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Ashok Radhakissoon : «Le pouvoir peut compliquer l’expression démocratique, pas l’étouffer»

15 mai 2011, 07:29

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L’ex-président de l’Independent Broadcasting Authority et de l''''Information and Communication Technology Authority considère qu’un Right to Information Act « est un outil essentiel au service du citoyen dans sa quête légitime de l’information dans son sens large ».

Fin avril, la State Information Commission du Maharashtra décide que le citoyen a le droit d’accéder à toute note du Conseil des ministres. Une utopie pour le Mauricien ?

L’élargissement de l’espace démocratique en Inde est un processus continu depuis son indépendance. Ce processus a connu des hauts et des bas. En Inde comme à Maurice, la Constitution a posé le cadre dans lequel le citoyen peut avoir accès à l’information. La section 12 de notre Constitution reconnaît le droit de chaque citoyen de recevoir et de disséminer l’information. Rien n’est dit sur les conditions dans lesquelles cela doit être fait, ni quelles sont les informations qui seront accessibles ou pas. L’Inde, il faut le reconnaître, est bien en avance sur Maurice s’agissant de la mise en œuvre de ces dispositions constitutionnelles. Le Right to Information Act est un outil essentiel au service du citoyen dans sa quête légitime de l’information dans son sens large.

Il nous faut impérativement à Maurice adopter une législation semblable. Cela dépend de l’exécutif et de l’exécutif seulement. Cela dépend de l’exécutif et de l’exécutif seulement. Si cet exécutif adopte une attitude restrictive qui consisterait à verrouiller l’accès à l’information ma réponse est oui : c’est une utopie. Mais on ne peut pas faire à l’exécutif un procès d’intention. Attendons voir les actes.

La ministre indienne de l’Information, Ambika Soni, a, par ailleurs, demandé à la presse d’éviter le sensationnalisme…

Du fait que le sensationnel accroche et fait donc vendre les journaux, il s’agit de le faire dans le cadre réglementaire et dans le respect de l’éthique du métier du journaliste. Ces deux conditions respectées, ce n’est pas aux politiciens de dire aux journalistes comment faire leur métier. Les lecteurs ont leur bon sens pour faire ce discernement. Les politiciens gagneraient beaucoup à réaliser cela.

L’opacité du fonctionnement des institutions publiques sert donc à étouffer toute velléité de démocratie participative ?

Il est difficile d’étouffer l’expression démocratique du citoyen à Maurice. On peut certainement la rendre plus compliquée. La garantie constitutionnelle des élections générales chaque cinq ans, la liberté reconnue de la presse et l’émergence d’un secteur privé des services de l’information empêcheraient toute velléité dictatoriale.

L’African Media Barometer a récemment dénoncé l’utilisation à Maurice des fonds publics pour récompenser ou punir les titres de presse. Une façon d’étouffer la transparence ?

Je ne pense pas que c’est la transparence qui soit au centre de ce contentieux. Aucun titre n’a disparu ces derniers temps. Je suis d’avis que les journaux se doivent d’être toujours indépendants des partis politiques et des politiciens de quelque bord qu’ils soient. Entre les rédactions et le pouvoir, il ne peut y avoir de passerelles quasi-permanentes mais, par contre, les journaux doivent toujours être aux côtés des lecteurs. C’est la garantie de leur indépendance .Je ne crois pas que des titres bénéficiaires des apports en fonds publics sont les plus lus, ni les plus crédibles.

Il y a un an, vous estimiez que l’IBA Act devrait pouvoir garantir la démocratie audiovisuelle. Qu’est-ce qui empêche l’Independent Broadcasting Authority de jouer pleinement son rôle ?

C’est définitivement son manque d’indépendance par rapport au pouvoir qui nomme ses dirigeants. En droit, tout existe pour l’exercice de cette indépendance mais, dans les faits, le mode de nomination s’accompagne d’une abdication volontaire et tacite de cette indépendance.

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