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Naufrage de trois bateaux de pêche: la peur d’une pollution marine subsiste

24 février 2022, 10:00

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Naufrage de trois bateaux de pêche: la peur d’une pollution marine subsiste

Réveil brutal pour les habitants de Bain-des-Dames et Pointe-aux-Sables. Des bateaux taïwanais qui ont dû quitter la rade à cause du cyclone Enmati se sont enlisés dans un banc de sable au large. Si les équipages ont été évacués par hélicoptère et sont saufs, la peur d’une pollution marine subsiste… L’équipe de renflouage de Polygreen est déjà sur place.

Du jamais-vu dans l’histoire des accidents maritimes à Maurice. Le scénario aurait pu inspirer un film bollywoodien ou hollywoodien. Hier, en une journée, trois bateaux de pêche battant pavillon taïwanais se sont échoués en tête de rade – le Maan Yu Feng 1 et le Maan Yu Feng 168 sur un banc de sable à Bain-des-Dames, alors que le Wen Hung Dar No 168 s’est enlisé à 897 m au large de Pointe-aux-Sables. Le ministère de l’Économie bleue, de la pêche et des affaires maritimes affirme que les 53 membres d’équipage des trois longliners ont été secourus et héliportés par le Police Helicopter Squadron.

Qui dit échouement, dit renflouage ? Du coup, le Lloyds Open Form (LOF) a déjà été signé par l’assureur, l’armateur et le salvage company. Polygreen, basée dans l’île, a été recrutée pour les opérations de salvage. Le Vasileos P, remorqueur anti-pollution de la société grecque, qui prêtait main-forte aux autorités réunionnaises dans le naufrage du Tresta Star sur la pointe du Tremblet, à Saint-Philippe, a été dépêché sur le site. Les salvors grecs procéderont à une inspection des bateaux pour soumettre un plan de renflouage. Le ministre Sudheer Maudhoo a fait une sortie en mer avec des éléments de la National Coast Guard (NCG) pour un constat de visu, soutient son entourage.

Comment pas un, deux, mais trois bateaux de pêche se sont-ils enlisés dans le sable ? Retour sur les événements. Tout d’abord, à cause du cyclone Emnati, le Wen Hung Dar No. 168, comme tous les autres navires, a dû quitter la rade et jeter l’ancre. «Le courant, les houles et les rafales l’ont malmené et il a fini par se drosser sur un banc de sable, pas vraiment les récifs», explique l’inspecteur Shiva Coothen, du Police Press Office. Les cales du bateau contiennent 80 tonnes de diesel. À 2 h 15, hier matin, la NCG et la Mauritius Ports Authority (MPA) ont reçu un signal de détresse, soutient l’inspecteur. Selon lui, une première opération de remorquage n’a pas abouti face à une mer démontée.

300 mètres de «booms»

La nouvelle se répand alors comme une traînée de poudre. Des badauds se ruent sur la plage publique pour voir la scène qui leur rappelle celle d’il y a presque un an, quand le longliner chinois, le Lu Rong Yuan Yu 588 s’est drossé sur les récifs de Pointe-aux-Sables. Sur place, Alain Malherbe ne décolère pas face à ce nouvel incident. «Il a toujours été trop près des côtes. Il y a deux jours, il était très proche de Rivière-Noire et j’avais alerté les autorités du port.»

Pendant qu’une équipe de Polygreen arrive sur place en cas de pollution marine, deux officiers de la NCG sortent un canot pneumatique équipé d’un moteur pour se rapprocher du Wen Hung Dar No. 168. En s’approchant du bateau, une houle soulève leur dinghy et ils se retrouvent dans l’eau. Dans la foulée, ils perdent le moteur du canot pneumatique et les représentants de Polygreen les aident à remonter dans leur embarcation. Malheureusement, faute de moteur, les deux officiers doivent ramer jusqu’au rivage.

Quelques minutes plus tard, la nouvelle d’un second bateau de pêche est en difficulté se répand. Celui-ci se trouve au lieu-dit Pointe-Tortue, à Bain-des-Dames. Le Maan Yu Feng 1 s’est enlisé dans le sable suivi peu après par le Maan Yu Feng 168. Ils ont chacun 20 tonnes de carburant dans leur réservoir. Face à cette situation complexe, quatre embarcations de la NCG sont déployées sur place.

Entre-temps, six membres d’équipage se sont jetés à l’eau. Grâce à la prompte intervention du Dhruv et du Chetak, ils seront vite secourus et évacués vers la terre ferme. Idem pour les autres membres d’équipage. Pour prévenir toute fuite d’huile, des éléments de la NCG et de Polygreen ont installé 300 mètres de booms autour des trois bateaux.

À sa sortie d’une réunion d’urgence tenue hier, le ministre de l’Environnement, Kavi Ramano, a fait ressortir que la priorité de la Salvage Team sera d’extraire les 120 tonnes de diesel à bord. Non seulement, les échouements auront attiré des badauds, mais des membres du Parti travailliste étaient aussi sur place pour suivre les opérations. Arvin Boolell a été très critique envers le gouvernement. «Ce n’est pas seulement un désastre écologique mais on a un gouvernement insouciant, indifférent. (…) C’est le gouvernement le plus irresponsable aujourd’hui.» Quant à Dorine Chukowry, la PPS de la région, elle souhaite qu’il n’y ait pas de pollution marine car ils sont nombreux à vivre de la mer dans cette région.

À hier soir, une évaluation de l’état des coques était en cours par l’équipe de Polygreen. Mais les conditions de la mer empêchaient les plongeurs d’effectuer un diagnostic complet. «Notre équipe ainsi que le salvage master ont été sur les navires pour une première enquête pour comprendre la condition des navires. Tout l’équipage a été évacué. Notre priorité reste d’assurer la sécurité des eaux et nous informerons régulièrement les autorités de la marche à suivre», affirme le directeur des opérations techniques chez Polygreen, Filippos Stavrakas.

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