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Politique: l’opposition refuse un gouvernement d’unité nationale, le secteur privé le souhaite

19 août 2021, 18:00

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Politique: l’opposition refuse un gouvernement d’unité nationale, le secteur privé le souhaite

Cette photo de Navin Ramgoolam et Pravind Jugnauth, prise dimanche soir lors de la réception donnée par le haut-commissariat indien dans le cadre du 74e anniversaire de l’indépendance de l’Inde, continue d’alimenter les débats politiques à Maurice. D’autant plus que cette rencontre intervient quatre jours après que Pravind Jugnauth a indiqué qu’il apprécie que, sur l’ex-juge Bhushan Domah qui a rédigé le rapport Britam, le leader du Parti travailliste (PTr) et lui soient sur la même longueur d’onde.

On sait qu’en politique tout est possible. S’agit-il d’une démarche pour une éventuelle alliance ou tout simplement des échanges de civilités entre un ancien Premier ministre et l’actuel ? Même si ces deux leaders sont à couteaux tirés depuis décembre 2014, cette rencontre donne à réfléchir sur la situation politique. Est-il possible qu’on ait un gouvernement d’unité nationale pour tirer le pays d’où il s’est engouffré depuis le début de la pandémie chez nous ? Si l’opposition ne croit pas à une telle possibilité, le secteur privé, lui, souhaite vivement que ce soit le cas.

Réactions

Arvin Boolell: «Un PM de mauvaise foi»

Le chef de file du PTr au Parlement ne croit pas en un gouvernement d’unité nationale avec Pravind Jugnauth. Il raconte que dès l’éclatement de la pandémie, lors d’une rencontre avec le Premier ministre, en tant que leader de l’opposition, il lui avait suggéré de mettre sur pied une équipe avec les anciens Premiers ministres, des membres de la société civile et d’autres personnes compétentes pour trouver des solutions afin de mieux combattre le Covid. «Mais lors de notre conversation, il s’est montré réticent et m’a dit qu’il ne peut travailler avec telle ou telle personne. Déjà, j’ai constaté qu’il était de mauvaise foi et, aujourd’hui, on veut parler d’un gouvernement d’unité nationale…»

Pierre Dinan, économiste: «Un programme commun pour remettre l’économie sur les rails»

«Dès les premières semaines du premier confinement en 2020, j’ai suggéré que soit formé un gouvernement d’unité nationale, afin de réunir toutes les forces vives de notre République autour d’un programme commun destiné à remettre l’économie sur les rails et à redynamiser les aides sociales, en faveur des groupes les plus affectés. Pour assurer et renforcer la légitimité d’un tel gouvernement d’unité nationale, j’ai suggéré que soit convoquée une assemblée des forces vives du pays, afin de dresser un programme commun à soumettre à un référendum afin que la population ait son mot à dire sur tout le projet. Il sera plus facile aux gouvernants de mettre en place un programme approuvé par une majorité de citoyens plutôt qu’un programme issu d’un accord entre des partis politiques, sans que la population n’ait eu son mot à dire. Il est précisé que les forces vives auxquelles référence est faite ci-dessus comprennent, outre les partis politiques, les représentants des secteurs public et privé, ceux du monde syndical, ceux des religions et des organisations à caractère social, des universitaires, des représentants d’organisations professionnelles, etc.»

Ajay Gunness : No way !

Le leader-adjoint du Mouvement militant mauricien (MMM), Ajay Gunness, soutient que son parti ne fera jamais partie d’un gouvernement avec Pravind Jugnauth. «Avec tous ces cas de corruption et ces scandales, vous pensez que le MMM peut être d’accord avec un gouvernement d’unité nationale ?» Il ajoute que la grande majorité des Mauriciens, y compris ceux qui soutiennent le Mouvement socialiste militant (MSM), souhaite que Soorojdev Phokeer soit remplacé, «mais là aussi Pravind Jugnauth fait la sourde oreille».

Kevin Ramkaloan, CEO de Business Mauritius : «Mobilisons toutes les compétences»

Le Chief Executive Officer (CEO) de Business Mauritius estime que face aux nombreux défis économiques auxquels le pays est confronté, «il faut mobiliser toutes les compétences au-delà des considérations politiques et partisanes pour sortir le pays de la crise».

Anthony Leung Shing, Country Senior Partner, PWC : «L’unité nationale se forge souvent durant les épreuves difficiles»

Le patron du cabinet d’audit PwC insiste sur le fait que «l’unité nationale se forge souvent durant les épreuves pénibles» et qu’au vu de la gravité de l’heure, tous les segments de la société civile doivent jouer leur rôle. «Il est important que le gouvernement et l’opposition répondent à l’appel avec responsabilité et patriotisme en faveur du combat contre le coronavirus.»

Jack Bizlall, ancien député et syndicaliste : «Je suis catégorique, les deux doivent partir»

«Les Mauriciens doivent comprendre ce qui s’est passé dans le pays depuis 1982 et même après 1983. Le Parti travailliste est celui qui a sauvé les Jugnauth et par la suite, il y a eu plusieurs alliances entre les deux. Jugnauth a même déjà fait partie du gouvernement rouge. Il existe un lien depuis longtemps entre ces deux familles. Mais moi je suis catégorique, les deux doivent partir. Il faut le départ de Pravind Jugnauth, je l’ai déjà dit à plusieurs reprises et officiellement à Navin Ramgoolam, je lui avais écrit personnellement pour lui dire que l’on ne veut pas de lui. Les deux ne sont pas appropriés pour diriger le pays. Nous devons continuer notre combat pour le bien-être des Mauriciens et ne rien avoir à faire avec Ramgoolam fils et Jugnauth fils.»

Patrick Assirvaden, président du PTr : «Navin Ramgoolam ne fera aucun commentaire sur la photo.»

L’entente de l’Espoir est contre

Il n’est pas question pour l’entente de l’Espoir de participer à un gouvernement d’unité nationale. «C’est hors de question», affirme le leader du MMM, Paul Bérenger. Les autres leaders de cette entente, composée du PMSD, du Reform Party et du Rassemblement Mauricien de Nando Bodha, sont sur la même longueur d’onde. Concernant la photo de Navin Ramgoolam et de Pravind Jugnauth échangeant des civilités lors d’une réception pour célébrer l’Indépendance de l’Inde, ni Paul Bérenger, ni Xavier-Luc Duval n’ont souhaité faire des commentaires.

Quand Pravind Jugnauth va à la rencontre de Navin Ramgoolam

C’est rare que Pravind Jugnauth et Navin Ramgoolam se retrouvent dans une même cérémonie, ces dernières années. Il nous revient que seuls trois leaders politiques hors du pouvoir avaient été invités à cette réception. Xavier Duval, en tant que leader de l’opposition, Paul Bérenger, leader du MMM, et Navin Ramgoolam. Les deux premiers n’ont pas pu s’y rendre étant retenus ailleurs, d’autant plus qu’on célébrait la fête de l’Assomption dimanche. Donc, Navin Ramgoolam s’est retrouvé esseulé. Le ministre Anwar Husnoo, ancien parlementaire du PTr , a été le premier à échanger quelques mots avec son ancien leader et ils ont parlé du Covid-19. Par la suite, l’épouse du Premier ministre, Kobita, a salué l’ancien Premier ministre d’un «namasté».

Pravind Jugnauth, après avoir salué Navin Ramgoolam, l’a taquiné en lui demandant pourquoi il était seul et où étaient ses amis de l’opposition. Selon un témoin oculaire de la scène, Navin Ramgoolam, tout sourire, lui a dit «voilà mes amis» en désignant Anwar Husnoo et  Vikram Hurdoyal. La conversation s’est poursuivie et elle a duré un quart d’heure. Après cet échange, plusieurs ministres et députés sont allés saluer Navin Ramgoolam et ont même tenu des conversations avec lui. Parmi eux, le ministre Sunil Bholah. Interrogé, ce dernier soutient que ce n’était qu’un échange de civilités entre un ancien Premier ministre et lui.

Avant la fin de la cérémonie, le président la République, Pradeep Roopun, a eu une longue conversation avec Navin Ramgoolam pendant plus de 20 minutes. Il faut noter que la presse n’était pas invitée à cette cérémonie. Interrogée, la haute-commissaire de l’Inde, Nandini Singla, a indiqué qu’il fallait tenir compte du protocole sanitaire et, de ce fait, seul un groupe restreint de personnes avait été invité.

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