Publicité
Aamédée Darga, Président d’Enterprise Mauritius et co-président du MTSP
Par
Partager cet article
Aamédée Darga, Président d’Enterprise Mauritius et co-président du MTSP

L’année 2009 a été celle de la crise, comment se présente 2010 pour les entreprises mauriciennes ?
Les feed-backs que je recois des chefs d’entreprises vont dans le sens d’un bon moral, de bonnes dispositions et de bonnes perspectives pour 2010.
Les exportateurs souhaitent une dévaluation de la roupie, ou du moins une baisse des taux de la Banque de Maurice (BoM), est-ce une demande réalisable ?
C’est une demande qui revient regulièrement depuis des années. Le ministre des Finances a bien expliqué, lors du dîner de la Mauritius Export Association (MEXA), mercredi dernier, que les pouvoirs publics ont un rôle d’équilibre entre les impératifs économiques.
Il a aussi expliqué comment certains ralentissements volontaires de rentrées de devises pour des emprunts ont aidé à éviter de pousser encore plus à l’appréciation de la roupie. Et puis, les facteurs externes tels la valeur de la livre sterling, tributaire de la santé de l’économie britannique, ne dépend pas des décisions prises à Maurice. Cela dit, il est vrai que les entreprises sont fragilisées en ayant moins de roupies pour leurs exportations.
 Que pensez-vous des «swaps» mis en place par la BoM ?
Les opérateurs pensent que c’est une très bonne chose. A la banque de Maurice, l’on indique qu’il y a quand même trente millions de dollars de swaps qui ont été utilisés, excluant des opérations à très courts termes, soit Rs 1 milliard sur les 3 milliards disponibles.
Vous dénoncez souvent les freins au développement du commerce régional, quels sont ces freins ?
C’est essentiellement une affaire de volonté des divers acteurs concernés, tant privés que publics, et la mise en application d’un mode operatoire approprié pour le marché. Sinon, c’est aussi la nécessité de mettre en place les moyens logistiques tant aériens que maritimes.
En mars 2009, vous avez signé un accord de coopération avec UBIFRANCE, quels en sont les premiers résultats ?
Un chargé de mission UBIFRANCE opère déjà depuis six mois à Enterprise Mauritius. Il apporte un savoir-faire certain, notamment pour le développement des marchés pour les entreprises mauriciennes.
Il forme nos cadres, afin que ceux-ci soient plus efficaces dans l’organisation de la participation des entreprises dans les foires internationales. Avec son aide, nous allons aussi améliorer notre service de market intelligence, pour les entreprises sur nos marchés traditionnels et les nouveaux marchés, sur lesquels nous voulons créer des ouvertures, tels l’Italie, l’Australie, le Japon ou l’Inde.
Vous venez de signer un protocole d’accord commercial avec les Etats-Unis. Sur quoi cela va-t-il déboucher ?
Ce protocole a été signé avec l’Eastern Africa Trade Hub de USAID et le programme COMPETE. Cela porte surtout sur le soutien technique et le renforcement des capacités autant d’Enterprise Mauritius que des entreprises, pour mieux accrocher et vendre sur le marché americain. Cela impliquera plus précisément l’aide américaine pour la participation dans les foires, l’organisation des missions de contact vendeursacheteurs, l’organisation des activités de promotion commerciale dans la région est et australe de l’Afrique, la mise en place d’un comptoir de contact commercial Maurice – Etats Unis, entre autres.
Vous soutenez le «branding» des entreprises mauriciennes sur les marchés étrangers en quoi cela consiste-t-il ?
Enterprise Mauritius est convaincu que Maurice devra de plus en plus lancer des «value products» dans des marchés de niches. Le branding est une marque de distinction qui tire le produit et ajoute de la valeur.
Vous paierez 50 % plus cher votre petit pot de miel quand le produit est marqué Fauchon. Le branding ça peut être aussi une AOC (appellation d’origine controlée). Nous avons démarré depuis deux ans, en apportant une contribution de Rs 1 million à cinq entreprises pour leur permettre d’enclencher cette démarche, qui doit être totalement orientée à l’exportation. Dans quelques années, il faudra que Maurice ait une douzaines de marques qui soient reconnues, et qui gagnent sur les marchés internationaux.
Vous êtes co-président du «Mechanism for Transitional Support to the Private Sector» (MTSP). Pouvez-vous tirer un premier bilan de votre action ?
Le MTSP n’est pas seulement là pour le sauvetage des entreprises en difficulté. C’est aussi la conception et la mise en place de nouveau schemes, comme le Leasing Equipment Modernisation Equipment Scheme (LEMS). De décembre 2008 à ce jour, nous avons tenus plus de 170 réunions. Nous
sommes satisfaits des 13 entreprises et des quelque 4 000 emplois que nous avons sauvés.
Nous sommes heureux d’avoir mis en place le LEMS, qui, en quelques mois, a souscrit plus de Rs 255 millions pour la modernisation des moyens de production de 155 entreprises. Nous nous félicitons que la Compagnie française pour le commerce extérieur (COFACE) offre maintenant, avec le soutien du gouvernement, une assurance contre les impayés pour nos exportateurs, qui pourront par là même utiliser cet instrument pour se faire financer par les banques, pour le working capital requis pour l’exécution des commandes.
Nous sommes cependant frustrés en raison des longues tractations avec les banques pour résoudre chaque cas. Le fait que, dans le cas de World Knits, dont l’accord fut signé en mars 2009, la banque n’avait toujours pas contribué à sa part de burden sharing fin fevrier nous choque. Nous sommes
aussi frustrés de ne pas voir se réaliser l’engagement des banques pour le sauvetage des petites et moyennes entreprises en difficulté, malgré les Rs 300 millions promises.
Peut on encore sauver «RS Denim» ?
RS Denim est une usine qui peut avoir de l’avenir, et qui a toute son importance dans l’intégration de la filière textile – habillement notamment – dans les créneaux des denims. Sa fermeture entraînerait des effets cascades pour certaines autres entreprises. C’est pourquoi le MTSP y a injecté Rs 38 millions, et a donné une garantie de Rs 30 millions pour assurer son fonctionnement au cours des derniers mois. Au vu du non aboutissement des discussions avec les institutions financières concernées, nous avons eu recours au mécanisme de l’Administration Volontaire sous l’Insolvency Act proclamé en juin 2009.Un repreneur potentiel s’est présenté pour l’usine, mais les banques ont décidé d’attendre, en se disant que dans quelque temps, l’usine vaudra plus. Une des banques dont le décideur est à Londres bloque cependant systematiquement toute avancée.
 Propos recueillis par Pierrick Pédel
Publicité
Publicité
Les plus récents




