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Law & Order: la police sous le feu des critiques

24 avril 2022, 16:05

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Law & Order: la police sous le feu des critiques

«Rekilé sinon nou pou servi fizi», a lancé un policier vendredi soir. Il était devant les Casernes centrales, face à une foule grandissante et de plus en plus excitée. Son annonce n’a pas aidé à calmer la situation. Mais les critiques contre la force policière s’enchaînent depuis quelque temps. Retour sur ce qui ne va pas.

Certes, tous les policiers ne sont pas concernés. Mais dans les forces de l’ordre, il y a aussi ceux qui demandent sur Facebook, «ki sa yen zot ena la pou manifesté devan enn station lapolis», arguant dans la foulée que les prix ne sont pas décidés par les policiers et que s’il était présent vendredi soir au poste de police de Camp-Levieux, «mo ti pou b*ur zot ar gaz». Il a aussi demandé que les manifestations soient faites devant les demeures des ministres au lieu des postes de police.

Hors des réseaux sociaux, la situation n’est pas toujours plus saine. À Camp-Levieux, vendredi soir, alors que les affrontements avec des manifestants avaient lieu un peu partout dans le quartier, loin de calmer la situation, certains policiers lançaient des invectives et autres grossièretés «mama» à la foule au lieu de tenter de ramener l’ordre. Devant les Casernes centrales, la situation n’était pas meilleure. La foule ne diminuait pas, et la chaîne humaine de SSU devant l’entrée tentait de maintenir le calme. À un moment, après avoir informé le public que la manifestation était illégale, un policier, armé de son porte-voix, a lancé une mise en garde. Si la foule ne se dispersait pas, il y aurait utilisation de la force, de bâtons et même de fusils. Il a fallu l’intervention d’un haut gradé pour rétablir le tort causé par cette annonce.

«Lord vinn depi lao»

La situation avait commencé à créer une frustration depuis un certain temps déjà. Il y a quelques semaines, des conseillers et le président du village de Plaine-Magnien ont été arrêtés pour outrage à ministres, et ce, même si Bobby Hurreeram a affirmé que la plainte concernait des propos sectaires. Par la suite, Nazim Gurib, le président du village, a vu sa couverture et son oreiller repris au milieu de la nuit car «lord vinn depi lao». Les mêmes ordres l’ont aussi privé de nourriture. Quelques jours après, Shahil Budhooa, un travailleur social de Vacoas, était arrêté car il était soupçonné d’avoir traité le maire de la ville de «gopia». Lorsqu’il a été interpellé, aucune charge n’avait encore été formulée contre lui. Mais à côté, bon nombre de Mauriciens se demandent comment et pourquoi d’autres personnes, certains ne cachant pas leur proximité avec le pouvoir et les lobbies sectaires, tiennent des propos communaux ouvertement et massivement partagés sans qu’ils ne soient inquiétés.

Puis, cette semaine, dans le cadre des tensions à Camp-Levieux, deux arrestations ont choqué le public. Tout d’abord, mercredi, Rosy Tranquille, une habitante de la région, a été violemment malmenée devant les caméras par les policiers alors qu’elle cherchait simplement son fils de 10 ans. Puis, vendredi, Darren l’activiste, selon ses avocats, a été victime de brutalité policière lorsqu’il a été arrêté. Les taches de sang sur ton T-shirt attestent les dires. Il faut noter que de tels agissements ne datent pas d’hier. Dans son livre Cachotteries, propos d’outre-geôle, Jean-Marie Richard fait état du harcèlement et de la brutalité policière dont il a été victime depuis 2009 alors qu’il avait sollicité l’assistance policière pour faire exécuter un ordre de la Cour. «… telle une horde de janissaires, ils ont fait illégalement irruption dans notre propriété, m’ont abusivement arrêté, agressé pour prétendre par la suite le contraire…». L’enquête pour brutalité policière est toujours en cours.

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