Publicité

Subron défie le CCID: «Que la police m’arrête s’il est illégal de tap deski ek kalchoul»

21 mai 2022, 13:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Subron défie le CCID: «Que la police m’arrête s’il est illégal de tap deski ek kalchoul»

Le porte-parole de Rezistans ek Alternativ semblait ému, mais lucide, quand il a pris la parole hier aux abords des Casernes centrales. Le CCID venait d’interroger un autre membre du parti, qui avait participé à l’opération «deksi-kalchoul». Comme Subron, Stefan Gua a gardé son droit au silence face aux policiers, mais une fois dehors, ils se sont lâchés. Et, il faut concéder que, face à leurs arguments, l’enquête de la police semble… ridicule.

«Andan, divan bann gard nou pa pou kozé, nou pou koz deor ar Lepep», a lâché Stefan Gua aux journalistes à la sortie des Casernes centrales, hier après-midi. Ce militant de Rezistans ek Alternativ (ReA) venait d’être interrogé par l’unité suprême des enquêtes de police – le CCID – sur ce qui n’était, techniquement, même pas une manif en… 2017 !

Le 17 jan 2017, des Pro-MSM envahissent la Place d’Armes pour féliciter PKJ, qui accède au poste de PM...

Le 11 février de cette année-là, des membres de ReA avaient occupé des bancs du Jardin de la Compagnie à Port-Louis pour protester contre la passation de pouvoirs de sir Anerood Jugnauth à son fils Pravind, le 23 janvier 2017. «Bann ki ti vinn ar bandrol soléy dan plas darm sa zour-la, zot ti éna drwa vini. Nou ousi ti éna drwa paréy kouma zot» a fait ressortir Ashok Subron avec verve. «Nous sommes le 20 mai et nous sommes les héritiers du combat qu’ont livré nos parents en mai 75. (NdlR : la grande manif estudiantine qui allait, entre autres, aboutir à l’éducation gratuite et l’élimination de l’élitisme dans l’attribution des bourses)».

Cinq ans après, le CCID veut inculper des membres de ReA pour cela. Stefan Gua (à dr.) avec son avocat, hier, à la sortie des Casernes centrales.

Le porte-parole de ReA invoque ainsi son droit d’exprimer son désaccord, tout comme ceux qui s’étaient réjouis de l’accession de Pravind Jugnauth au poste de Premier ministre, grâce à la «semi-démission» de son défunt père. Aujourd’hui, dénonce Subron, Pravind Jugnauth tente d’instaurer un climat de peur en envoyant la police aux trousses de ceux qui s’expriment contre le régime et ses dérives. «Morisien bizin pa pér. Dir ki ou pa dakor sé ou drwa» dit-il. Il rappelle que le Lordmaire avait refusé en 2017 de leur accorder la permission pour une marche pacifique «parski li pa ti dakor ar nou». «Le régime totalitaire de Pravind Jugnauth a commencé dès son intronisation», fait ainsi remarquer Subron. «Parski li pa dakor ar nou, li pa donn nou permision, ek kan nou asizé nou pa manifesté, avoy la polis ar nou ! Sé sa Pravind Jugnauth !»

En fait, le 11 février 2017, des membres de ReA s’étaient munis de casseroles et deksi, qu’ils ont tapé avec des kalchoul (spatule en métal). À ce sujet, Ashok Subron et Stefan Gua défient le CCID : «Nou dimann la polis vinn arét nou, ferm nou déswit, si pa gagn drwa asiz dan zardin ek enn deksi ek enn kalchoul ! Zot kapav arét mwa, ferm mwa. Mé nou drwa konstitisionel pou kozé ek dir ki nou pa dakor, sa zot pa pou kapav arét li.»

Depuis l’année dernière, les membres de ReA se sont rendus au CCID plusieurs fois, mais pour une tout autre raison. Ils avaient soumis les Kistnen papers (NdlR : un agenda de l’ex-agent du MSM qui explique comment les dépenses électorales du Premier ministre ont largement dépassé le plafond légal) au commissaire électoral. Celui-ci a référé le cas à la police ; et ils sont donc devenus des témoins dans cette affaire qui cible Pravind Jugnauth. «Il y a possiblement là une fraude électorale, au-delà de la dimension criminelle avec l’assassinat de Kistnen. Au lieu de s’intéresser à cela, voilà ce que fait la police», se désole Stefan Gua.

Publicité