Le député mauve se dévoile. Sans langue de bois, il nous parle de son combat contre le fléau de la drogue, des objectifs de son parti et du remake. Rencontre.

En devenant député, vous aviez une idée de ce que vous vouliez faire. Aujourd’hui, pensez- vous que vous avez été à la hauteur de vos propres attentes ?

Oui. Je m’étais fixé des objectifs. Et, après deux ans, à travers mes interventions et questions, je pense l’avoir fait. Je laisse le soin à mes mandants d’en juger. Je suis pleinement satisfait de mon travail. Le combat contre la drogue était un de mes objectifs, mais il me déçoit. Je dis haut et fort qu’il n’y a pas de volonté politique pour mener cette guerre à Maurice. Depuis que je suis député, j’ai posé plusieurs ques-tions au Premier ministre à ce sujet. Je suis déçu et choqué par son refus d’instituer, à nouveau, une commission d’enquête.

En tant que jeune député, êtes-vous à l’aise avec les fréquents changements de cap de votre leader ?

Mon leader a été constant dans ses déclarations. Au MMM, c’est avant tout une affaire de programme. C’est- à- dire, la consolidation de la démocratie, de l’économie, de l’unité nationale et la lutte contre la corruption. Pour une île Maurice meilleure, bref, une autre île Maurice. Ce sont les valeurs du MMM, qui sont restées intactes.

Ce sont ces choses- là qui m’ont attiré vers ce parti et, aujourd’hui, j’y suis parfaitement à l’aise.

Mais quel est le parti politique représenté au Parlement qui ne défend pas ces valeurs...

Il y a des partis qui parlent beaucoup, mais qui font le contraire. Le renvoi, à plusieurs reprises, des élec-tions municipales est inacceptable. C’est un viol de la démocratie.

On parle de réforme électorale, qui est la consolidation de la démocratie, alors que les élections libres, c’est le fondement de la démocratie. Au MMM, l’on a give it a good try. On croit que le système est injuste et qu’il faut le changer. On était sérieux.

C’est le PTr qui a renvoyé les élections, mais vous êtes allés discuter avec ce parti pour consolider la démocratie.

Nous avons uniquement discuté de la réforme électorale et de la II e République.

Depuis deux ans, on a toujours insisté pour que ces élections soient organisées dans le plus bref délai.

Je vais plus loin, sans engager le parti : si Navin Ramgoolam renvoie encore les élections, nous, les jeunes, devons descendre dans la rue.

Aviez- vous envisagé une alliance avec le PTr ?

Non. Les discussions portaient uniquement sur la réforme électorale et la II e République.

Les rumeurs allaient tout de même bon train…

Il y a eu beaucoup de rumeurs et de spéculations, effectivement. Il y a eu différentes réactions, et cela a varié d’un endroit à un autre.

N’est- ce pas le « timing » qui a déclenché ces rumeurs ? Car c’est pendant la période cooling off qu’on a entendu parler de discussions…

Il y a eu certains événements qui se sont produits et qui ont fait que le remake 2000 est passé par un moment difficile. Il a eu des maladresses des deux côtés. Mais, il y a eu la rencontre de mercredi. Tout a été aplani et clarifi é. Maintenant que tout cela est derrière nous, on fonce. And we go for the kill .

Dans le cadre d’un éventuel rapprochement entre le MMM et le PTr, vous sentez- vous capable de travailler avec les Rouges ?

Je me sens à l’aise tant qu’il y a Paul Bérenger à la tête. J’ai une totale confiance en lui. C’est un démo-crate, quelqu’un qui a un passé, un combat. Il a fait la grève, de la prison. En tant que jeune, cela m’attire.

Dans la vie, il n’y a pas que le pouvoir. Il faut avoir des principes, de la dignité et de l’honneur. Je re-trouve toutes ces valeurs dans le leader.

Il a dit, à un moment, être très proche du PTr et plus éloigné du MSM. Qu’est- ce qui a changé entre ce moment- là et maintenant ?

En effet, le MMM est sur la même longueur d’onde que le PTr en ce qu’il s’agit de la réforme électorale et de II e République. Mais le MSM, surtout SAJ, ne croit pas en la II e République. Par la suite, Ramgoo-lam a tout remis en cause, dont le Best Loser System ( BLS). J’admire le courage de Bérenger qui, lui, a été constant sur le BLS. Alors que le PM va trouver un prétexte pour se dérober.

Pourquoi ?

Je pense qu’il subit la pression des lobbies conservateurs. Et là, je rejoins la députée rouge, Nita Deer-palsing, qui avait dit qu’il ne faut pas se laisser influencer par ces groupes dans une île Maurice séculaire.

Je crois qu’elle doit rappeler cela à son PM.

Ce n’était pas une ruse de Navin Ramgoolam pour diviser le « remake » ?

Pas du tout. Jamais le remake ne s’est défait. Il y a eu des moments difficiles à cause d’une mauvaise communication, mais tout a été clarifié. Si Navin Ramgoolam croit avoir affaibli le remake, il n’a qu’a or-ganiser les municipales. Je n’ai pas de doute sur le fait que le remake est un winner . Porlwi pu ena enn bate toufe

Le « remake » a- t- il vraiment eu l’effet escompté ?

Quand vous avez en face de vous un pouvoir corrupteur… On a vu les transfuges, qui ont été guidés par l’appât du gain.

Personne n’a quitté l’opposition sans devenir ministre ou PPS. Je pense que les municipales seront un déclic. Ramgoolam ne pourra pas tenir la pression.

Les gens vont le déserter. Le vrai test, ce sera les municipales.

Comment vendre un meeting de l’alliance MMM- MSM après la cooling off period ?

Il faut redresser et sauver le pays. Il faudra un leadership fort, sérieux et discipliné.

Les thèmes ne manquent pas : le rapport de l’audit, la corruption ambiante. He is buying time. But we will get him at the corner.

Nous sommes dans la même configuration qu’entre 1997 et 2000. On disait que Navin Ramgoolam avait divisé l’opposition, mais quand les élections sont arrivées, l’alliance MSM- MMM l’a balayé. On doit se doter des meilleures compétences pour faire face à la crise, or là, on fait le contraire.

Le Parlement n’a travaillé que deux mois sur dix.

Vous voyez- vous candidat d’une alliance MSM- MMM en 2015, avec SAJ présenté comme PM à 85 ans ?

Pourquoi ne pourrait- il pas se présenter à cet âge- là ? Tant qu’il est en bonne santé et qu’il peut assu-mer ses fonctions. Il ne faut pas oublier qu’il a servi le pays avec rigueur.

Il a été Premier ministre pendant 16 ans ! Il est un homme de parole, de conviction. La paire Bérenger- SAJ a certaines caractéristiques communes.

Et le tandem Bérenger- Ramgoolam ?

Il faut définir les rôles. Tant que Paul Bérenger sera là, pour moi il n’y a pas de souci. Je sais que les idéaux du MMM séront appliqués.

Vous voulez dire qu’une alliance rouge- mauve n’est possible que dans le cadre d’une II e République ?

C’est de la politique- fiction. Tout nous sépare. Le MMM est le plus grand parti politique du pays. Nous sommes le seul parti à n’avoir jamais subi un 60- 0. Aux dernières élections, seuls contre le PTr, le MSM et le PMSD, contre la force de l’argent, de l’appareil d’Etat et la MBC, nous avons réalisé un score de 44 %. Donc, aujourd’hui, quand il s’agit d’alliance, c’est parfaitement légitime que ce soit le MMM qui soit le driver .

C’est donc le MMM la locomotive du « remake » ?

C’est ma conviction personnelle et j’en ai donné les raisons. Des fois, j’entends parler de partage de tic-kets, soit 35- 25, en défaveur du MMM. C’est inacceptable.

Pensez- vous qu’avec les éternels dinosaures des différents partis politiques, un jeune comme vous puisse faire ses preuves ?

J’ai le champ libre pour faire mon travail dans la circonscription, de poser des questions au Parlement. Je m’exprime de manière libre au Bureau politique. Et j’ai l’écoute du leader. Mais je n’aime pas le terme dinosaures. L’équipe du MMM est un joli mélange d’anciens et de nouveaux.

Pensez- vous à l’après- Bérenger ?

Pas encore. Je souhaite qu’il soit là aussi longtemps que possible.