aumeer, le cardiologue Sunil Gourisunkur et le gynécologue obstrétricien Meiyanum Shumoogum Murday.</p>

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