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Natation – Le sort continue de s’acharner sur le CAMO

9 août 2021, 15:07

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Natation – Le sort continue de s’acharner sur le CAMO

 

Il ne s’agit pas d’être alarmiste ni pessimiste mais les faits sont là : depuis 2018, le CAMO ressemble à un club nomade où ses nageurs s’entraînent çà et là dans d’autres bassins sans pouvoir rester de manière stable à la piscine Serge Alfred, à Beau Bassin. Cette situation fragilise le club qui voit une partie de ses jeunes nageurs partir tandis que les plus grands se montrent inquiets avant la tenue des JIOI en 2023. En sus de cela, les frais occasionnés par la location de couloirs à la piscine de Côte d’Or, mettent le CAMO dans une position difficile sur le plan financier.

Le CAMO est un club que l’on ne présente plus. Depuis sa création, sa principale vocation est la même : essayer d’avoir les meilleurs nageurs possibles. Les résultats parlent d’eux-mêmes. On peut citer l’exemple du relais féminin du 4x100 m nage libre aux JIOI, en 2019, où l’équipe était constituée de quatre nageuses du CAMO. Lesquelles ont remporté l’or pour le pays. De toute manière, une grosse partie de la sélection nationale est toujours composée des nageurs du CAMO. Pourtant, depuis un certain nombre d’années, le club beaubassinois  passe par des moments difficiles.

« Il y a toujours quelque chose qui ne va pas à la piscine Serge Alfred. En 2018, il y a eu une rénovation qui devait durer quelques mois, ça a duré un an et demie. Aujourd’hui, c’est la chaudière qui ne marche pas. Depuis 2018, on ne fait que des morceaux d’entraînement çà et là. Le CAMO s’en trouve fragilisé. Il est devenu un peu nomade à devoir s’expatrier à Sparc, Pavillon ou Côte d’Or. On tourne en rond dans la région de Beau Bassin Rose Hill » observe Philippe Pascal, head coach du CAMO.

Protocole sanitaire oblige, seuls les entraîneurs et les nageurs
ont accès à la piscine de Côte d’Or

Si le CAMO arrive à s’entraîner dans d’autres piscines, où est donc le problème ? Patrick Yene Teck, président du club, nous donne quelques éléments de réponse. «Depuis la fermeture de la piscine Serge Alfred, le MSC s’est occupé à nous faire avoir deux couloirs à Pavillon mais aussi à Côte d’Or (Ndlr : Côte d’Or dépend de MMIL et non du MSC). Mais cela nous coûte presque trois fois plus cher à Côte d’Or. Cela a eu pour effet de réduire drastiquement les entraînements. Les tarifs pratiqués, bien que revus à la baisse, ne nous permettent pas de venir tous les jours». Du coup, depuis la reprise tardive des entraînements – en août plutôt que juillet – le CAMO a perdu cinquante nageurs chez les petits et cinq chez les grands. Patrick Yene Teck se souvient que le club avait perdu 250 nageurs, soit 50% de l’effectif, lorsqu’il a eu à s’entraîner à Sparc avant les JIOI de 2019. Et il appréhende que la situation ne s’améliore pas au train où vont les choses. « Aujourd’hui, on n’en est qu’au commencement, on a perdu cinquante nageurs dans l’école de natation et cinq autres chez les grands. Si on continue comme ça et que la piscine Serge Alfred tarde à rouvrir ses portes, on va perdre 200 à 250 personnes. Le CAMO ne demande pas grand-chose, juste un peu plus de considération ».

Exercices dans l’eau avec une planche

Il faut comprendre également que cette situation a des répercussions sur le groupe en général et les élites en particulier. « On a des trous dans nos écoles de natation parce qu’il n’y a pas moyen d’avoir de la continuité dans nos actions. Il y a des générations où on n’a pas du tout de nageurs parce qu’on n’a pas pu établir, stabiliser une école de nage. A partir de ce moment-là, quand on arrive à l’étage supérieur en compétition, on se retrouve avec des années vides. Toutes les circonstances (Ndlr : confinement, changement du cursus scolaire, fermeture de la piscine Serge Alfred) que nous observons et que nous subissons, font que les parents ont de plus en plus de difficultés à projeter leurs enfants vers un avenir sportif. Les années concernées commencent à partir de 2007 à monter. Il y a peu de monde. Et même avec le peu qu’il y a, le fait d’avoir des formations qui sont sans cesse tronquées, ne donne pas une bonne formation finale » dit le Français. Celui-ci ajoute que les élites du CAMO ne sont pas rassurées à l’approche des JIOI : « Tous les meilleurs nageurs du CAMO qui sont dans l’optique des prochains JIOI en 2023, au train où vont les choses, sont plus qu’inquiets. Pendant le confinement, nous étions les seuls dans la région à ne pas nager. La Réunion, les Seychelles, Madagascar nageaient. Tout le monde le faisait, sauf nous. Et à chaque confinement, cela a été la même situation. Concernant les élites, pour l’instant, on est dans une période où on n’est pas à Serge Alfred. Soit on a deux couloirs à Pavillon soit on s’entraîne à Côte d’Or, à raison pour eux de deux séances par semaine car cela a un coût»  précise-t-il. Philippe Pascal explique que le club ne fait pas de recettes depuis mars et qu’il fait face à quelques charges fixes, avec des emplois à plein temps et la location du Bureau à Beau Bassin, entre autres.

Heureusement, tout n’est pas que négatif pour le CAMO. Il y a des enfants qui ne quittent pas le club malgré ces moments très difficiles. Le CAMO espère que ceux qui ne peuvent venir et payer pour le moment puissent revenir quand la piscine Serge Alfred rouvrira ses portes. Il y a d’autres nageurs qui voudraient s’inscrire. Mais pour le moment, le club s’abstient de les prendre. « Nous avons choisi de ne pas le faire parce que nous n’avons pas de piscine. Les conditions ne sont pas les mêmes. Il faut une stabilité. Les tout petits ont besoin d’être dans un environnement sécurisé qu’ils connaissent. Là comme ça, on va les prendre et on va les balloter. Nous-même on a du mal. Et puis, ce n’est jamais stable. Un jour, on nous dit que c’est ouvert puis on nous dit que c’est fermé. On nous dit d’aller ailleurs. C’est compliqué » fait-il remarquer.

Déplorant qu’il n’y ait pas de réunions concrètes, en présentiel,  avec le ministère, la MSC, avec la FMN, le CAMO se sent complètement démuni. Pour l’instant, il s’adapte à ce qu’il a. En somme, il n’a d’autre choix que de faire preuve de résilience.

 

Les entraînements du CAMO à Pavillon et Côte d’Or

En raison de la fermeture de la piscine Serge Alfred, les nageurs s’entraînent à la piscine du Pavillon, à Quatre Bornes ou à celle de Côte d’Or. Pour ce qui est de la piscine de Pavillon, en raison des restrictions sanitaires, il y a 5 nageurs par couloir, dans 2 couloirs, soit 10 par session, du lundi au vendredi entre 10 h et 14 h. « On fait une rotation. Avec le cursus scolaire, les nageurs sont libres un jour sur deux » dit Philippe Pascal. Pour ce qui est de la piscine de Côte d’Or, les nageurs s’entraînent mardi et vendredi de 17h30 à 19h30 et ceux de l’Ecole de natation s’y rendent le samedi de 14 h à 16 h. Ceux qui nagent pour les Future Days (9-11 ans) viennent le mercredi de 17h30 à 19h30.

 

 

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