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La morgue bien réglementée - Dr Gungadin: «Le médecin réfère un cas au légiste s’il soupçonne un ‘foul play’»
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La morgue bien réglementée - Dr Gungadin: «Le médecin réfère un cas au légiste s’il soupçonne un ‘foul play’»

Après le meurtre du petit Ayaan Ramdoo, 2 ans, de nombreuses questions trottent dans la tête des Mauriciens. Qui est responsable ? Qui a failli à sa tâche ? Le médecin de service à l’hôpital Nehru a-t-il omis de signaler que c’était un cas suspect ? Le caporal Moontaj Ally Emambocus ? La doctoresse Nesha Soobug ? Seule l’enquête policière pourra y répondre.
Nous allons plus loin dans ces interrogations. Y aurait-il des soupçons d’un trafic d’actes de décès où des cadavres qui quittent la morgue sans être autopsiés ? Un préposé du ministère de la Santé dément tout trafic mais il explique que plusieurs cadavres non réclamés restent dans les hôpitaux de puis des lustres. «C’est bien réglementé au niveau de la morgue quand il y a des cadavres. C’est absurde de fabuler à la suite d’un triste événement qui a eu lieu dans des circonstances non encore éclaircies. Une enquête policière situera les responsabilités. Au ministère, une équipe a travaillé avec la police sur des cadavres non réclamés. Un travail minutieux a commencé récemment et nous av ns pu retracer les familles. Le plus souvent ce sont des cas de sans domicile fixe; on va sur le terrain rechercher la famille pour lui livrer le cadavre. On ne peut pas à notre niveau remettre le cadavre sans une raison légale. Chaque morgue d’hôpital a un registre officiel avec le nombre de cadavres; et les corps ne risquent donc pas de disparaître.»
Nous avons sollicité le Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du service médicolégal; il nous explique la raison d’une autopsie. «C’est un acte médical diagnostic réalisé à la suite d’un décès dont les causes ou circonstances ne sont pas précisément connues. Les techniques sont : la dissection, l’observation du corps et des organes. Divers prélèvements et examens supplémentaires font l’objet d’analyses spécialisées.»
Il ajoute qu’il y a deux types d’autopsie. «L’autopsie médicale encadrée par le code de la santé publique qui implique un patient ayant traîné une longue maladie et qui est mort. La famille ou le médecin traitant peut demander une autopsie pour connaître la cause de la mort. C’est avec le consentement de la famille, que des pathologistes de l’hôpital spécialisés font des prélèvements sur le cadavre. Par la suite, un rapport de l’autopsie est délivré à la famille.»
Le deuxième type d’autopsie est médico-légale, donc encadrée par le code de procédure pénale. «C’est une enquête pour situer la cause exacte suivant un décès suspect ou inattendu. Le service de police responsable de l’enquête a besoin de l’aval du magistrat pour réaliser ce type d’autopsie. Ensuite, nous avons le devoir d’envoyer le rapport au magistrat.»
Le Dr Gungadin nous avoue qu’à Maurice il n’existe pas de service spécial pour l’autopsie médicale. «Le département médicolégal a la lourde tâche de procéder aux deux types d’autopsie. Quand une personne est déclarée morte aux urgences (casualty) d’un hôpital, le médecin ne prendra aucun risque pour délivrer un certificat de cause de décès ; il va référer le corps immédiatement au Police Medical Officer (PMO - médecin-légiste). Une enquête policière commence alors et une autopsie est effectuée. C’est la police qui informe la famille de la cause du décès. Avant de soumettre un cas à la police, le corps doit être examiné par le médecin qui doit signaler tout signe anormal, comme des blessures ou toute autre pathologie évidente, et la raison de sa demande d’une autopsie médico-légale. C’est une façon pour lui de se protéger. C’est une pratique courante à Maurice.»
Le médecin de l’hôpital est-il un personnage clé dans le cas d’Ayaan ?
Le médecin de service à l’hôpital Nehru, qui a rédigé le rapport médical, a-t-il failli à sa tâche dans son examen du corps d’Ayaan Ramdoo? Cette question est sur toutes les lèvres. Un préposé du domaine médical, que nous avons sollicité, explique que ce médecin n’a trouvé qu’une blessure à la jambe du petit. «Avec ses compétences, dans son rapport, il a référé l’affaire au PMO par routine sans spécifier s’il a trouvé quelque chose de suspect et s’il pense à un acte malveillant. La doctoresse a aussi dit qu’elle n’a trouvé qu’une blessure sur l’enfant. Si le policier avait vu sur le (casualty card) que le cas était suspect, le scénario aurait été différent et le policier n’aurait pas recherché un médecin du privé.» Nous avons sollicité une déclaration du ministère de la Santé et un préposé nous a donné des explications par rapport au rôle du médecin. «S’il a référé le cas au PMO pour l’autopsie d’Ayaan Ramdoo, c’est qu’il a trouvé que quelque chose clochait avec ce cas. S’il voit une ecchymose et demande aux parents qui lui répondent que l’enfant est tombé. Il n’a pas l’expertise pour dire ce qui aurait pu causer cette ecchymose. Seul un rapport post-mortem pourra confirmer les causes exactes.»
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