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«Work Access Permit»: l’éternel casse-tête

17 mars 2021, 06:25

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«Work Access Permit»: l’éternel casse-tête

À Floréal, le directeur d’une maison de retraite ne sait plus sur quel pied danser. Depuis le début du confinement, il essaie d’obtenir un Work Access Permit (WAP) pour se déplacer et aider ses employés. «J’ai une employée qui habite à Mahébourg et une autre à Plaine-Magnien. J’ai eu toutes les peines du monde à les ramener à la maison. Les policiers, qui opèrent dans la circonscription 17, m’ont fait comprendre que si je les dépose chez elles, je ne pourrai pas rentrer chez moi. Cela n’a pas été facile pour retourner.» Il se retrouve ainsi amputé de deux membres de son personnel.

De ceux qui restent, il a dû libérer un autre qui habite une région où il y aurait eu des cas positifs au Covid-19. «On ne peut prendre de risque avec la santé de nos pensionnaires.» Il en compte 26. «Nous avons demandé aux autres carers de rester sur place, jusqu’à la levée de la restriction dans la zone rouge.» Quid du WAP ? Le propriétaire de la maison de retraite assure qu’il a entamé ses démarches depuis le 12 mars. «Je suis encore en attente.»

Un autre problème auquel il fait face est le manque d’alimentation. «Les fournisseurs se sont vu refuser l’accès aux supermarchés et autres boucheries. Du coup, il est difficile de s’approvisionner. J’ai pu avoir un peu de poulet de mon fournisseur mais pour les légumes, c’est une autre paire de manches. J’ai dû m’adresser aux cultivateurs.» Pour lui, le gouvernement aurait dû penser aux conséquences de la fermeture de ces trois circonscriptions avant de prendre une telle décision. «J’ai eu une personne souffrant de fièvre et j’ai appelé une ambulance pour l’emmener à l’hôpital. Au bout de deux heures, j’ai pris ma voiture à mes risques et périls et je l’ai transportée. Les autorités n’ont pas pensé que ces trois circonscriptions n’ont pas d’hôpital à proximité.»

De son côté, Stéphane Maurymoothoo ajoute que tous les self-employed regroupés sur sa plateforme attendent toujours leur WAP. «Le formulaire en ligne concerne ceux qui travaillent dans la fonction publique ou des compagnies privées.» Le plus gros souci est la compétition. «Il y a beaucoup de compétition dans le travail. Du coup, les travailleurs indépendants se retrouvent à la traîne. Si on obtient le WAP dans trois semaines, imaginez la perte financière que cela représente pour nous.»

Autre interrogation qui surgit avec l’absence du WAP, c’est l’allocation des espaces commerciaux. «Ces personnes devront payer pour leur emplacement. On pourra leur donner un délai pour le faire certes, mais déjà, si on ne travaille pas pendant un mois, où aura-t-on l’argent pour le remboursement car cela va cumuler sur le mois prochain et ainsi de suite.»

En revanche, problème résolu pour Vishal Saddul. Le propriétaire de VSR Marketing Company Limited a finalement obtenu son WAP. Il opère dans la pasteurisation du lait qui est ensuite livré dans les différents supermarchés. «On a réussi à avoir notre WAP lundi soir. Le souci est que l’on se trouve dans la circonscription no.15, d’où le décalage.» Il rassure que les employés ont déjà repris le travail et que la collecte de lait se fera incessamment. «On peut récupérer le lait auprès d’éleveurs de Nouvelle- Découverte et du Nord.» En tout cas, le casse-tête du WAP est loin d’être résolu.

 

En chiffres

<p><strong>284</strong></p>

<p>C&rsquo;est le nombre de contraventions établies sur les 781 commerces visitées du 7 au 16 mars, pour non-affichage de prix et prix abusifs.</p>

 

 

Ashok Subron : «Il y a clairement abus et cafouillage»

La General Workers Federation (GWF) a lancé un Workers’ Care Online sous la coordination d’Ashok Subron, pour recueillir toutes les doléances des travailleurs en cette période de confinement. Il soutient qu’effectivement, depuis le confinement, il a noté un problème avec le WAP. «Donc un abus du document, comme ce fut le cas l’année dernière. Seki finn arivé en 2020, pe répliké...» Pour Ashok Subron, plusieurs secteurs, qui ne sont nullement des services essentiels, en ont profité. «Désormais le commissaire de police doit assumer et rectifier le tir.»

D’ailleurs, fait-il comprendre, il peut faire toute une liste des secteurs, comme les moulins, ou encore des secteurs dans la production et la vente de produits de luxe et sportifs, entre autres. C’est d’ailleurs, dans cette optique qu’il avait demandé une consultation avec les autorités concernées avant le vote de la Quarantine Act. «Il faillait justement pouvoir, avec les syndicalistes définir le terme ‘service essentiel’. Lor ki baz pe désidé zordi kisann-la tom dan servis esansiel??»

Pour lui, il est clair qu’il y a un cafouillage total sur les WAP dans le pays. Aussi, il dit avoir reçu des plaintes d’employés, surtout du secteur privé, où les employeurs utiliseront les WAP, comme moyen de les forcer à reprendre le travail. «Dan enn sitiation parey, zot pa kapav fors oken travayer vinn travay...»

Plusieurs receveurs de bus individuels toujours en attente

Ils travaillent pour des bus individuels sur des routes desservant Flacq, Nouvelle-Découverte ou encore Bel-Air, mais de nombreux receveurs, appelés à reprendre du service dès lundi, sont dans l’angoisse. Pour cause, relatent nombre d’entre eux, ils n’avaient toujours pas obtenu leur WAP à hier après-midi. Pour la plupart, ils ont reçu les détails, comme le BRN de leur employeur et ont été notifiés qu’il fallait qu’ils fassent leur application pour leur WAP eux-mêmes. «Mais depuis que nous essayons, nous rencontrons toute sorte de problèmes. Sak foi pe dir unsupported file format. Nous avons également appelé les hotlines, mais ils ne nous ont pas vraiment guidés. Finn dir nou al biro CAB. Kan in al laba li fermé.» Depuis, ils continuent par tous les moyens, mais en vain. «Nou touzour pa pe gagn narnié mem.» Les principaux concernés expliquent avoir aussi informé les chefs de gare. Mais, ces derniers ont indiqué qu’ils ne pouvaient rien faire. «Entre-temps, à chaque trajet, la peur de se faire contrôler par la police se fait sentir. Nou pa pou kapav travay toulé zour koumsa... »

Une agence de “femmes de ménage” parmi les services essentiels ?

Si pour le moment, il a été clair que seuls les employés des services essentiels pourront obtenir le WAP, plusieurs s’interrogent sur une agence des Plaines-Wilhems, spécialiste du nettoyage et procurant des femmes de ménage, sur l’autorisation de WAP à leur personnel. Est-ce vraiment une nécessité en ce moment ? Nous les avons sollicités dans la journée d’hier, en vain. Toutefois, sur une de leurs publications sur les réseaux sociaux, la société précise que le service n’est pas offert en zone rouge et que toutes les précautions sont prises, comme la prise de température, les gestes barrières ou encore l’utilisation du masque et du sanitizer obligatoire...

Qui donne le document ?

Ils sont nombreux ces entrepreneurs qui ont demandé un WAP dès le lendemain de l’annonce du lockdown. Ils sont livreurs de légumes et fruits et de produits de consommation. Certains d’entre eux disent même alimenter des centres de quarantaine. Ni la police, ni le bureau du Premier ministre n’ont été capables de répondre à leurs doléances. Au niveau des Casernes centrales, un officier a déclaré que la police ne peut pas nous répondre. Il a fait ressortir que c’est le bureau du Premier ministre (PMO) qui «process» les demandes et le bureau du commissaire de police ne fait qu’émettre les permis. Au niveau du PMO, il y a certes un comité qui s’en occupe, nous a-t-on fait savoir. L’express a cherché en vain durant toute la journée d’hier d’avoir une déclaration du conseiller spécial, Ken Arian. Ce dernier a demandé de lui envoyer un message, mais il n’est pas revenu vers notre journaliste.

Des taxis opèrent sans WAP

Revirement de situation. La National Land Transport Authority (NLTA) a revu sa copie. En effet, les chauffeurs de taxi peuvent opérer sans WAP. Ils devront produire leur Public Service Vehicle Licence ou leur Full-Time Driver’s Licence or Part-Time Driver’s Licence. Mais ceux opérant dans les circonscriptions 15, 16 et 17 ne pourront desservir d’autres parties de l’île. Ils devront circuler dans leur région, sauf s’il s’agit d’une urgence pour aller à l’hôpital ou s’ils doivent transporter un élève pour ses examens. Toutefois, les gestes barrières doivent d’être respectés.

L’UPSEE demande aux recteurs de ne pas demander de WAP

Alors que la période d’examens approche, Bhojeparsad Jugdamby, président de l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), signalent que certains recteurs se permettent de faire des demandes de WAP pour bon nombre de leur personnel non-enseignant. Or, c’est le Mauritius Examination Syndicate (MES) qui doit s’en charger. «Nous avons reçu beaucoup de doléances. Des chefs d’établissement font jouer leurs contacts pour obtenir des WAP pour leur personnel non-enseignant. Ils obligent toute l’équipe à se présenter au travail alors qu’ils n’ont pas besoin d’autant de monde.» Or, comme l’indique le président de l’UPSEE, c’est au MES de faire la demande de permis. «Le personnel non-enseignant ne forme pas partie des services essentiels. Ils devront s’enregistrer auprès du MES pour travailler pour les examens qui approchent et donc pour cette institution.»

Des commerces non-essentiels vaccinent en prévision des livraisons

Des magasins d’électronique et d’électroménager sont dans les starting-blocks. Ils font vacciner leurs équipes de livraison pour livrer chez les particuliers. Bien qu’ayant leur site web pour les commandes, des enseignes comme Courts Mammouth, Galaxy et d’autres attendent le WAP. En effet, les autorités étudient la possibilité d’autoriser ce type de commerce. Lors du dernier confinement, le commerce en ligne fut autorisé pour la livraison de produits atypiques non-alimentaires.

Galaxy attend le précieux document pour démarrer ses livraisons. De plus, un service de demande de crédit en ligne à travers Cim Finance a été mis en place pour que les clients puissent payer cash ou par tempérament. Mais le WAP se fait désirer.

Courts Mammouth a dû suspendre ses livraisons. Elle attend aussi le WAP pour circuler à travers l’ile. Sans WAP, ils ne peuvent pas se faire vacciner dans la campagne actuelle. En revanche, de petites compagnies de livraison de produits électro ont pris les devants pour vacciner leurs équipes avant d’avoir le WAP. En période de confinement, les ordinateurs, tablettes, smartphones, imprimantes, téléviseurs sont devenus des produits de nécessité tant pour le travail à la maison que pour combler le temps libre.

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