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Électricité: vers une hausse de 30 %

7 avril 2022, 15:00

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Électricité: vers une hausse de 30 %

Qui dit nouvelle majoration dit nouveau coup dur pour le portefeuille. Après la hausse des prix des produits alimentaires et des carburants, ce sera au tour des tarifs d’électricité de subir une augmentation. Le Central Electricity Board (CEB) étudie le dossier. 

Selon des sources proches de la direction, le management aurait proposé au conseil d’administration une majoration d’environ 30 %, suite notamment à une augmentation du coût d’approvisionnement de l’huile lourde et, conséquemment, la baisse de la roupie face au dollar. 

Toutefois, du côté du CEB, personne n’a voulu, officiellement, éclairer notre lanterne. L’on apprend toutefois qu’une équipe travaille actuellement sur les chiffres, concernant le pourcentage exact de cette hausse et que ces informations seront communiquées «le plus vite possible». 

Griller les comptes 

Pas d’éclairage net non plus du côté du ministère des Services publics. Il s’avère que le gouvernement attend toujours le rapport du conseil d’administration du CEB pour prendre une éventuelle décision. En attendant, une source bien éclairée indique qu’il ne revient pas au CEB, justement, de revoir une hausse des tarifs et que les procédures ne peuvent être court-circuitées. Cela doit être fait par l’Utility Regulatory Authority, instituée en 2016, dans le sillage de l’Utility Regulatory Authority Act de 2004, qui a pour but de «regulate utility services, namely electricity, water and wastewater». Notre source fait valoir : «Le CEB ne peut être juge et partie.» 

En attendant, l’organisme subit des pertes à hauteur de Rs 100 millions par mois… De plus, les cours de l’huile lourde et du charbon, qui font tourner les turbines pour la production d’énergie locale, ne cessent d’augmenter. Il faut savoir que le CEB utilise deux sortes d’huiles lourdes pour faire tourner les turbines de ses centrales thermiques. La 180 CST est compatible avec les moteurs de Saint-Louis et de Fort-Victoria, alors que la 380 CST est utilisée ailleurs. 

En l’espace de quelques mois, les prix de ces combustibles ont flambé. La 380 CST n’a pas été épargnée par une hausse. De plus, le coût du charbon utilisé par les producteurs d’électricité indépendants a aussi connu une majoration. Autre raison ? Le gouvernement a pioché Rs 3, 5 milliards dans les réserves du CEB pour financer des projets infrastructurels, argent qui aurait pu absorber les coûts. 

De plus, l’on fait ressortir que depuis 2010, il n’y a pas eu de révision de la grille tarifaire et d’augmentation pour ce qui est de l’électricité. Du coup, si cette majoration de 30 % se concrétise, tous les tarifs seront affectés par une hausse sauf probablement ceux tombant dans la catégorie 110 A – ce qui pour le CEB, signifie que vous bénéficiez du tarif social. C’est-à-dire que l’État vous accorde une subvention de 10 % sur votre facture. À savoir que le CEB applique une minimum charge de Rs 31 pour ces consommateurs qui sont dans la catégorie 110 A. De même qu’un tarif minimal de Rs 44 pour ceux qui sont dans la catégorie 110 B. 

Autre indice qui démontre qu’une hausse est en route : lors d’une conférence de presse, le 5 mars, le ministre des Services publics, Joe Lesjongard, qui est également le président du MSM, a annoncé que le conseil d’administration du CEB discute d’une éventuelle augmentation des tarifs de l’électricité. «En deux ans, en raison du Covid-19, le CEB a fait beaucoup d’efforts. Il a enlevé les pénalités sur les factures d’électricité. Certaines catégories de consommateurs n’ont rien payé. Je sais que le conseil d’administration du CEB se penche sur ce dossier (NdlR, coût de l’électricité). Nous prendrons en considération les familles les plus vulnérables s’il y a une hausse. Le gouvernement examinera les recommandations», avait-il déclaré. 

Fermeture des caisses 

Qui plus est, selon notre source, plusieurs projets initiés par le CEB ont grillé les comptes. Il y a, par exemple, le «smart meter» ou compteur intelligent, qui coûte entre Rs 4 000 et Rs 7 000 et qui a une durée de vie de sept ans. De plus, il y a l’installation de dix sousstations d’isolement de gaz (gas insulated substation) pour un coût total de Rs 5 milliards. Dans son rapport annuel de 2019- 2020, intitulé Powering Through The Pandemic, il est stipulé que «la collecte des recettes a été sérieusement affectée en raison de la fermeture des caisses du CEB, de Mauritius Post et de CWA, qui représentent plus de 67 % de nos collectes mensuelles totales». 

De plus, les collectes des revenus en avril 2020, qui représentent uniquement les apports de Rodrigues, le Direct Debit et d’autres canaux de paiement électronique, ont fortement diminué par rapport à février 2020, passant de Rs 1,5 milliard à seulement Rs 0,5 milliard, soit une baisse de plus de 67 %. 

Le CEB compte à ce jour 462 000 abonnés.

 

Revoir la grille 

<p>Clency Bibi, président de la <em>CEB Staff Association</em> et de la<em> General Workers Federation</em>, se dit contre une majoration du prix de l&rsquo;électricité, mais penche en faveur d&rsquo;une révision des tarifs<em> &laquo;plus juste et équitable&raquo;. &laquo;Par exemple, ce n&rsquo;est pas juste qu&rsquo;un hôtel de luxe paie pratiquement le même prix qu&rsquo;une PME. Les grandes entreprises doivent payer pour ce qu&rsquo;elles consomment, tous comme les &lsquo;gros&rsquo; consommateurs.&raquo;</em></p>

 

Lumière sur le St-Louis Gate

<p>Avec la hausse de la demande de l&rsquo;énergie au niveau national, le CEB avait décidé d&rsquo;augmenter sa capacité de production via la centrale thermique de Saint-Louis. Un appel d&rsquo;offres a été lancé en 2014 pour l&rsquo;installation de moteurs de 15 MW à la centrale. C&rsquo;est la société danoise<em> Burmeister &amp; Wain Scandinavian Contractor</em> (BWSC) qui obtient le contrat pour avoir présenté la meilleure offre. Dans cette affaire, des allégations de pots-de-vin offerts à des officiels mauriciens ont été révélées par la Banque Africaine de développement, qui a disqualifié BWSC de tout financement pour presque deux ans. Ce scandale a eu des répercussions politiques et financières et le ministre des Services publics d&rsquo;alors, Ivan Collendavelloo, a même été révoqué.</p>

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