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Anwar Joonas, président de la Mauritius employers Federation (MEF)
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Anwar Joonas, président de la Mauritius employers Federation (MEF)

Comment expliquez vous le fait que le moral des patrons mauriciens soit un peu meilleur qu’en 2009 ?
2009 a été l’année de la crise. Heureusement que celle-ci a été de courte durée pour l’économie mauricienne. Vers la fin de 2009, nous avons constaté que nous allions vers une reprise qui serait lente. Nous avons noté cette reprise sur certains marchés, avec par exemple la hausse du nombre des touristes qui visitaient l’île. La raison principale de notre optimisme est que l’impact de la crise a finalement été modéré, grâce aux efforts de tous. Le gouvernement en particulier, est intervenu avec l’Additional Stimulus Package qui comprenait des mesures incitatives pour l’économie et elles ont porté leurs fruits. L’économie est devenue plus résiliente. La continuité de notre politique économique, malgré la crise, a inspiré beaucoup plus confiance dans le monde des affaires. De plus, notre système bancaire et financier est robuste, malgré les craintes exprimées par des agences comme Moody’s, qui ne se sont pas avérées exactes.
Aujourd’hui, Moody’s souligne que les perspectives économiques de Maurice sont bonnes, ce que le ministre des Finances a toujours soutenu. La crise a ainsi démontré que les fondamentaux de l’économie sont bons.
D’ailleurs, il y a eu une bonne gestion économique tout à fait transparente, et en consultation avec le secteur privé. Nous avons aussi joué notre rôle en soutenant les démarches du gouvernement et en faisant appel à la solidarité des employeurs avec les entreprises les plus vulnérables. Nous avons lancé l’appel pour un Economy Drive, afin que le licenciement soit l’ultime recours pour l’entreprise.
Il fallait faire des économies ailleurs que dans la suppression de la main d’oeuvre. Cette consigne a été largement suivie.
Quels sont les secteurs où le moral est le meilleur ?
Le moral des affaires s’est amélioré dans l’ensemble de l’économie. La reprise des activités dans un secteur a un effet multiplicateur dans d’autres, que ce soit au niveau de la demande, de l’investissement ou de l’emploi.
Par exemple, l’investissement dans l’infrastructure bénéficie non seulement à la construction, mais également au secteur commercial et manufacturier.
Un accroissement du nombre des touristes est bénéfique non seulement aux hôtels, mais aussi à d’autres secteurs et opérateurs, qui offrent une panoplie de services liés au tourisme. Cela dit, le moral est meilleur dans le secteur de l’Information and Communications Technology/Business Process Outsourcing(ICT/BPO) où il existe un bon potentiel de croissance pour le futur. C’est un secteur prometteur qui a progressé année après année. L’industrie du Tourisme a aussi un très bon potentiel, que ce soit pour les vacances, le tourisme médical ou les croisières, par exemple. Enfin, on constate une embellie dans le développement foncier et immobilier Integrated Resorts Scheme/Real  Estate Scheme(IRS/RES).
Retrouve-t-on cet optimisme chez les exportateurs ?
Nous constatons, dans notre enquête, qu’il y a un regain d’optimisme sur certains marchés à l’exportation, en raison de la reprise sur certains de nos marchés traditionnels. Les économies développées commencent à enregistrer une croissance positive.
Ceci est de bon augure pour nos exportateurs. Mais il faut être compétitif, car la concurrence est féroce. Cependant, il faut noter que les fluctuations du taux de change de certaines devises ont un effet négatif sur la performance des entreprises et leur compétitivité. Il est vrai que nous n’avons pas de contrôle sur les facteurs externes qui influent sur les taux de changes, comme nos activités n’ont pas d’incidence sur les prix qui sont déterminés sur le marché mondial. Mais nous devrons revoir les coûts sur lesquels nous avons un contrôle, que ce soit le taux d’intérêt ou le coût des intrants comme l’électricité.
Ce retour de l’optimisme va-t-il se répercuter sur l’emploi ?
C’est un fait indéniable que durant la crise, les entreprises mauriciennes n’ont pas eu recours à des licenciements massifs, préférant garder leurs personnels en vue d’une reprise. D’ailleurs, nous avons encouragé les entreprises pour investir davantage dans la formation durant cette période. Une bonne croissance génère toujours la demande et l’investissement, qui, à leur tour mènent à la création d’emplois.
Nous avons actuellement plusieurs projets d’envergure. Il ne faut pas oublier que pour soutenir la croissance, il faut de la main d’oeuvre qualifiée, sinon ce manque de main-d’œuvre devient une contrainte au développement.
Vous déplorez le manque de main-d’oeuvre qualifiée. Que faut il faire pour y remédier ?
Cela rejoint la question précédente, où les entreprises ont pris la sage décision de ne pas licencier leurs personnels formés et qualifiés. De nos jours, la disponibilité du personnel se fait rare et la formation coûte cher. Nous devons d’abord retenir les compétences locales, faire de la formation continue à tous les niveaux, que ce soit pour le management ou la formation technique. Nous abordons une nouvelle ère économique qui requiert des compétences pointues. Par ailleurs, nous devons instituer un système de reconnaissance de catégories socio-professionnelles à Maurice.
Les institutions intéressées doivent mettre en place un cadre de reconnaissance agréé pour chaque catégorie. Un système basé sur les arts et métiers, donc par là même occasion une revalorisation des métiers. Pour les compétences non disponibles, nous devrons faire appel aux étrangers et former en même temps localement nos ressources humaines.
Vous dénoncez les problèmes liés aux infrastructures. Que souhaitezvous en la matière ?
Le développement économique dépend du niveau d’infrastructure d’un pays, que ce soit le port, l’aéroport, les routes, l’énergie etc. Nous sommes conscients que la congestion routière est un des plus gros maux du pays, qui a un impact sur la productivité et la performance des employés. Dans le dernier budget, le ministre des Finances a annoncé plusieurs projets d’envergure pour accélérer le développement de notre infrastructure.
Certains de ces projets sont déjà en chantier et d’autres sont sur le point de démarrer.
Dans le moyen terme, nous aurons une infrastructure digne d’une économie moderne. De plus, l’idée de faire une nouvelle ville à Highlands viendra soulager la pression actuelle, aussi bien du point de vue réseaux routiers que services gouvernementaux. Mais pour le long terme, nous devrions très vite penser à un plan national d’urbanisation englobant les facilités aéroportuaire, portuaire, réseaux routiers, électricité, eau, télécommunication, assainissement et traitement de déchets.
En quoi le coût des services de télécommunications est-il un frein au développement des entreprises ?
Le monde est devenu un village global. L’accès aux outils de télécommunication est un atout majeur pour le développement socioéconomique d’un pays.
Tous les secteurs ont besoin d’utiliser les services de télécommunication et nous avons l’industrie des TICs, qui va émerger comme un pilier de notre économie.
C’est un facteur d’avantages comparatifs. Au fil des années le coût des services a connu une baisse. Cette tendance doit être maintenue pour que nos industries se trouvant dans les TICs soient plus compétitives, plus productives.
De ce fait, nous pourrons attirer des investissements étrangers si nécessaire au pays.
Encore faut-il que le coût soit compétitif et la vitesse de transmission très performante. Sinon nous risquons de nous retrouver à l’écart des autres centres.
N’oublions pas que Maurice se situe dans un faisceau horaire avantageux par rapport à des centres stratégiques et névralgique du monde de la haute finance.
Mais nous ne sommes pas les seuls à offrir ces services, d’où la nécessité d’être en avant-garde et toujours plus compétitif.
 
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