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Dialyse: des «soldats» sont tombés au front et d’autres continuent la guerre

3 avril 2021, 18:30

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Dialyse: des «soldats» sont tombés au front et d’autres continuent la guerre

La semaine écoulée aura été très éprouvante pour les dialysés de l’hôpital de Souillac. Testés positifs au Covid-19 dans un premier temps, trois des leurs sont décédés dans un deuxième temps. Loin de leurs proches, ils disent vivre dans la crainte, le risque d’être contaminé étant omniprésent.

Martine (nom fictif) n’oubliera pas cette semaine de sitôt. Le vendredi 26 mars dernier, elle pensait pouvoir vivre un moment de détente dans un hôtel, mais son rêve a été de courte durée. «On m’a prévenue qu’il fallait que je me tienne prête pour 17 heures, et un transport est venu me récupérer.» Vivant chez ses parents à Tyack, elle a, dans un premier temps, eu à affronter le regard des autres.

«Les voisins étaient tellement curieux. En voyant arriver l’ambulance et les personnes en combinaison de protection, j’ai très vite été le sujet de conversation. Beaucoup pensaient que j’avais attrapé le Covid-19.» Après 30 minutes, elle est arrivée dans la cour de l’hôpital de Souillac, où d’ordinaire, sa dialyse est pratiquée trois fois par semaine. «Cela fait huit ans que je suis dialysée.»

Commence alors une attente interminable pour rejoindre l’hôtel de Bel-Ombre où les patients devaient entamer leur quarantaine. «Très peu d’informations nous ont été communiquées. Nous savions simplement qu’un membre du personnel soignant avait été testé positif.» Vers 18 h 30, une quinzaine de patients attendaient toujours et certains d’entre eux, qui étaient sous dialyse pendant la journée, avaient besoin de repos. Mais ils ont dû attendre 19 h 55 pour rejoindre leur hôtel. «Nous sommes restés à l’extérieur de l’hôtel de 20 h 30 à 22 h 45, attendant de remplir les formalités. Ce n’est qu’à 23 heures que j’ai pu aller dans la chambre, qui allait me servir de refuge pour les deux prochaines semaines.»

Une première nuit éprouvante loin d’être terminée pour notre interlocutrice, qui a reçu un «briani» de poulet pour le dîner. «Au vu de l’heure, je n’avais plus faim. Mais je devais manger, car je prends des médicaments. Après trois bouchées, je ne suis plus arrivée à avaler» car prise de nausées et de vomissements. «J’ai eu à boire un peu d’eau avec un peu de sucre avant d’aller me coucher.» Si elle reconnaît que le personnel de l’hôtel est très serviable et chaleureux, la nourriture est une autre paire de manches. «Nous avons eu droit à des repas pour personnes ‘normales’. Il faut savoir que pour nous, les dialysés, plusieurs aliments nous sont interdits.»

Si leur voix n’a pas été entendue, elle l’a été à travers la presse. Le ministère de la Santé a réagi de façon positive. «Un nutritionniste a été dépêché pour nous aider à élaborer les menus adaptés à notre situation.» Toutefois, Martine se pose encore des questions. «Pour le dîner, mon voisin de palier a eu droit à une grillade de poulet, des saucisses, de la salade et du pain alors que j’ai eu du riz, du dholl, des légumes et du poisson grillé, soit un repas pour dialysé !»

Mais à quelques heures d’effectuer le nouveau test PCR, la crainte s’est installée chez les dialysés. «On ne nous dit rien et cela nous stresse. Sont évacués vers le centre de traitement uniquement ceux positifs au Covid-19. L’appréhension nous gagne à chaque fois que l’on entend les infirmiers dans les couloirs.» D’autant que cette patiente connaissait ceux qui sont décédés durant la semaine. «Ces soldats sont tombés durant cette bataille. Je connaissais l’un d’eux depuis mon enfance. C’est dur et triste de n’avoir pu lui dire adieu.» Elle ajoute que chacun tente de faire son deuil à sa manière. «Je me souviens d’un autre, qui était un bon vivant. Toujours le premier à faire des blagues pendant les sessions de dialyse. Dimanche, je ne savais pas que les mots que j’échangeais avec lui par téléphone seraient les derniers.»

De son côté, Irma (nom fictif), dialysée depuis neuf ans et habitante de Souillac, a également eu cette crainte d’être testée positive. «Je pense à ma famille et je ne veux pas leur transmettre le virus.» Elle raconte qu’une routine s’est peu à peu installée à l’hôtel. «Le matin, après le petit-déjeuner, nous nous installons tous au balcon, avec nos masques. Nous discutons et échangeons sur les derniers potins. Si la nourriture a été bonne, et qui doit aller à la session de dialyse durant la journée, entre autres. C’est une manière de se tenir compagnie, car rester seule dans une chambre d’hôtel, ce n’est pas facile.» Elle s’occupe également en nettoyant sa chambre ou en faisant sa lessive, entre autres.

Martine et Irma espèrent que cette semaine sera la dernière au sein de l’hôtel et qu’elles pourront retrouver leur famille au plus vite.

Trois patients décédés

<p>La Dr Catherine Gaud a donné des précisions sur la mort des trois patients. Elle déclare que l&rsquo;un d&rsquo;eux, âgé de 58 ans, souffrait d&rsquo;une pathologie cardiaque et vasculaire. Testé positif au Covid-19, il est décédé en arrivant au centre de dialyse le 29 mars. Un autre patient, âgé de 63 ans, est également décédé aux petites heures du matin, le 29 mars, des suites d&rsquo;un arrêt cardiaque. Et le troisième patient, âgé de 72 ans, est décédé à l&rsquo;hôpital ENT, le 31 mars. <em>&laquo;Il est décédé d&rsquo;un syndrome infectieux septicémique avec une positivité à la Covid-19&raquo;,</em> a déclaré la Dr Gaud.</p>

Les nouvelles directives du ministère

<p>Le ministère de la Santé a rectifié le tir après qu&rsquo;Ivan Collendavelloo a attiré l&rsquo;attention de Kailesh Jagutpal en pleine réunion du comité parlementaire de la majorité, lundi, sur les repas qui étaient servis aux dialysés. Un nutritionniste a été appelé pour aider à préparer les repas des patients, et un docteur additionnel a été rattaché au centre de quarantaine. Par ailleurs, le ministère a accepté la demande de certaines familles, qui souhaitaient rester auprès de leur proche dialysé pour le reste de la quarantaine. La personne devra toutefois signer un <em>&laquo;Consent form&raquo; </em>où sont expliqués les risques auxquels ils sont exposés.</p>

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