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Anne-Marie Idrac, secrétaire d’Etat française chargée du Commerce extérieur
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Anne-Marie Idrac, secrétaire d’Etat française chargée du Commerce extérieur

«Le développement durable et le tourisme sont des opportunités de coopération»
Arrivée ce matin à Maurice pour une visite marathon, Anne-Marie Idrac passe en revue le partenariat France-Maurice. Le point dans un entretien exclusif accordé à «l’express».
En mars 2009, «UBIFRANCE » et «Entreprise Mauritius» signaient un accord de coopération. Quels en sont les premiers résultats ?
L’idée de ce programme est de permettre à Enterprise Mauritius de bénéficier du savoir-faire de son homologue français dans l’internationalisation des entreprises, et notamment des PME.
Le partenariat, conclu en mars 2009, est entré dans sa phase active en octobre avec l’arrivée, au sein d’Enterprise Mauritius, d’un chargé de mission UBIFRANCE pour une durée de 18 mois.
Une prochaine phase importante sera de permettre à l’équipe d’Enterprise Mauritius de bénéficier de formations à la carte proposées par notre centre de formation Formatex. Je souhaite que ce partenariat réponde aux attentes d’Enterprise Mauritius et évidement aux attentes des entreprises mauriciennes.
Vous aviez, à l’époque, saluée l’accord de partenariat avec «Aéroport de Paris » pour l’agrandissement de l’aéroport de Plaisance. Peut-on s’attendre à de nouveaux accords de ce type ?
Je me félicite de la conclusion de partenariats entre des groupes mauriciens et des entreprises françaises. La mise en commun des compétences permet de réaliser des travaux d’infrastructures d’envergure comme c’est le cas pour l’aéroport de Maurice. Les entreprises françaises sont ouvertes à tous les types de partenariats.
Le projet d’extension de l’aéroport de Maurice est un bel exemple de partenariat entre un groupe français et une entreprise chinoise. Ce type d’accords peut être reproduit à Maurice, mais aussi en Afrique où les grands travaux sont la pierre angulaire du développement économique.
La présence des entreprises françaises à Maurice se développera-t-elle ?
Je rappelle que la France est l’un des tous premiers partenaires économiques de Maurice. Elle y est le premier investisseur étranger, le second client, le troisième fournisseur et le premier émetteur de touristes. Plus de 150 entreprises françaises sont présentes dans l’île et en 2009, quelque 30 % des investissements étrangers réalisés l’ont été par des intérêts français.
Les investissements français à Maurice sont de longue date diversifiés, et irriguent tous les secteurs de l’économie. Nos entreprises sont aussi bien présentes dans les secteurs traditionnels que dans les secteurs émergents.
Au-delà de la présence de grands groupes français, je note avec une grande satisfaction que de nombreuses PME françaises accompagnent Maurice dans sa stratégie de développement économique.
Nous souhaitons bien évidemment que cette relation se densifie.
Je pense surtout aux liens économiques entre les îles voisines -Maurice, La Réunion et Mayotte – que nous pouvons approfondir.
C’est ce message fort que j’ai voulu transmettre en proposant aux entreprises de Maurice et de La Réunion de se rencontrer à Port- Louis lors de ma visite ici.
A quels développements peut-on s’attendre au niveau des échanges commerciaux avec la France dans le secteur du «seafood», du textile ou des services?
La France est un partenaire commercial de premier plan pour Maurice, et je peux même ajouter son premier partenaire hors produits pétroliers.
Notre pays présente également la caractéristique de ne pas être un partenaire mono-produit, ou un fournisseur de Maurice, car nous entretenons avec l’île une relation bilatérale équilibrée.
Près de 600 millions d’euros sont ainsi échangés chaque année, les exportations française atteignant 350 millions d’euros contre 250 millions d’euros pour les importations.
Les secteurs que vous évoquez contribuent évidemment largement à ces relations commerciales, mais ils ne sont pas les seuls.
Le sucre, par exemple, représente une part de plus en plus importante des importations françaises en provenance de Maurice.
Quel sera l’apport de la France dans «Aid for Trade» notamment au niveau du développement des infrastructures à Maurice ?
L’ouverture commerciale n’est pas une fin en soi. Elle est nécessaire mais pas suffisante : des mesures d’accompagnements sont nécessaires afin de rendre l’offre des pays en développement plus compétitive, de renforcer leurs infrastructures et leurs cadres institutionnels. D’ailleurs, notre Cadre stratégique national pour l’aide au commerce cible, en priorité, le soutien aux intégrations régionales et prévoit de porter l’aide au commerce de la France à 850M€/an à partir de 2010, soit une augmentation de 50 % par rapport à la période 2002-2005.
C’est également tout l’objet du programme de renforcement des capacités commerciales (PRCC).
Avec une enveloppe de 1,5 million d’euros, Maurice constitue un récipiendaire important du PRCC. La finalité de ce projet est d’accompagner Maurice dans sa politique de diversification et d’adaptation de son économie.
Il s’agit de mettre à la disposition des autorités mauriciennes des ressources financières destinées à la mise en oeuvre d’actions d’amélioration des capacités commerciales de Maurice.
Je me félicite de l’apport de l’AFD dans le financement de projets routiers ou dans le secteur de l’eau et de l’assainissement et du développement durable.
Comment peut-on développer la coopération entre La Réunion et Maurice ?
Je crois que les relations entre les deux îles sont plus denses qu’on ne l’imagine, et je m’en réjouis.
Cette relation économique s’est tissée depuis plusieurs décennies entre nos territoires, certes différents, mais ayant des atouts et des contraintes communs. J’ai tenu à ce qu’une délégation d’entreprises réunionnaises vienne à Maurice pour évoquer ensemble les nombreuses avenues de coopération à développer.
Parmi ces opportunités de coopération, je citerai deux thématiques essentielles : le développement durable et le tourisme. La Réunion, Maurice et Mayotte ont pour caractéristique commune leur vulnérabilité et leur sensibilité au changement climatique. Elles sont dépourvues de ressources naturelles mais elles peuvent s’appuyer sur une capacité à innover et elles ont tout intérêt à travailler ensemble. Elles peuvent devenir des «laboratoires du développement».
Ce processus a été enclenché avec succès à La Réunion et à Maurice à travers les projets GERRI et Maurice Ile Durable (MID).
Autre piste de coopération, le tourisme dans cette partie de l’océan Indien peut s’appuyer sur la complémentarité entre les îles.
Le tourisme mauricien est une référence dans le monde, et La Réunion propose un produit unique dans la région. Cette complémentarité entre des géographies attractives fondera son succès sur des partenariats «gagnant/gagnant».
Et le rôle de la COI dans la coopération régionale ?
Créée par l’accord de Victoria en 1984, la COI est une organisation, appelée à évoluer. Elle prend de plus en plus une dimension politique en s’investissant notamment dans le dossier malgache où elle fait valoir une vision de proximité.
Elle doit développer son action dans le domaine économique pour contribuer à structurer une région forte de spécificités uniques et de complémentarités largement sous valorisées. Je pense au, dossier de la sécurité alimentaire où les capacités financières et les compétences techniques des uns (Maurice, La Réunion) devraient trouver naturellement à s’investir chez les autres (Madagascar). De même dans les dossiers du développement durable ou encore de la biodiversité marine.
Comment évolueront les échanges commerciaux avec Maurice dans le cadre des APE ?
L’ambition française pour les APE n’est pas de mettre en place de simples accords de libre échange, mais de créer de nouveaux partenariats économiques et commerciaux favorables au développement durable des économies des pays ACP.
Il est primordial pour l’intégration régionale d’aboutir à la conclusion de véritables accords régionaux et donc de poursuivre les négociations pour atteindre des APE de dimension régionale.
La France réfléchit, avec ses partenaires européens, à de nouvelles initiatives sur les APE : la France est favorable à une plus grande flexibilité afin de refléter les différents niveaux de développement des pays ACP, et au maintien du financement des structures régionales par un prélèvement sur les importations. Je me réjouis de la signature de l’accord intérimaire APE ESA par Maurice, fin août 2009, qui a permis de sécuriser les préférences commerciales au bénéfice de Maurice, tout en promouvant le processus d’intégration régionale engagé en Commission de l’océan Indien.
Quelle aide la France peut-elle apporter au développement du projet MID ?
Maurice et La Réunion ont choisi la voie du développement durable. Le projet GERRI s’est fixé comme objectif de faire de la Réunion le premier territoire au monde, d’ici 2030, d’intégration dans une société de toutes les innovations environnementales intéressant la mobilité, l’énergie et ses usages, l’urbanisme, la construction et le tourisme. A Maurice, le gouvernement souhaite réduire la dépendance énergétique et faire de Maurice, une île durable. Ces deux projets positionnent cette partie de l’océan Indien comme une référence que nous souhaitons soutenir encore plus à l’avenir.
La France, à travers l’AFD, a souhaité articuler sa prochaine participation au financement du programme de transition économique autour d’une «aide-programme environnement» sur la base d’engagements consignés dans une feuille de route, définie en accord avec vos autorités.
Cette «aide-programme environnement » d’un montant de 125M€ permettra d’entretenir un dialogue politique et stratégique avec votre pays sur cette problématique.
Je suis très heureuse de voir que l’AFD constitue un partenaire du développement d’importance pour votre pays. Je me félicite, en particulier, du niveau exceptionnel de ses engagements sur prêts qui atteignent 342 M€ alors qu’il y a 4 ans encore l’AFD n’avait aucun projet dans son portefeuille d’activités.
Cela témoigne de notre souhait de vous accompagner à l’avenir dans les grands projets au centre du développement de votre pays, et en particulier ceux qui permettent un développement durable.
 
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