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La semaine décryptée

Voir les événements de la semaine autrement. Il s'agit d'une revue critique-et politique- de l’actualité comme rapportée dans les médias du Lundi 18 octobre au vendredi 22 octobre.
Lundi 18 octobre
Le pari Zahid Nazurally
Rama Valayden est un homme aux talents multiples. Il s’est ainsi livré à un exercice d’astrologie politique sans même allumer un petit carré de camphre pour prédire la démission des rangs du gouvernement du speaker-adjoint Zahid Nazurally. Ce dernier fut élu en 2e position au no 10 en 2019, récolant 285 voix de plus que son colistier Sunil Bholah et 923 votes de plus que son adversaire travailliste Navin Ramgoolam.

Seuls des sorciers qui connaissaient déjà l’existence d’électeurs morts-vivants, de computer room et de Bangladeshis baladeurs l’auraient donné pour gagnant en 2019. Il a été pourtant élu et est même devenu speaker-adjoint. Pour quelles raisons Nazurally va-t-il abandonner son poste de speaker-adjoint ? Par solidarité avec son leader ML Ivan Collendavelloo, contraint au régime de bwar-dilwil par le MSM ?
Le sorcier Valayden voit l’événement se produire avant le 26 octobre et on est aujourd’hui déjà le dimanche 24. Si la prédiction de Rama Valayden s’avère correcte, il ferait face à un problème de crowd control chez lui en raison des sollicitations de rann-servis qu’il subira.
Mardi 19 octobre
Enfin Angus en justice
Pour une fois, une personne qui fait face à une lourde réclamation en justice a intérêt à faire traîner l’affaire pendant des années et des années pour repousser l’échéance le plus loin possible.
Avec le système légal en vigueur à Maurice, il n’y a rien de plus facile que d’orchestrer renvoi sur renvoi. Ainsi, si les pétitions électorales ont été logées moins de 21 jours après les élections générales de novembre 2019, il ne serait nullement surprenant si dans certains cas on attendrait toujours la fin du procès alors que le Parlement aura été automatiquement dissous en 2024.
L’exception à la règle s’appelle Roshi Bhadain. Depuis le mardi 19 octobre, le Premier ministre, Pravind Kumar Jugnauth (PKJ), lui a enfin servi du papier timbré, réclamant Rs 50 millions pour propos diffamatoires tenus en août 2020, relatifs à l‘affaire Angus Road. Réagissant aussitôt, Rohi Bhadain a déclaré qu’il ferait de son mieux pour que l’affaire soit entendue le plus vite possible au tribunal.
Au fait, si on parvient au trial assez vite, deux scénarios pourraient se produire. Soit Roshi Bhadain ne dispose d’aucune preuve légale et matérielle qu’il y ait eu maldonne et PKJ repart, la tête plus haute que jamais et les poches regorgeant des Rs 50 millions du diffamateur. Soit, Bhadain vient avec de solides preuves d’irrégularités et il gagne. Mais on oublie un troisième scenario : le Privy Council. On sera alors déjà en 2026 ou 2027.
Mercredi 20 octobre
Administrations régionales : «Chato» ou «deor» !
Dans les administrations rurales, les responsables – élus comme fonctionnaires – sont tenus d’être des chatwa à 100 %. Moins que 100 %, on s’expose à bien des ennuis de la part des ministres et on risque même de se faire arrêter par la police.
Tel est le sort subi par Rajeev Jangi, président du conseil de district de Grand-Port, dont une interview est publiée dans l’express du mercredi 20 octobre. Ce Jangi n’est pas issu d’une famille ninport car un proche, Heman, est actuellement l’homme le plus puissant dans la police, plus puissant même dans les faits que le commissaire de police par intérim, Anil Kumar Dip.
L’administrateur régional Jangi a en effet commis un crime de lèse-majesté. Deux ministres snobant délibérément les responsables locaux, ont tenté de s’approprier la paternité d’un stade à Quatre-Sœurs. Cela fait partie d’un exercice politique qu’on appelle kas pake. Or puisque les travaux au stade n’étaient pas encore complétés, les administrations régionales en ont bloqué l’accès, ce qui fait que la parade ministérielle a dû être annulée.
Dans les régions rurales, une telle rebuffade de perdi poin entraîne de lourdes conséquences sont une arrestation par la police. Les responsables des administrations rurales sont donc averties: on ne badine pas avec les petits princes.
Jeudi 21 octobre
The Behenji as game changer
Les gestes symboliques comptent beaucoup dans la vie politique mauricienne. Quand Paul Bérenger se revêtit d’un sherwani lors des célébra- tions du 15e anniversaire du MMM en 1984, on en parla pendant des mois jusqu’à ce que d’autres hommes politiques choisissent eux aussi ce costume indien pour certaines cérémonies.
De la même façon, quand Kobita Jugnauth, l’épouse du Premier ministre, choisit de s’exprimer en hindi aussi lors d’une cérémonie à Flacq, cela crée l’événement. Quand ce discours passa sur la MBC le jeudi 21 octobre, cela invita sur le champ les Mauriciens à examiner de près l’accent, la diction, la prononciation et l’intonation de Kobita Jugnauth pour en déceler des failles. Kobita Jugnauth fut tout simplement impressionnante comme si elle était exposée à cette langue depuis son enfance et qu’elle ne s’efforcerait pas pour la manier. Au fait, son accent trahissait même une influence rurale typiquement mauricienne. Selon un spécialiste des affaires politiques qui est loin d’être un fan du Sun Trust, Kobita Jugnauth manierait le delivery en hindi mieux que Sonia Gandhi elle-même. Ce qui est sûr, c’est qu’elle a fait mieux que son mari.

Cette sortie particulière de Kobita Jugnauth pourrait constituer un game changer car, par sa prestation telle une behenji * accentuée par un sari de bon goût et un choli modeste, les Mauriciens ne devraient pas être surpris si elle ne finit pas par s’affirmer comme un acteur politique de sa propre autorité et pas nécessairement comme l’épouse du leader du MSM.
Vendredi 22 octobre
‘Koyn’ de 5 sous toujours à l’appel
Sir Anerood Jugnauth avait trouvé dans le PMSD les cinq sous qui lui manquaient pour arrondir sa roupie. Depuis 2014, la koyn de cinq sous dans la poche du Sun Trust est frappée à l’effigie de Jocelyn Grégoire.
L’express du vendredi 22 octobre rapporte que la veille, lors d’une cérémonie à Rose-Belle en présence du Premier ministre, le père Grégoire «a fait une apologie de la politique de Pravind Jugnauth…»
Le soutien que cet homme de l’Église apporte à la cause Jugnauth depuis 2014 suscite bien de controverses. Mais mêmes des adversaires du MSM reconnaissent qu’il a été d’une grand efficacité en déplaçant quelques centaines de votes en faveur des Jugnauth dans des circonscriptions marginales pour faire basculer le verdict.
Le terme chatwa emprunté du bhojpuri et voulant dire littéralement «lécheur» sera-t-il aussi appliqué à l’encontre de ceux que le père Grégoire rabat pour le compte du Sun Trust ? Ou trouvera-t-on un autre terme pour les différencier des chatwa déjà actifs sur la place ?
*terme désignant une ‘sœur’ qui enseigne. Dans le contexte mauricien, on utilise aussi ‘Miss Hindi
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