Alors que des efforts sont déployés pour la détection des cancers à Maurice, il faudrait en redoubler. Le Centre international de recherche sur le cancer note que les cas dans le pays sont en hausse depuis ces dernières années.

Le 18 juin, le Conseil des ministres a avalisé la décision d’acquérir des radiotraceurs aux fins de la tomographie par émission de positrons (TEP), qui seront utilisés au département de la médecine nucléaire du nouveau centre de cancérologie à Solférino. La TEP permet la détection précoce des cancers à travers un procédé d’imagerie médicale très performant.

Cette nouvelle a été bien accueillie par les personnes concernées dont les proches des patients souffrant du cancer. Parmi, Arvin Mootoocurpen, un habitant de La-Tour-Koenig. Toutefois, malgré cette annonce, il estime que les récentes statistiques sur le cancer à Maurice n’augurent rien de positif. En effet, selon la base de données GLOBOCAN, réactualisée cette année, près de 16 % de la population risquent de développer le cancer avant l’âge de 75 ans. Ces données, accessible en ligne sur le site du Centre international de recherche sur le cancer, qui fait partie de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), font aussi état du fait que 3 050 nouveaux cas de cancer ont été répertoriés en 2020, ce qui représente une hausse importante de 30 % en l’espace de deux ans.

Autre fait alarmant : à ce jour, il n’y a aucun chirurgien des seins dans le secteur public malgré le fait que le cancer du sein demeure la cause principale de près de 40 % de décès parmi les femmes atteintes du cancer à Maurice. Le 15 juin au Parlement, le ministre de la Santé a déclaré que cette situation sera «bientôt» remédiée à travers l’Université d’Edimbourg, qui dépêchera un chirurgien des seins. Celui-ci se chargera de procéder à des mastectomies et des chirurgies reconstructives suivant les mastectomies. Le Dr Kailesh Jagutpal a aussi précisé le fait que le ministère avait lancé un appel à manifestation d’intérêt pour trouver un chirurgien des seins à Maurice mais qu’il n’y avait pas eu de retour, ce qui explique pourquoi il s’est tourné vers l’étranger.

La hausse de cas expliquée

Le chiffre avancé par le Centre international de recherche sur le cancer concernant le cancer à Maurice suit la tendance observée ces dernières années. En 2018, le pays avait enregistré 2 380 nouveaux cas de cancer. Le plus commun chez les hommes était le cancer de la prostate (19,9 %) et chez la femme, il s’agissait du cancer du sein (40, 1%). Quant à 2017, 2 461 nouveaux cas avaient été enregistrés et les types les plus prédominants chez l’homme et la femme étaient les mêmes. 29,9 % de cancer de la prostate et 39,2 % de cancer du sein.

La hausse de ces chiffres est expliquée par trois facteurs, avance le Dr Vasantrao Gujaghur. Premièrement, l’espérance de vie est en hausse, ce qui fait que la population est vieillissante et plus susceptible de développer des maladies. Puis, il y a aussi des avancées dans le dépistage. De plus en plus d’exercices de dépistage sont effectués et, de ce fait, le nombre de cas détectés augmente. Finalement, il y a le facteur génétique et le changement dans le style de vie et de consommation qui compte pour cette hausse.

Qu’en est-il des soins ? Si plusieurs médecins avancent que Mau- rice fait des progrès, force est de constater que le nombre de décès liés au cancer augmente aussi. En 2006, le pays avant enregistré 216 morts alors qu’en 2018, le chiffre est passé à 1 351.

Le Dr Vasantrao Gujadhur revient aussi sur les efforts qui ont commencé à être entamés il y a plusieurs années. Par exemple, la vaccination contre le Human Papillomavirus, qui cause le cancer du col de l’utérus. En 2018, le pays avait enregistré 54 cas alors que l’année précédente, 64 cas avaient été recensés et, en 2015, il y avait 94 nouveau cas. Quant aux décès liés à ce cancer, le nombre est passé de 63 en 2016 à 3 en 2019.