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Anil Gayan: «Il ne faut pas sous-estimer la capacité de réflexion de l’électorat»
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Anil Gayan: «Il ne faut pas sous-estimer la capacité de réflexion de l’électorat»

Comment analysez-vous l’évolution de la situation politique de ces derniers jours?
Mon premier constat a trait à la réunification des bleus. La manière dont cela s’est fait démontre une décomposition et une putréfaction inacceptables de la classe politique. Cela va encourager le refus ambiant des jeunes à s’intéresser et à s’engager en politique. Cette réunification vient, en quelque sorte, consacrer le concept de «rodeur boute». Si on entend aujourd’hui Xavier Luc Duval encenser son père, Sir Gaëtan Duval, il ne faut pas oublier que, dans une interview il y a quelques années de cela, il avait déclaré qu’il avait honte de porter le nom «Duval».
Le pouvoir en place, pour sa part, a instauré deux éléments durant ces quatre dernières années et qui est encore en place à ce jour. D’abord, il y a eu ce terrorisme intellectuel et institutionnel avec la stratégie «lev paké alé». Ensuite, il y a eu l’instauration d’une mentalité de «rodeur boute». Ces deux éléments violent le concept même de la démocratie. Si vous n’appartenez pas à la mouvance gouvernementale, vous ne pouvez rien espérer de l’Etat. Cela oblige les gens à mendier en échange d’une allégeance sans conditions.
Il n’empêche que ce pouvoir semble être très populaire…
En effet, il règne, en ce moment, un sentiment particulier. Les gens ont l’impression que les jeux sont faits et que l’Alliance sociale a déjà remporté les prochaines législatives. Je ne pense pas qu’il faille ainsi sous-estimer la capacité de réflexion et d’analyse de l’électorat mauricien. Il est prouvé que le citoyen Mauricien est silencieux et tout le monde a tendance à encenser le pouvoir en place et, cela, jusqu’à la veille des élections. Je prends pour exemple les législatives de 1982 mais il y en a d’autres. Pour ma part, je souhaite et je pense qu’il y aura, au moment voulu, un sursaut de dignité qui va démontrer qu’on ne peut perpétuellement prendre la population pour un paillasson. Le peuple est, dans ce cas et il ne faut pas l’oublier, impitoyable.
Cependant, il semblerait que l’opposition n’arrive pas à carburer comme il se doit pour défier le pouvoir. Qu’en pensez-vous?
Si j’étais à la place du leader du MMM, je n’aurais pas dévoilé ma liste de candidats maintenant. C’est un fait qu’en politique, l’élément de surprise vaut son pesant d’or. Il aurait pu désigner des candidats potentiels pour aller travailler les circonscriptions mais pas rendre officielle sa liste. Il est en train de créer des frustrations prématurées. On se souvient de l’épisode Abdullah Hossen et maintenant de celui de Maurice Allet. Le MMM aurait pu faire l’économie de ces remous. D’autre part, il donne l’occasion au pouvoir en place de créer encore plus de remous en essayant de débaucher les frustrés et aigris. Sans mettre en doute l’intégrité des candidats mauves, le pouvoir en place peut aussi faire des offres tellement alléchantes que le MMM pourrait perdre des éventuels candidats. D’ailleurs, je pense à un exemple concret. Celui d’une personne qui était pressentie pour être candidat au No. 13 et qui, finalement, s’est rapprochée de l’Alliance sociale.
Donc selon vous, la situation va encore évoluer?
Nous savons tous qu’en politique, nous avons besoin d’un gouvernement comme d’une opposition. J’aurais souhaité plus de clarté de la part du MMM ainsi que des autres partis quant à leur stratégie future. Le peuple n’acceptera pas un revirement de casaque de dernière heure juste pour contrer le pouvoir en place. Plus de transparence serait, à mon avis, plus saine.
 
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