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Parlement│Ambiance: Manhattan, Molière et «nonsense»
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Parlement│Ambiance: Manhattan, Molière et «nonsense»

On ne voit pas forcément tout à la télé. On n’entend pas tout non plus. Gestuelle, mimiques, commentaires ironiques sous le masque fusent chaque mardi à l’Assemblée nationale. Branchons le décodeur.
L’un a gardé son calme, l’autre a tiré sur tout le monde. L’attitude du Premier ministre (PM), Pravind Jugnauth, a contrasté avec celle du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, au Parlement, hier. Pourtant, le chef du gouvernement était plutôt serein pendant la Private Notice Question (PNQ) alors que le chef de l’opposition tentait de mener la vie dure au ministre des Finances, Renganaden Padayachy.
Tout comme la semaine dernière, le ministre des Finances a fait référence au passé pour répondre aux questions. Cette fois, il a évoqué la période de 2006 à 2014, quand Xavier-Luc Duval était au gouvernement. «Aret get dan rétrovizer !» lui a alors conseillé celui-ci. Faisant fi de ce conseil, pendant un long moment, Renganaden Padayachy a cité quelques mesures prises par le gouvernement auquel appartenait Xavier-Luc Duval.
À un moment, le leader de l’opposition devait même dire que le sujet de sa PNQ était si important qu’il ne comptait pas répondre aux attaques. Assis à côté, Arvin Boolell devait déposer une coupure de presse devant Xavier-Luc Duval, histoire de l’aider à donner la réplique à son vis-à-vis.
Lors des questions supplémentaires, Renganaden Padayachy a fait savoir que la Banque de Maurice est indépendante et souveraine dans ses prises de décision. «Pa mwa sa, li sa !» a alors rétorqué le leader de l’opposition. Face à d’autres questions de Xavier-Luc Duval, le ministre des Finances a tenté de noyer le poisson.
«Vous n’avez pas tiré de leçons après ce qui s’est passé à Manhattan (NdlR, Vacoas) et dans la circonscription no 12. La population veut des réponses maintenant», a ironisé le chef de file du PMSD. Et d’ajouter: «Je pose la question en français pour avoir une réponse dans cette Auguste assemblée», a-t-il balancé, en imitant l’accent de Renganaden Padayachy, qui répond aux questions dans la langue de Molière, rappelons-le. «Mo débrouyé mwa osi», insiste Xavier Duval, histoire d’en rajouter une couche.
Toutefois, au bout de 25 minutes, ce dernier finit par perdre patience, plus particulièrement quand le ministre des Finances déclare que le leader de l’opposition doit faire attention aux déclarations faites à l’encontre de la Banque de Maurice, concernant ses comptes. Agacé, le leader de l’opposition déchire alors une page d’un rapport, avec la partie comprenant un balance sheet, la brandit, en montrant qu’il a raison. «Un étudiant en senior va comprendre (…) n’importe qui va comprendre. Ce ne sont là que de simples mathématiques. Si le ministre ne comprend pas cela, retournez à l’école, mon cher…»
Ton agressif
Pravind Jugnauth demeure, pour sa part, silencieux pendant les échanges entre les deux hommes. Cependant, lorsque c’est à son tour de répondre aux questions, le ton est agressif. D’abord, face à Ehsan Juman, qui voulait savoir s’il y a une enquête contre un ministre qui a donné des directives verbales à un fonctionnaire pour l’octroi d’un contrat, comme mentionné dans le rapport du Public Accounts Committee (PAC). «J’espère que l’honorable membre jettera un coup d’œil aux standing orders pour savoir quelles sont les questions supplémentaires qui ont un rapport avec la question principale, pour ne pas venir dans cette assemblée pour dire blablabla… Al get to standing order», balance le PM. Le speaker, Sooroojdev Phookeer, devait alors soutenir le PM dans ses dires.
Par la suite, c’était au tour d’Aadil Ameer Meea de goûter à la mauvaise humeur de Pravind Jugnauth, alors que l’élu de l’opposition lui demande s’il est possible de revoir la loi pour sanctionner ceux qui sont mis à l’index dans les rapports de l’Audit ou du PAC. «Je suis vraiment surpris. L’honorable membre doit savoir comment fonctionne le PAC. S’il y a des preuves des maldonnes commises par un fonctionnaire, l’affaire doit être référée aux autorités.»
Le PM montre son agacement face à une question de Reza Uteem, qui lui a rappelé qu’aucune sanction n’a été prise contre des fonctionnaires ou ministres pour des contrats alloués pendant la pandémie. «Vous présidez le PAC, avez-vous trouvé des prima facie cases ?» lâche Pravind Jugnauth. Ce à quoi Reza Uteem a répondu par l’affirmative. «Dans ce cas, vous avez failli dans votre tâche en omettant de référer l’affaire aux autorités compétentes», lancera le PM.
Par ailleurs, le chef du gouvernement a même qualifié la question de Patrick Assirvaden de «nonsense». Le président du Parti travailliste lui avait demandé s’il encourage les membres du PAC, même ceux du gouvernement, à dénoncer les ministres trouvés responsables de gaspillage. «What nonsense are you talking about… L’honorable membre ne comprend pas le fonctionnement du PAC. C’est au président de référer l’affaire aux autorités. Vous n’êtes pas membre de ce comité. Peutêtre devriez-vous siéger sur ce comité la prochaine fois pour apprendre…»
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