Nandanee Soornack aurait confié à Pravind Jugnauth qu’elle était la maîtresse du Premier ministre. Et, Navin Ramgoolam aurait confirmé l’information à Pravind Jugnauth, en précisant que Nandanee Soornack était «une de ses copines». Mais Ramgoolam parle de «fabrications».

C’est ce qu’a allégué le leader du MSM dans sa déposition à la police, le 3 janvier. Interrogé par l’express hier, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a déclaré que les allégations de Pravind Jugnauth ne sont que des «fabrications». C’est un «tissu de mensonges», a-t-il ajouté.

Cette déposition de Pravind Jugnauth – que le juge Eddy Balancy a refusé, hier, de mettre de côté, contrairement à ce qu’a demandé l’avocat de Nandanee Soornack, Yousuf Mohamed –, vient expliquer pourquoi la vie privée de l’activiste rouge est d’intérêt public. L’argument de Pravind Jugnauth est que c’est la proximité de Nandanee Soornack avec le Premier ministre qui est à la base de son succès financier. La conversation alléguée aurait eu lieu le samedi 19 février 2011 alors que le MSM était en alliance avec le Parti travailliste (PTr). Ce jour-là, avait lieu la célébration des 75 ans du PTr au centre Swami Vivekananda, à Pailles.

Pravind Jugnauth a expliqué que le Premier ministre lui avait déjà dit, à ce stade, de «porter une attention particulière à certains dossiers». Et, de donner une «considération spéciale aux projets de Doomeswarsingh Gooljaury et de Nandanee Soornack puisque c’étaient des proches à lui». Il allègue que Navin Ramgoolam lui a donné des «instructions» pour qu’en tant que ministre des Finances, il mette fin à un contrat qu’avait la compagnie Heinemaan avec la Mauritius Duty Free Paradise Ltd cette compagnie étrangère fournissait des produits duty free à l’aéroport. Toujours selon Pravind Jugnauth, Navin Ramgoolam lui aurait dit que la firme Heinemaan «payait une commission mensuelle» à un ancien ministre des Finances.

C’était une des raisons mises en avant pour encourager Pravind Jugnauth à mettre fin au contrat. Le Premier ministre aurait ajouté que Gooljaury allait se mettre en partenariat avec une firme étrangère et que le contrat devait leur revenir.

Le leader du MSM affirme ne pas avoir été très à l’aise avec cette demande. Il aurait conseillé au Premier ministre d’attendre qu’un exercice d’appel d’offres en bonne et due forme soit lancé. «Le Premier ministre était assez vexé et il m’a dit que je devrais faire le nécessaire car le projet allait bénéficier à Nandanee Soornack».

Pravind Jugnauth affirme que Gooljaury avait pris plusieurs rendez-vous avec lui – les dates peuvent être vérifiées au bureau du ministère des Finances, dit-il. Il ajoute qu’il retardait intentionnellement le rendez-vous, jusqu’au jour où le Premier ministre «est personnellement intervenu pour me dire qu’il fallait que je reçoive Gooljaury en toute urgence».

Quand finalement la rencontre Gooljaury-Jugnauth a lieu, l’homme d’affaires aurait fait comprendre à Pravind Jugnauth que le Premier ministre avait déjà donné son feu vert pour aller de l’avant avec le contrat avec la Duty Free Paradise et que «Nandanee serait bouleversée si celui-ci ne lui est pas octroyé».

Le leader du MSM fait aussi référence à l’affidavit juré par l’ex-mari de Nandanee Soornack, Sanjive Oogarah, lors du procès de divorce, qui a été instruit un mois après la victoire électorale de Navin Ramgoolam en 2005. Et, alors que Nandanee Soornack n’a pas étudié au-delà de la Form IV et qu’elle était vendeuse à Jaulim Plaza, elle se met subitement à voyager énormément à partir de 2003, l’époque à laquelle elle a rencontré Navin Ramgoolam.

Une série de témoignages de Sanjive Oogarah, dans sa pétition de divorce, démontre, selon Pravind Jugnauth, que c’est au contact de Navin Ramgoolam que Nandanee Soornack s’émancipe financièrement. La femme d’affaires vit désormais dans une maison luxueuse à Floréal et continue d’étendre son empire avec l’aide de Gooljaury.