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Ashok Radhakissoon : «L’IBA et la MBC n’ont pas recherché leur indépendance»
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Ashok Radhakissoon : «L’IBA et la MBC n’ont pas recherché leur indépendance»

Le juriste et ancien président de l’«Information and Communication Technology Authority» décrypte l’utilisation outrancière de la MBC-radio par les gouvernants actuels et passés.
 
L’instrumentalisation politique de la MBC est une pratique établie, quel que soit le pouvoir en place. Comment en sommes-nous arrivés là ?
On en est là parce que la radiotélévision nationale est financée par des deniers publics. A partir de 2002, une brèche se creuse avec l’avènement des chaînes de radio privées. A 2002, tous les gouvernements ont utilisé la MBC comme un outil audiovisuel de communication. C’est ce qu’ils font à la perfection, surtout lorsqu’ils ont de bons agents qui savent communiquer à la direction de la MBC. Des agents qui savent faire et défaire des candidats.
Comment faire pour donner son indépendance à la MBC ?
Les moyens et les dispositions se trouvent déjà dans le MBC Act et l’Independent Broadcasting Authority Act (IBA). Ce sont deux lois qui ont été conçues de telle manière qu’on devrait atteindre l’équilibre dans le traitement de l’info par les chaînes télé publiques et les chaînes radios privées et publiques. Mais, on constate que, même hors des périodes de campagne électorale, il y a des déséquilibres et, cela, toujours en défaveur de l’opposition et en privilégiant les gouvernants du jour. Dans un contexte électoral, ces déséquilibres n’auraient pas eu lieu si les dirigeants de la radiotélévision publique avaient lu les règlements. S’ils le faisaient, vous ne m’auriez pas posé cette question. S’il est vrai que la dernière version du MBC Act date de 1982, l’IBA Act, lui, devrait servir pour garantir la démocratie audiovisuelle.
Les critères de recherche d’équilibre, de pluralisme et d’une saine concurrence y sont. L’IBA peut agir à partir de plusieurs dispositions. Il y a quelque temps, le Conseil supérieur de l’audiovisuel en France avait relevé que l’opposition avait bénéficié de plus de temps d’antenne que le gouvernement. Il avait demandé rectification. Il y a un outil pour calculer le temps de passage à l’antenne, on aurait pu le faire si on se l’était fixé comme objectif.
Pourquoi est-ce que ce n’est pas le cas ?
C’est parce que l’IBA et la MBC n’ont pas recherché leur indépendance. Cette indépendance est à prendre. Est-ce dans la façon dont on nomme les dirigeants de l’IBA et de la MBC que le problème se pose ? Il y a une forte réflexion à engager afin d’avoir des gens qui ont un souci d’indépendance pour prendre ces responsabilités. Surtout pour le poste à la tête de l’IBA, qui est quasi constitutionnel. Si on a raté le coche, c’est aussi parce qu’on n’a pas libéralisé la télévision. On avait une occasion en or en 2001-2002 lorsqu’on a libéralisé la radio. Pour la télé, il y avait des opérateurs qui avaient soumis des dossiers. Ceux-ci avaient été considérés par le conseil d’administration d’alors. On avait même arrêté un choix pour une télévision commerciale privée. Ensuite, on a eu des directives pour ne pas aller de l’avant dans le cas de la télévision privée.
Pourquoi ?
Certains ont dû penser qu’une télévision privée peut poser des problèmes. Que cette télévision allait proposer des programmes politiques différents de la télévision publique. Quelque part, on se réjouit d’avoir le monopole sur l’outil audiovisuel. Quand on lit l’IBA Act, on constate que son travail est d’offrir différents types de services radiophoniques et télévisuels. La loi concerne les deux supports. J’ai été réconforté d’entendre M. Dwarka déclarer sur une radio privée que, s’il n’y a pas eu de libéralisation audiovisuelle, c’est parce que personne n’a soumis de dossier. Il faudrait peut-être saisir la balle au bond et soumettre des demandes. L’Etat a mis sur pied un Conseil de la concurrence pour combattre, entre autres, des pratiques anticoncurrentielles des opérateurs en position dominante. La loi ne dit pas que le monopole est illégal. Mais elle précise qu’il ne faut pas abuser de sa position de monopole. Il suffi t aujourd’hui de donner une ou deux licences à des télévisions privées pour que la concurrence joue. Ce que la chaîne publique ne couvre pas, la chaîne privée l’aurait fait.
 
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