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Arnaud Lagesse : « Nous avons une chance unique de nous positionner sur le continent africain »
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Arnaud Lagesse : « Nous avons une chance unique de nous positionner sur le continent africain »

Le Chief Executive Officer du Groupe Mon Loisir revient sur la performance de son entreprise classée au premier rang des Top 100 Companies. Il évoque aussi les possibilités d’investissement existant en Afrique pour les sociétés mauriciennes.
Vous êtes n° 1 dans le magazine «Top 100 Companies» de «Business Publications» détrônant de gros opérateurs tels «Mauritius Telecom» et «Air Mauritius». Comment accueillez-vous cette réussite ?
Nous n’aurions pas pu arriver à cette place sans les employés du groupe. Je suis fier de cette réussite mais j’ai avant tout une profonde reconnaissance pour le travail accompli par mes collaborateurs. La recette de notre succès est la bonne adéquation entre une équipe de qualité, constituée d’hommes et de femmes, une vision claire de notre politique d’investissements et, enfin, l’histoire d’une famille d’entrepreneurs qui met en avant, depuis déjà trois générations, les valeurs du travail, une gouvernance irréprochable et le respect des collaborateurs.
C’est une stratégie mise en place au fil du temps qui nous a permis d’étendre nos activités, qui étaient au départ principalement dans le sucre, à des secteurs à fort potentiel de croissance comme les services (hôtellerie et services financiers), l’industrie manufacturière (United Basalt Products, Phoenix Beverages Ltd et Mauritius Stationery Manufacturers- MSM) et l’immobilier.
A quoi attribuez-vous les bonnes performances de certaines de vos entreprises, dont «Naïade», «Ireland Blyth », «Phoenix Beverages Ltd», IOREC et «AfrAsia» ?
C’est le résultat d’une vision claire des objectifs annuels et de moyen et long termes, mais aussi du choix stratégique de mettre des personnes clés et professionnelles à des postes de décision. Je pense que notre faculté à prendre des risques mesurés dans les choix des investissements, des produits que nous vendons et des marchés sur lesquels nous opérons est également très significative de notre performance. Pour prendre l’exemple de Naiade, un renouveau est constaté depuis quelque temps grâce au travail d’une équipe qui se base aujourd’hui sur cinq maître mots : «People, Passion, Integrity, Creativity and Leadership».
Qu’en est-il de ces autres entreprises qui font face à des difficultés, comme MSM ?
Les difficultés qu’a connues MSM peuvent être associées à des facteurs extérieurs défavorables. Par exemple, la crise politique et économique à Madagascar ou le piratage en Afrique de l’Ouest. Ils ont été des freins au développement de MSM dans la région. Cependant, nous mettons tout en oeuvre pour relancer l’activité de MSM. Pour cela, l’arrivée d’un nouveau CEO, Hervé Duranton, permettra d’y apporter un renouveau. Cependant, les efforts et les nouvelles ambitions pour MSM ne pourront se faire sans l’énergie et l’implication des 600 employés mais aussi sans le soutien financier des banques et de nos actionnaires.
Les experts s’accordent à dire que l’Afrique est une manne pour nos investisseurs. Y croyez-vous ?
Je pense en effet que l’Afrique est pour nous un terrain de réflexion intéressant. Après le développement des Etats-Unis et de l’Europe, nous avons vu l’émergence de l’Asie. Je rejoins les experts en disant que l’Afrique sera le prochain continent où des opportunités s’offriront aux investisseurs. Les Chinois l’ont d’ailleurs déjà compris. Ne restons pas en reste car nous avons là une chance unique de nous positionner sur ce continent de demain. Cependant, l’Afrique doit encore régler ses problèmes de gouvernance et j’espère que le développement économique se fera dans le respect du Triple Bottom Line, à savoir, Planet ou le respect des écosystèmes People ou le respect des fondamentaux sociaux et humains Profit ou la quête du profit légitime dans le respect des règles éthiques élémentaires.
Pensez-vous que la diversification du groupe est complète sans les interventions en Afrique ?
La diversification du groupe a été réussie car nous sommes aujourd’hui multi-secteurs, multi-produits et multi-services. Est-elle complète ? Je n’en suis pas certain car parler de diversification c’est également parler d’une présence sur d’autres pays ou continents. Le groupe reste malgré tout très mauricien dans son activité et la diversification passe avant tout par la régionalisation.
Vous sortez de huit semaines de sessions poussées en leadership à l’université de Harvard. Quelles stratégies comptez-vous mettre en place dans les années à venir ?
Les ressources offertes par Harvard ajoutées aux échanges quotidiens avec les 160 participants venant de 44 pays ayant en moyenne une vingtaine d’années d’expérience professionnelle, m’ont été très instructives. Ces huit semaines aux Etats-Unis m’ont ouvert les yeux sur le fait que l’île
Maurice est très loin des grands marchés de consommation, des marchés de capitaux, du marché des ressources humaines et de l’innovation. La situation géographique de Maurice offre, par contre, des opportunités considérables. Tout cela à condition que l’environnement politique et des affaires soit propice et encourage l’entrepreneuriat mais aussi que le Mauricien se décide enfin à travailler. Je pense que ce genre de cours intensifs est un Must do pour tous les chefs d’entreprise qui ont besoin de se ressourcer et de s’ouvrir à de nouveaux horizons.
Parlez-nous de la GML Fondation Joseph Lagesse.
Elle est active sur le terrain depuis 2005. Elle s’est récemment dotée d’un axe ‘environnement’. Notre apport environnement se situe principalement au niveau des écoles, avec la formation de l’éco-citoyen. La Fondation a un projet d’envergure avec la construction de logements sociaux à Rivière-du-Rempart. Notre voeu le plus cher serait un partenariat avec le gouvernement pour mener à bien ce projet qui éliminerait une des poches de pauvreté de l’île Maurice.
Vous avez investi dans Riverside. Il y a aussi «Circle Square»… N’y a-t-il pas trop de centres commerciaux ?
Certaines régions sont certainement saturées avec un nombre impressionnant de mètres carrés de magasins. Le cas de Rivière-du-Rempart est différent puisque rien n’y existait. Circle Square adopte une approche en phases et offrira une expérience de shopping à ceux qui recherchent spécifiquement des produits se trouvant dans les gammes du home décor, du transport et des loisirs.
Sommes-nous sortis de la crise financière internationale ?
Nous sommes sortis de la crise financière internationale telle que nous l’avons connue suite au Subprime et la crise de l’euro, mais que l’économie mondiale aujourd’hui est pleine de paradoxes. Nous voyons des pays ou des continents, comme certains pays d’Europe, qui sont au bord du dépôt de bilan, alors que d’autres, à l’instar de Singapour, la Chine, l’Inde, le Brésil ont des performances plus qu’honorables. Demeure l’inconnue des Etats-Unis où la croissance semble réapparaître mais cette dernière connaît un endettement jamais égalé et un taux de chômage extrêmement élevé.
L’île Maurice, dans tout cela, se bat pour sa survie. Nous avons des efforts à faire au niveau de notre productivité. Nous devons procéder à une meilleure adéquation entre le taux d’intérêt et la valeur de la roupie mais surtout préserver nos marchés d’exportation tout en privilégiant l’ouverture de Maurice aux étrangers.
Propos recueillis par Pierrick Pédel
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