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Ali Mansoor : Assistant directeur du FMI pour l’Afrique «Place aux valeurs familiales»
10 novembre 2013, 08:20
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Ali Mansoor : Assistant directeur du FMI pour l’Afrique «Place aux valeurs familiales»

Ali Mansoor, l’ancien secrétaire financier, s’apprête à opérer un retour à ses sources professionnelles auprès du Fonds monétaire international où il agira cette fois comme assistant directeur pour l’Afrique. Mais contrairement aux missions passées qui l’ont souvent tenu éloigné des siens, il entend cette fois vivre à fond ses valeurs familiales.
On a beau tenter d’orienter Ali Mansoor vers le ministère des Finances où il a occupé pendant huit ans le poste de secrétaire financier mais l’homme n’en démord pas : ce sont ses valeurs personnelles qu’il veut surtout évoquer. «Il est bon de prendre de la distance des choses. La vie continue et il y a toujours des choses très intéressantes à faire», déclare cet homme de 56 ans, fi ls aîné des médecins Iboo et Jutta Mansoor.
Loin de considérer les différences religieuses entre son père, qui a baigné dans la foi islamique, et sa mère, une Autrichienne de confession juive, –qui a failli compter parmi les victimes de l’Holocauste si son père n’avait eu la présence d’esprit de lui faire fuir l’Allemagne en 1933 –, il apprend d’eux l’ouverture, la tolérance, la compassion et le pardon. «Ce qui explique que je sois contre le racisme, le communalisme, l’exclusion ou la supériorité».
Les Mansoor s’installent à Maurice quand leur aîné a un an. Bien que ses résultats de cycle primaire lui ouvrent les portes du Collège Royal de Curepipe, sa mère préfère le Collège du St Esprit où l’on met l’accent tant sur le côté académique que sur les activités extrascolaires. Là, deux hommes marquent Ali Mansoor : le père Adrien Wiehe, le recteur qui lui apprend la rigueur et l’honnêteté intellectuelle, et le père Eamon Mansfi eld, qui lui fait découvrir l’univers des sciences. «Il m’a fait comprendre que le Créateur nous a légués un monde merveilleux et un esprit pour le comprendre mais que personne ne détiendrait de vérité absolue».
Ses résultats de Form V sont si bons que sa mère insiste pour les envoyer à Millfield, un collège anglais où l’on pousse les élèves à développer leur potentiel et leurs talents propres. Il y est accepté. C’est son cousin, Mahmood Mansoor, chargé de cours en économie auprès de l’université de Maurice, qui va infl uencer son choix de carrière. «Mes parents m’ont encouragé à trouver ma propre voie. Mon cousin parlait beaucoup d’économie et cela m’intéressait. Et puis, les valeurs transmises par mes parents et mes enseignants allaient dans le sens qu’il fallait apporter une contribution au monde, qu’il faut améliorer la façon dont l’État gère ses ressources afin d’améliorer la vie des gens. J’ignore si j’ai été compris pendant tout le temps que j’étais aux Finances mais ce qui est important, ce n’est pas l’économie mais le social. Mais pour faire du social, il faut avoir les moyens. Mes parents avaient ces valeurs socialistes modernes.»
Il entame une licence en économie auprès de la London School of Economics (LSE). S’il trouve les matières qu’il étudie, notamment les mathématiques économiques et l’économétrie intellectuellement stimulantes, il est davantage intéressé à mettre en place des politiques qui feraient mieux fonctionner une société. Il en parle à son professeur, lord Desaï, qui lui conseille de compléter ses études au Kennedy School of Government près de Boston aux États-Unis. Il postule et obtient une bourse pour y faire sa maîtrise en public policy. «J’aime penser qu’à la LSE, j’ai appris ce qui est désirable et au Kennedy School of Government ce qui est faisable. Si j’ai pu naviguer huit ans dans la bureaucratie mauricienne, c’était grâce à ce que j’ai appris au Kennedy School of Government. La navigation est toujours difficile quand on essaie d’apporter des changements.»
Il entame un doctorat en public policy qu’il ne termine pas car un poste se libère au Fonds monétaire international (FMI) et il réussit l’entretien. C’est là, dit-il, qu’il apprend la macroéconomie. «Le FMI est bien organisé, bien structuré et si on veut apprendre, on apprend beaucoup et vite.» Il y reste six ans avant d’accepter une offre de Michael Sarris, chef de division pour l’Afrique auprès de la Banque mondiale (BM).
Le défi qui lui est posé est comment intégrer les aspirations de l’intégration régionale avec les analyses de la BM qui vont dans le sens de la nécessité pour les pays de s’ouvrir à l’économie mondiale. Dans son rapport, Ali Mansoor parle d’une open regional integration, signifiant qu’il faut que les pays s’intègrent d’abord avant de s’intégrer dans l’économie mondiale. La BM a du mal à appliquer cette politique. La Commission européenne montre un intérêt pour l’idée et pendant trois ans, Ali Mansoor est envoyé à Bruxelles où il fait avancer l’idée du cross-border initiative. Maurice y participe. «Je dois reconnaître le leadership intellectuel de Rundheersing Bheenick, qui est une des plus grandes intelligences que Maurice possède. Il avait une bonne appréciation stratégique des choses. Mais la BM n’a jamais voulu financer cette initiative.»
Michael Sarris nommé directeur pour l’océan Indien lui demande d’être son économiste pour Madagascar et de mettre en place le premier programme de soutien budgétaire sous le premier gouvernement démocratique d’Albert Zafy. Ali Mansoor négocie dur en faveur de l’intégration régionale et de l’ouverture de Madagascar sur le monde. Il obtient à l’arraché que des visas soient délivrés à l’entrée. «C’est ce qui a poussé ce pays à se mettre sur la voie de la croissance.»
Pendant les deux années qui suivent, il est à la disposition du Common Market for Eastern and Southern Africa (COMESA) et est basé au Zimbabwe. Il lance l’idée de l’Africa Trade Insurance Agency mais qui n’intéresse pas grand monde, si ce n’est le Kenya, et le REPS, un système de paiement que le gouverneur de la Banque centrale de Maurice, Rundeersing Bheenick, gère pour le COMESA.
De retour à Washington, la BM le détache et l’envoie en Indonésie et en Russie. Après deux ans, il se laisse tenter par une proposition du FMI qui met en place un bureau d’évaluation indépendant et il y est Senior Economist. Sa responsabilité est d’étudier la façon dont le FMI traite les fi nances publiques dans ses programmes et son intervention en Indonésie.
Il accepte ensuite une offre de Chief Economist pour l’Europe et l’Asie centrale de la Banque mondiale pour organiser son bureau et mettre en place le cadre de sa politique pour le soutien à cette région. Les pays de l’Est tombent sous sa responsabilité. Lorsqu’il commence la rédaction de son rapport, il est approché par Rama Sithanen, qui est alors ministre des Finances, pour être son secrétaire financier. S’il accepte, c’est parce qu’ils partagent les mêmes valeurs et la même vision. «Rama voulait faire du social à travers l’économie et c’est aussi ma vision. Et puis, c’était une occasion de travailler pour mon pays. Nous avons pu le faire grâce au soutien du Premier ministre.»
Il avoue avoir apprécié les deux successeurs de Rama Sithanen, à savoir Pravind Jugnauth et Xavier-Luc Duval qui ont appliqué une «politique de continuité. C’était la même ligne d’action où je me sentais confortable». Répondant aux critiques voulant faire accroire qu’il n’a fait que balancer les comptes, Ali Mansoor se défend en disant que Maurice n’aurait pas obtenu une reconnaissance internationale de plusieurs instances dont le Programme des Nations unies pour le développement et Mo Ibrahim, pour ne citer que ceux-là, rien que sur la base d’un exercice de balance des comptes.
Il insiste que s’il repart à Washington, c’est pour faire plaisir à son épouse Maria qui veut profiter de leur petit enfant, Eli, âgé d’un an, fils de leur fille Yael, 27 ans, qui est neuropsychologue. Leurs deux autres enfants, à savoir, Micha, 29 ans, qui a lancé un style de musique intitulé «djent», et Axel, 21 ans, qui étudie la musique, sont aussi aux États-Unis. «Maria m’a toujours soutenu et a apporté la stabilité familiale. J’ai fait beaucoup d’erreurs et sans son soutien, celles-ci seraient restées sans correction. Si le job proposé par le FMI était ailleurs qu’à Washington, j’aurais peut-être refusé mais ce qui a été déterminant, c’est l’aspect des retrouvailles familiales. Si je n’avais pas suivi ses désirs de grand-mère, peut-être que j’aurais été un homme battu», dit-il dans un grand sourire et avec un clin d’oeil.
Il n’écarte pas la possibilité de retourner travailler à Maurice. «Ma philosophie est de tout regarder avec un esprit ouvert. Tout dépendra des circonstances…»
Il insiste que s'il repart à washington, c'est pour faire plaisir à son épouse maria.
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