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Michael Allet: «Rodrigues est le paradis du trail»
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Michael Allet: «Rodrigues est le paradis du trail»

Son grand-père paternel et son père y avaient travaillé dans le passé. Comme si tout prédestinait Michael Allet, né à Maurice, à trouver en Rodrigues sa terre d’adoption. Il y a rencontré l’amour mais aussi une passion pour la nature et les sentiers grâce au football et aux déplacements lors des tournois et surtout grâce au trail.
S’il découvre l’effort vert à Maurice, il le poursuivra à Rodrigues dont il arpente les sentiers depuis quatre ans. Au point d’être devenu le concepteur des tracés qu’il concocte avec des détours enthousiasmants par l’Histoire et la culture.
Vous êtes vice-président de la Rod-Trail Association et l’un de ceux qui connaissent le mieux l’île Rodrigues à tel point que vous dessinez mieux que personne les tracés de nombreux trails. Et pourtant vous venez de l’île Maurice. Comment est née cette histoire d’amour entre l’île Rodrigues et vous ?
L’amour entre Rodrigues – mon île de cœur – et moi commence avant même ma naissance : mon grand-père paternel Serge était venu travailler à Rodrigues comme infirmier en chef vers la fin des années 50, mon père Herbert – alors employé du CEB – en a fait de même dans les années 90 et je m’y suis installé pour de bon.
D’où êtes-vous originaire à l’île Maurice ?
Si je suis né à Rose-Hill, à la clinique Bon Pasteur, j’ai toujours vécu à Quatre-Bornes, jusqu’à mon arrivée à Rodrigues.
De quoi était faite votre existence à Maurice ? Quels ont été votre scolarité et votre parcours ?
Enfant très éveillé, j’ai intégré l’école maternelle à un an et demi. Par la suite, j’ai fréquenté l’école du gouvernement de Rémy Ollier B, puis j’ai intégré la Saint Andrew’s School. Puis, suivant mes parents à Rodrigues, je deviens élève du Rodrigues College. Grand passionné de lecture – virus transmis par mon père – et par extension de littérature française et aussi de français, c’est tout naturellement que je me lance dans des études supérieures, un BA Honours French à l’Université de Maurice. Par la suite, pour les besoins professionnels, j’ai obtenu le PGCE du MIE.
Vous tournez-vous naturellement vers le professorat ?
Après mes études, je me lance dans le journalisme, mais j’ai dans un coin de la tête mon stage dans le secondaire – fait durant mes études supérieures. D’ailleurs, dès mon enfance, alors que beaucoup d’enfants veulent embrasser la carrière de leurs parents, je voulais devenir enseignant.
J’idolâtrais mes enseignants : Mme Hossenbacus, pour le primaire, M. Leste – mon enseignant de français au Saint Andrew’s – et M. Lélio Roussety – mon enseignant de français en Form 6. Il m’enseignait aussi la littérature française et accessoirement, il a été mon mentor. Le Dr Gérard Franchin m’a aussi laissé une trace indélébile à la fac. Et enfin, malgré mes années d’expérience professionnelle, au moment où je le rencontre, le Professeur Vele Putchay, du MIE – que je connaissais à travers ses écrits – s’est tout naturellement montré en modèle et mentor.
Etiez-vous déjà un sportif ? Aviez-vous des affinités avec certains sports ?
Le foot a toujours été ma passion. J’ai toujours baigné dans le monde du sport. Ma mère Françoise a été une athlète émérite au collège et d’ailleurs, ma sœur Danielle avait suivi ses pas, en étant plusieurs fois honorée lors des sports intercollèges. Je me revois encore l’accompagnant à ses entraînements d’athlétisme ou encore à ses entraînements de volleyball. Mon père pratiquait la pétanque, tout comme sa partenaire, ma maman.
Petits, ma sœur et moi les suivions partout à travers Maurice pour des parties épiques de pétanque. Ma sœur, cela va de soi, devint la partenaire de ma mère et elles furent plusieurs fois primées au niveau national. Ma mère a même été doublement médaillée à la pétanque aux Jeux des îles de l’océan Indien.
Je me suis toutefois lancé dans le foot où, malgré mon déficit physique – plutôt petit de taille –, mon intelligence et ma vision du jeu, tout comme mon toucher de ballon, faisaient une certaine différence. Joueur de rue, comme beaucoup de petits Mauriciens des années 80, j’ai participé au tournoi national au niveau primaire et secondaire.
Je dois cependant ajouter que le sport était dans notre quotidien mais à notre insu, puisqu’on marchait pour aller à l’école. Je faisais 4 km – chose que je n’ai réalisée qu’à l’âge adulte – le matin et de même l’après-midi avec mon gros sac à dos, au primaire.
Au secondaire, je pédalais au moins 10 km à l’aller comme au retour. On courait partout, surtout dans les champs de canne et avec mes amis d’enfance ou mon cousin Harry Bansropun, on allait même escalader la montagne Corps-de-Garde.
En début d’adolescence, je m’étais passionné pour la plongée en apnée et je pédalais de Quatre-Bornes jusqu’à Albion et vice versa, pour pouvoir la pratiquer. Avec les cousins et les amis, on allait souvent à la mer à Flic-en-Flac et c’était tout naturellement à vélo.
J’ai fait une petite carrière à Maurice – où j’ai beaucoup joué et gagné dans des tournois régionaux et les 7-a-side. A l’époque, ma mère me disait que j’écumais Maurice pour jouer au foot. Je misais davantage sur les études, alors que j’étais souvent sollicité et mon grand fait d’arme a été réalisé en première division à Rodrigues.
Je fus le capitaine du grand United North qui avait tout raflé sur le plan local. Par amitié, j’ai aussi joué des saisons uniques en troisième et deuxième division et à chaque fois, je me suis retrouvé champion. J’ai aussi à mon palmarès toutes les coupes locales, aussi bien la Coupe de l’Indépendance, que la Coupe de l’Autonomie.
Comme le foot a été mon premier amour, je taquine encore le ballon avec l’équipe des Vétérans du Nord – qui regroupe tous les anciens joueurs des différentes équipes du Nord. Et cerise sur le gâteau, le Rodrigues College vient de gagner le tournoi interfirmes en octobre dernier. Et cela après avoir gagné le tournoi intercollèges, il y a 18 ans.
Comment s’effectuera votre découverte de l’île Rodrigues ?
Ma découverte de Rodrigues s’est effectuée dès 1993. J’y vais – pour la première fois – pour des vacances. J’eus la chance d’avoir de bons amis qui, accessoirement, furent de bons guides. Puis, grâce au foot, j’ai eu la chance d’aller jouer sur tous les terrains de Rodrigues, et donc de visiter les lieux et ses alentours.
Quelles impressions vous laissera la plus petite des trois îles de l’archipel des Mascareignes ?
Bizarrement, au départ, ça ne colle pas vraiment. Des passages en France, couplés à mon ADN de citadin de toujours, mettent à mal mes sensations. Puis vient mon installation à Anse-aux-Anglais, où je côtoie la mer au quotidien. Comme j’aimais beaucoup nager et plonger à cette époque, cela commence à me réconcilier avec Rodrigues.
Le dicton dit : «C’est l’absence qui justifie la présence.» Et c’est vraiment le cas pour moi. Il a fallu m’éloigner pour comprendre tout ce que la Cendrillon des Mascareignes pouvait et peut m’apporter. En fait, je suis sans doute nostalgique de cette île Maurice des années 80 que je retrouve en mieux ici. La gentillesse et les bonnes manières, mais aussi un savoir-vivre.
De plus, il y a une qualité de vie. Un des slogans de l’île, c’est : «L’île où on voit passer chaque minute» et effectivement, c’est le cas, donc, c’est idéal pour y élever ses enfants. D’ailleurs, j’ai vécu plus longtemps à Rodrigues que mon épouse qui a connu, avec ses parents, cette migration de Rodrigues vers Maurice. Elle a grandi à Maurice et, heureusement pour moi, est revenue à Rodrigues. Quand on s’est marié, on s’est posé la question : «Où allait-on faire grandir nos enfants ?» Ce fut une évidence que ce serait Rodrigues.
Vous adaptez-vous facilement à votre nouvelle vie ? Comment se déroule votre intégration au sein de la société rodriguaise ?
L’intégration se passe en douceur et au mieux : professionnellement parlant, je m’épanouis dans mon métier rêvé. Dix-huit ans après, je suis arrivé en 2003, j’ai encore ce plaisir à me réveiller le matin sachant que j’irai travailler au collège. A côté, j’ai les amours de ma vie – ma petite famille – et un bon cadre de vie. Quoi rêver de mieux ?
Le sport contribuera-t-il à faciliter cette intégration, à bâtir des ponts plus facilement avec ceux et celles qui partagent le même espace que vous ?
Le foot, de par son esprit premier, un jeu d’équipe, aide beaucoup à mon intégration. Et n’étant pas un mauvais joueur, je me fais connaître…
Et puis survient la découverte du trail… En quelle année a-t-elle lieu ? Dans quelles circonstances ?
La fameuse découverte du trail… Ma découverte du trail se fait à Maurice. Pour l’anecdote, durant mes vacances, j’accompagne deux amis d’enfance, Irvin Bertin et Danilo Daurat, au Ring Trail. Ils me demandent de les accompagner pour qu’on puisse parler durant le trajet et manger ensemble après la course. Je me dis pourquoi juste les accompagner ? Autant les accompagner aussi durant la course, ça pourrait être sympa.
J’étais dans une bonne forme, puisque United North venait de disputer ses matches de MFA Cup à Maurice, étant le champion en titre, et on avait fait une très bonne préparation et de bonnes prestations. Donc, je suis dans le parking des Gorges, sans une goutte d’eau, avec mon t-shirt et mon short de foot, de même que mes chaussures de course sur route, utilisées pour ma préparation physique au foot. Les trailers qui lisent cela doivent se marrer, quand on connaît la difficulté du Ring Trail, surtout pour un novice. D’ailleurs, les visages médusés de mes amis et de certains sur la ligne de départ me disaient qu’il y avait un truc qui clochait.
Mon arrivée, plus de deux heures après, me fera comprendre pourquoi. J’avais fini la dernière descente sur le postérieur car il avait beaucoup plu la veille et mes chaussures inadaptées n’avaient pas d’accroches. Toutefois, malgré les difficultés, j’avais retrouvé cette sensation que j’avais enfant de courir dans les champs de canne et les bois jouxtant la montagne Corps-de-Garde.
Vint le moment d’arrêter le foot, le corps ne suivait plus, les genoux étaient en compote. Un mois après, j’avais beaucoup grossi et j’étais devenu très nerveux, alors qu’au naturel je suis quelqu’un de plutôt calme et serein. Je ne me reconnaissais plus.
En même temps, j’entends parler de trail ici, à travers un élève qui deviendra un ami et un compagnon d’entraînement par la suite, Bertrand Ah Soon. C’était alors de petites distances, 5 à 7 km. Je retrouve de nouveau cette sensation qui ne me quittera plus. Je connais une deuxième vie sportive et une renaissance. Le trail, au fur et à mesure, deviendra un mode de vie.
Avec Damien Allas, l’actuel président de la RTA, on commence à s’entraîner sérieusement, et de là, on commence à arpenter tout Rodrigues. Cela fait quatre ans maintenant. Le comble, c’est que quand j’étais footballeur, je détestais courir. Pour les tests physiques d’avant saison, je ne faisais que le strict minimum. Aujourd’hui, ma plus grosse distance parcourue est de 75 km : le tour de Rodrigues.
Comment est-ce que cette spécialité de la course à pied va changer votre existence ?
Le trail est devenu un mode de vie. Toutefois, courir, pour moi, c’est toujours dans la nature. Il me faut cette communion avec la nature. Après une sortie dans les sentiers, mon esprit est reposé, et s’il y avait un souci quelconque avant, je trouve souvent la solution car mon esprit a fait le tour sans que je ne m’en rende compte. La chanson «Faut que je marche» de Ben Mazué met bien en mots ce sentiment.
Cela fait combien d’années maintenant que vous arpentez les sentiers de l’île Rodrigues ?
Cela fait quatre ans maintenant.
Les connaissez-vous par cœur ?
J’aurai tendance à dire oui, mais le plaisir avec le relief rodriguais, c’est qu’on peut toujours en découvrir de nouveaux car les gens ont décidé de changer de lieu de passage, parce que la nature a repris ses droits sur le sentier utilisé jusque-là. Et c’est toujours un plaisir d’aller à la découverte de ces nouveaux sentiers.
Que vous apprendront les sentiers rodriguais ? Que vous apprennent- ils encore aujourd’hui ?
La beauté d’une île – cette sensation d’être toujours entre ciel et mer, peu importe où vous vous trouvez –, mais aussi la beauté de la vie dans toute sa simplicité, l’histoire des lieux, le respect et les valeurs des Rodriguais – quand tu croises quelqu’un dans un sentier, le bonjour arrive automatiquement, suivi d’un sourire vrai et non feint et de quelques mots sympathiques.
Cette communion avec la nature qui laisse un sentiment de bien-être dans le corps et l’esprit. Après une session de run, tu as vraiment cette impression d’avoir couru au paradis… Je ne me lasse jamais de cette vue et de la sensation que cela me laisse quand du haut de l’Union ou de Jardin Mamzel, je vois Port Mathurin et Baie-aux-Huîtres, les îlots, ce lagon et ce soleil qui y resplendit. C’est une vraie vision du paradis.
Vous aimez l’effort vert mais aussi l’histoire attachée à chaque lieu, la richesse de la découverte, les secrets enfouis dans la curiosité, dans le bon sens du terme…
Sans doute, c’est aussi dû à mes études puisque j’ai aussi étudié l’Histoire… Victor Hugo avait déclaré : «Le passé amène l’avenir.» Et cela m’a encore plus interpellé ici en voyant des traces de vie dans des lieux oubliés, et je me suis dit pourquoi ne pas allier les deux : le trail et l’histoire ? D’où ces passages dans des endroits avec un pan d’Histoire.
Quel rôle jouez-vous au sein de la Rod Trail Association ?
Je suis le vice-président mais surtout l’homme de terrain. Je monte les parcours et ensuite je repasse derrière Waro – qui s’occupe du balisage – pour vérifier qu’il n’y a eu aucun souci entre-temps, du genre, quelqu’un a eu un bail et commence sa construction là où passe le trail, ou encore, qu’une clôture a été érigée depuis mon dernier passage. Sachant que pour monter un parcours et trouver la distance adéquate, il me faut le faire trois ou quatre fois avant d’arriver à ce qui sera le trail en question. A côté, je m’occupe de monter le calendrier, les dossiers et autres lettres qu’on envoie aux éventuels sponsors, et il m’arrive aussi d’aller les rencontrer.
La semaine avant le trail, je passe la commande des médailles et les récupère la veille, vérifie leur nombre et si les catégories et autres informations dessus ont été bien écrites. Après ma course, le jour du trail, je m’occupe du Kids Trail en accompagnant mes enfants et par extension en étant balayeur pour cette course. Ainsi, ma présence physique m’assure que tout se passe bien, surtout parce qu’il s’agit d’enfants de 4 à 11 ans.
Après le Kids Trail, place à la remise des médailles, après avoir contre-vérifié les résultats. Après, alors que tous les trailers sont rentrés, j’aide l’équipe à tout ranger et il m’arrive de déposer des bénévoles chez eux, chemin faisant pour rentrer chez moi. Heureusement qu’Ingrid est là pour m’aider et me soutenir, de même que mes fils.
La journée du trail commence plus tôt pour ma famille et moi, puisqu’il nous faut y être avant, même si la première course commence à 8 heures, car il m’arrive de faire le briefing de la course, même si ce n’est pas systématique, et d’apporter des éclaircissements à l’équipe si besoin est. Nous finissons souvent vers les 13-14 heures, alors que les trailers sont rentrés chez eux depuis deux bonnes heures déjà. Même mes deux fils connaissent par cœur cette routine mensuelle.
Quand je rentre, je m’occupe de la lettre de remerciement à envoyer au sponsor du jour, puis je revois les résultats parce qu’ils se retrouveront sur FB, WhatsApp et dans la presse. Et déjà je dois me projeter sur le prochain trail. A côté, il y a mille et une petites choses encore qui se font dans l’instant… Il est bon de savoir que tous au sein de la RTA, membres du comité aussi bien qu’officiels, nous sommes bénévoles et ne recevons rien en retour.
Les sentiers rodriguais ont-ils livré tous leurs secrets ? Ou recèlent-ils encore de nombreux trésors que vous souhaitez faire découvrir tant aux Rodriguais qu’aux coureurs venant d’ailleurs ?
On ne pourra jamais tout savoir, et souvent, c’est au détour d’un sentier que je rencontre quelqu’un et au gré des quelques mots échangés que j’apprends quelque chose de nouveau. De là, je me lance : interroger d’autres personnes et bouquiner. J’espère sincèrement pouvoir découvrir encore plus, déjà pour moi-même et aussi les autres. J’essaie en fait d’aller à la rencontre de la culture de Rodrigues.
Vous marchez, vous crapahutez, vous courez, vous observez, vous vous entretenez avec les habitants, vous prenez des notes…
C’est tout à fait cela et je bouquine aussi, même si c’est assez compliqué car il y a peu de livres sur Rodrigues. Heureusement qu’il y a encore la mémoire vivante, mais elle s’efface peu à peu. C’est cela ma crainte, et j’essaie, comme je peux, de la garder vivante, surtout pour les jeunes et aussi à travers eux, et évidemment, par le trail. Ludique, éducatif, sportif, culturel, historique, bien-être, amitié, dépassement de soi, c’est un tout, en fait.
Votre dernier haut fait : un tour de l’île Rodrigues en courant, en mode trail. Racontez-nous votre périple…
Comme le trail mène vers le dépassement de soi, souvent cela vous pousse à aller encore un peu plus loin. Avant cela, il y a eu Expedition Africa en 2019. Quasiment 400 km en cinq jours : plongée, natation, régate, rame en pirogue, trail, vélo, escalade et aussi orientation. Du tout en un. Cela a été l’expérience d’une vie en compagnie de mes coéquipiers Gilbert Baudoin, Ronny Roussety et Claudia Fong Kye.
Cela a été une très grande fierté de représenter Rodrigues puisque nous étions la seule équipe locale. C’est vrai que ma connaissance des lieux a été un plus. L’expérience a été tellement marquante qu’on s’est dit que chaque année, on fera quelque chose – dans le domaine sportif, évidemment – qui sortira de l’ordinaire.
Donc, pour 2020, cela a été le tour de Rodrigues. Cela nous a toujours trotté dans la tête avec mes coéquipiers de trail, notamment Gilbert, Ronny et Henrico Louis. Si d’autres avaient essayé avant – entre autres Ronny –, personne ne l’avait fait comme nous, en faisant vraiment tout le tour de l’île, c’est-à-dire en suivant la côte de bout en bout. Le tour de Rodrigues sera annuel pour nous, une semaine après le Trail de Rodrigues (TDR).
Le trail finalement, est-ce une des meilleures choses qui soient arrivées au sport rodriguais ?
J’aurai tendance à dire oui et on dira que je suis partial et que je défends ma paroisse. Plus sérieusement, c’est le cas. Rodrigues est le paradis du trail. Le relief s’y prête. D’ailleurs, une des têtes d’affiche du trail, en l’occurrence David Hauss, me disait son plaisir de pouvoir sortir du centre de l’île et des hauteurs pour se retrouver en un tour de main à courir le long de la côte, pour ensuite remonter le long des vallons et se retrouver de nouveau en hauteur. Nettement plus difficile ailleurs.
A côté, la population a adhéré. Les Rodriguais ont pendant longtemps été de grands marcheurs. Ils se sont facilement retrouvés dans le trail. Le TDR est l’événement incontournable de l’île en novembre et dépasse largement le simple aspect sportif. Toute l’île vibre au gré du TDR.
Il y a aussi le fait que tout le monde s’y retrouve : c’est quand même une des spécificités du trail – hommes, femmes, enfants, handicapés, rapides, lents, endurants, marcheurs, randonneurs, adeptes de selfies se retrouvent sur la même ligne de départ. Notre Kids Trail n’a pas laissé insensible non plus. Les enfants ne sont pas en reste, et voir leur fierté au moment de récupérer leurs médailles dit tout, car tous les enfants sont gagnants. Ils sont aussi fiers de faire comme leurs parents.
Du coup, notre trail mensuel devient un événement familial incontournable où papa, maman mais aussi les enfants ont fait du trail et ont passé une belle journée ensemble. Il ne faut pas oublier que les enfants représentent la relève. Pourquoi pas le prochain François d’Haene originaire de Rodrigues, d’ici les vingt prochaines années ? Pour le TDR, avec les quatre parcours que nous proposons, de 7 à 50 km, tout le monde s’y retrouve.
Portrait
<h3>Professeur de français</h3>
<p>Michaël Allet, 41 ans, enseigne le français et la littérature française au Rodrigues College depuis 2003. Il est marié à Ingrid et tous deux sont les heureux parents de deux fils : Maë, 10 ans, et Emeric, 5 ans.</p>
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