Des images déterminantes des caméras CCTV Safe City auraient-elles été délibérément effacées ? Cela afin de ne laisser aucune trace des derniers déplacements de Sooparamanien Kistnen ? C’est ce que se demande l’avocat de la famille du défunt, M^e Rama Valayden, qui a souligné, à l’audience d’hier, que ces données pourraient avoir été stockées par Mauritius Telecom (MT) et effacées. Des images d’une caméra «opérationnelle» de Safe City dans la région de Palma–Beaux-Songes seraient introuvables. Encore une raison pour laquelle ce projet de la Mauritius Police Force (MPF) est sérieusement critiqué depuis le début des travaux de l’enquête judiciaire sur la mort suspecte de l'ex-agent du MSM.

Rama Valayden a fustigé le fait que MT hébergerait les vidéos de Safe City. Ce à quoi l’opérateur a réagi par un communiqué, qui réfute ces allégations. MT souligne qu’elle n’héberge aucune vidéo  de Safe City sur ses serveurs internes. Elle indique que ces données sont stockées sur le Government Online Centre et qu’aucun employé de MT n’a accès à ces vidéos.

Un projet qui ne cesse de faire des vagues

Pourquoi des images ne sont plus disponibles ? La période de 30 jours du stockage des images fait depuis débat. Même si les lois qui encadrent le stockage des données ne précisent pas un délai, dans le cas des systèmes de surveillance, la sauvegarde se fait sur 30 jours, sauf si un serveur physique ou un serveur cloud de plus forte capacité est disponible.

Rs 18 milliards sur 20 ans. C’est le coût du projet d’après une réponse du Premier ministre au Parlement le 23 avril 2019. Pour le rendre réalisable, MT a contracté un emprunt de l’Exim Bank of China, pour le financement des équipements d’un fournisseur chinois avec une garantie de l’État mauricien. La police et MT ont ainsi choisi Huawei Technologies comme fournisseur. MT a aussi conclu un accord de location avec la MPF pour 20 ans.

Le projet consiste en l’installation d’un réseau de 4 000 caméras haute définition sur 2 000 sites stratégiques à travers l’île avec une possibilité de reconnaissance faciale de 500 personnes. Cela, grâce aux Intelligent Video System (IVS) et Intelligent Traffic System (ITS). Le premier enregistre des images en mouvement jusqu’à 200 mètres et le second les infractions, voire des plaques minéralogiques, et suit le parcours des véhicules.

Il faut savoir qu’un Command Control Centre opère à Ébène, avec sept Sub-command Centres, qui permettent de surveiller des images ou de traiter des affaires en local, soit dans les diverses divisions de la police. Pour les besoins du projet, 4 500 terminaux mobiles 4G-LTE et 500 eLTE terminaux radio avec la possibilité d’envoyer des images en direct au Command Control Centre, ont été commandés.

Cela fait deux ans que les caméras auraient toutes dû être activées. Elles ont fait leurs preuves dans plusieurs régions où elles sont opérationnelles, en permettant l’identification et l’arrestation de nombreux criminels, selon la police.

À août dernier, 2 761 caméras IVS avaient été installées sur 429 sites à travers le pays et 140 caméras ITS sur 68 sites le long des autoroutes et des routes principales. D’ailleurs, 101 délits avaient été élucidés depuis l’entrée en opération des caméras jusqu’à août.