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Cyril Curé: « Le sport progresserait si les parents ôtaient la pression des études sur leurs enfants »

25 septembre 2021, 13:18

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Cyril Curé: « Le sport progresserait si les parents ôtaient la pression des études sur leurs enfants »

Ancien coureur de fond, marathonien, triathlète, taekwondoïste, Cyril Curé, 80 ans, a pratiqué plusieurs discipline sportives pendant de longues années. Premier président de la Fédération de triathlon - qui s’appelait alors Association Mauricienne de Triathlon -  il y a un peu plus de 30 ans - , le Vacoassien nous partage son impression sur le triathlon mauricien. Pour lui, l’avenir de cette discipline et du sport mauricien dépend de la volonté des parents à encourager leurs enfants à en faire.

Est-ce que le triathlon mauricien est-il aujourd’hui meilleur qu’il y a 30 ans ?

Autrefois il y avait l’IRON MAN (triathlon de très longue distance) puis la distance olympique et c’est tout. On ne faisait pas de triathlon sprint. Il n’y avait pas de différences de catégories. Déjà, il n’y avait que cela. C’était plus facilement gérable. Mais aujourd’hui, on donne la chance aux tout jeunes de faire du triathlon très tôt. Est-ce une bonne chose ? L’avenir nous le dira. Cela dit, le triathlon est mieux structuré, contrôlé et organisé qu’autrefois. Par exemple, à Maurice, on ne voit pas aujourd’hui un junior participer à une compétition réservée aux élites.

Selon vous, qu’est-ce qui aiderait le triathlon à progresser davantage ?

L’environnement est difficile actuellement. Car le contexte de crise sanitaire rend les choses complexes en ce moment. Mais beaucoup dépend de ce que veulent les parents pour leurs enfants. En dehors des financements qui peuvent venir de l’étranger pour des stages destinés aux triathlètes à l’extérieur, les facilités offertes aux triathlètes doivent d’abord venir des parents.

Ne pensez-vous pas que les études sont plus importantes que le triathlon et le sport actuellement ?

Pour améliorer le sport en général, les parents doivent ôter la pression qu’ils mettent sur leurs enfants pour atteindre un niveau scolaire exceptionnel. La majorité des parents aujourd’hui n’ont qu’une idée, c’est que les enfants passent leurs classes. Mais ils ne se rendent pas compte que le sport et les études marchent de pair. Dans ma génération, les meilleurs coureurs au monde étaient des universitaires. Les parents doivent comprendre que le diplôme n’est pas tout. Ils doivent aussi voir la santé et l’épanouissement de leurs enfants.

Cyril Curé auprès de ses petits-fils, Rémy (à g.) et Raphaël,
à une compétition à l’hôtel Shandrani en 2019

Vous parlez de votre génération. A votre avis, les triathlètes de maintenant, comparés à ceux de votre époque, ont-ils un sentiment d’appartenance pour leur patrie quand ils concourent à l’étranger ?

Le triathlète aujourd’hui a une possibilité de partir. Il se dit que s’il est meilleur ici, il a une possibilité d’aller à l’étranger pour participer à une compétition. Mais est-ce qu’il y va pour lui ou est-ce qu’il a ce sentiment d’appartenance pour son pays ? Je ne sais pas. Cela dépend de lui-même.

Avec tous les problèmes issus de la crise sanitaire, comment voyez-vous l’avenir du triathlon ?

Il y a tellement de problèmes liés à la COVID 19, dans le monde entier, que le sport devient secondaire. Faire un triathlon, avec le minimum d’entraînement, en tant qu’amateur dans son pays, c’est okay. Mais si on veut aller à un niveau supérieur, il faut devenir professionnel, c’est-à-dire vivre de son sport, avoir des sponsors. C’est difficile mais on peut en trouver. Par ailleurs, de manière générale, le sport professionnel à l’étranger continuera parce que c’est commercial et qu’il y a beaucoup d’argent en jeu.

Vous verra-t-on à un poste au sein de la FMTri dans l’avenir ?

Je suis revenu au triathlon en raison de mes enfants et mes petits-enfants. C’est humain. Je les suivais. Mais je ne suis pas venu pour essayer d’avoir un poste au niveau de la fédération. Je ne veux piétiner les plates-bandes de qui que ce soit.

Hors-texte : Cyril Curé en quelques mots

Cyril Curé s’est intéressé au triathlon au début des années 80. De voir qu’on parlait de cette discipline dans le monde entier l’a amené à penser que ce sport d’endurance pouvait intéresser les Mauriciens. Ancien coureur de fond et marathonien, il contacte plusieurs présidents d’associations sportives de natation, course à pied et cyclisme. « C’est comme cela qu’est organisé le premier triathlon dans les années 1982-1983. Il y avait 79 partants. C’était sur une distance olympique. Je participe. Je sors de l’eau dans les 78 premiers. Je finis le vélo dans les 40 premiers. En course à pied, je franchis la ligne d’arrivée à la 3e place, à 10 m du vainqueur » affirme Cyril Curé. La Fédération de triathlon se nommera d’abord Association mauricienne de Triathlon en 1986 avant de changer de nom quelques années plus tard pour devenir la Fédération mauricienne de triathlon. Cyril Curé y siègera pendant les 3 premières années. Pour terminer notons que le Vacoassien a été le premier Mauricien à participer au premier triathlon de Paris en 1987. Il a aussi été, avec feu Armand Maudave, derrière l’organisation d’un triathlon au festival de la Mer à Maurice, au cours de la même année. En 1989, il se retire du monde du sport pour se joindre à la politique. Enfin, en 2001, il prend sa retraite sur le plan professionnel.

Cyril Curé, face au Grand Maître Mario Hung Wai Wing (à g.),
a pratiqué le taekwondo jusqu’au deuxième Dan

 

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