Une perte colossale. Voilà ce que prévoit d’ores et déjà la Mauritius Turf Club Sports & Leisure Ltd (MTCSL) en cas de reprise de l’activité à huis clos comme le réclament plusieurs stakeholders de l’industrie.

Car pour sa première année d’opération en tant qu’organisateur des courses, la MTCSL table sur un déficit avoisinant les Rs 26,4 millions si la saison démarre dans les conditions actuelles.

Il faut faire ressortir que ce chiffre avancé par la MTCSL s’appuie sur un modèle de huit journées de compétition à huis clos avec un coup d’envoi fixé au 2 mai. Pour ce faire, la MTCSL s’est inspirée du rapport de rentabilité commandité par le board du Mauritius Turf Club (MTC) à une firme d’expert-comptable sur les trois journées de compétition tenues à huis clos l’an dernier.

Les résultats sont tout sauf brillants. Et pour cause, le MTC avait enregistré une perte nette de Rs 7,4 millions, tout en excluant le Wage Assistance Scheme du gouvernement s’élevant à Rs 1,2 millions et les terminal fees de Rs 1,3 millions, qui sont, à ce jour, encore source de litige entre le MTC et les deux compagnies du Tote que sont Automatic Systems Ltd (ASL) et Global Sports Limited (GSL).

Balance négative l’an dernier

Au niveau de la MTCSL, on ne se fait point d’illusion. Car l’an dernier, et ce malgré une contribution volontaire de la part des deux Totes (ASL et GSL) ainsi que des fixed-odds betting operators que sont SMS Pariaz Ltd, Bet Online Ltd et Booksystem Ltd, le MTC n’était malgré tout pas parvenu à rentrer dans ses frais, une balance négative de Rs 15 millions étant d’ailleurs rapportée pour l’exercice financier 2020.

Au train où vont les choses au niveau de l’économie locale, il existe très peu d’indicateurs pouvant garantir à la MTCSL un avenir plus reluisant pour la campagne 2021, qui peine d’ailleurs à prendre son envol.

La MTCSL rappelle ainsi que la saison 2020 avait démarré le 20 juin, et ce vingt jours après la levée du confinement national, motivée par l’absence de cas local de contamination à la Covid-19 sur une longue durée.

Servansing pris à contre-pied

La visibilité est cependant bien moins évidente cette année-ci avec des cas qui sont relevés sur une base quotidienne dans le pays. En se basant sur une éventuelle reprise à huis clos le 2 mai prochain, l’organisateur des courses estime ses pertes à environ Rs 26,4 millions mais on envisage le pire si l’enthousiasme des parieurs n’est pas au rendez-vous après cette fameuse deuxième vague de la Covid-19.

A ce titre, il serait intéressant de rappeler que l’ancien administrateur Rajesh Servansing avait eu, dans nos colonnes, une toute autre lecture de l’impact financier des courses à huis clos, ce professionnel de la finance étant convaincu de sa nécessité. Il est pris à contre-pied par la position adoptée par la MTCSL.

Si celle-ci dit comprendre le désarroi des propriétaires qui militent pour un retour rapide des courses hippiques, il estime que ce serait toutefois une stratégie «suicidaire» que de se fier uniquement sur les revenus qui seront générés par les paris effectués par téléphone, comme l’exige la situation actuelle.

Redevances revues ?

Et si les opérateurs de paris étaient appelés à revoir leurs redevances à la hausse pour aider l’industrie ? A ce titre, on estime que ces derniers devront contribuer entre 7% et 9% de leur chiffre d’affaires pour couvrir la moitié des coûts fixes de la MTCSL.

Une reprise à huis clos signifierait également un stakesmoney proche du «dérisoire» pour les propriétaires et les entraîneurs. «Il est important de nous montrer responsables et affronter le défi qui nous guette avec fermeté car nous sommes tous dans le même bateau. Il est impératif que notre bateau ne prenne pas l’eau, mais qu’il reste à flot en attendant des jours meilleurs», estime la MTCSL. Autant dire que l’avenir s’assombrit encore plus pour le sport préféré des Mauriciens.