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Azad Jeetun directeur de la «Mauritius Employers’ Federation»
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Azad Jeetun directeur de la «Mauritius Employers’ Federation»

«Notre objectif dépasse largement les intérêts des employeurs»
? La «Mauritius Employers’ Federation » (MEF) vient de célébrer son cinquantenaire. Etes-vous satisfait du parcours réalisé par la fédération patronale durant ce demi-siècle ?
Certainement. Il faut savoir que la MEF a émergé au fi l de ces 50 ans comme la plus grande organisation du secteur privé. Au départ, il n’y avait que trois associations qui étaient membres. Aujourd’hui, on en dénombre quelque 14 associations. Elles représentent tous les secteurs d’activités et disposent de plus de 1 200 membres.
Au sein de notre organisation, on relève de petites comme de grosses entreprises. Comme leur porte-parole, la MEF parle d’une seule voix, avec comme slogan «The vital voice of Mauritius Enterprises».
Comme la seule fédération représentant tous les employeurs, tant au niveau national, régional qu’international, la MEF opère au sein d’un large réseau qui lui donne une force de frappe dans les différentes instances de consultations.
Nous traduisons, de ce fait, la vision définie par les pères fondateurs. Ces derniers voulaient que cette institution soit respectée de par ses prises de position, son engagement au niveau du développement économique et social et la qualité de ses recherches et de ses services.
? Estimez-vous que 50 ans après, le rôle de la MEF est bien compris par les différents «stakeholders» ?
Notre rôle est certainement reconnu par tous les partenaires sociaux dans le pays. Nous avons un objectif plus large que celui de défendre seulement les intérêts des employeurs. De ce fait, nous nous engageons à contribuer au développement économique et social du pays. Mais aussi à maintenir la paix industrielle pour promouvoir le tripartisme et développer les ressources humaines, la productivité et la formation.
Il y a eu plusieurs étapes dans le développement du rôle de la MEF et de ses activités.
L’une de ces étapes porte sur la reconnaissance de la fonction des ressources humaines dans les années 60. Idem pour le rôle des PME et la responsabilité sociale des entreprises, entre autres.
Je note que la MEF a été avant-gardiste, anticipant les grands changements intervenus dans le monde du travail et préparant ses membres à mieux les intégrer dans les activités de la fédération.
D’ailleurs, une enquête d’opinion commanditée par la MEF et réalisée par le cabinet BDO démontre l’image positive du rôle de l’organisation auprès de ses membres. Tant au niveau du développement du pays que de celui d’un prestataire de services.
? Vous évoquez le tripartisme comme un moyen d’assurer la paix industrielle. Est-ce que ce concept de négociations est toujours à l’agenda de la MEF ?
Le tripartisme est vivant à Maurice. Les trois partenaires sociaux, à savoir les employeurs, les syndicats et le gouvernement, participent pleinement aux discussions sur tous les aspects liés à l’entreprise et à son développement.
Nous nous assurons à ce qu’il y ait une bonne compréhension entre les partenaires sociaux. Evidemment, nous pouvons ne pas être d’accord sur certaines issues, mais nous essaierons de les régler dans le dialogue et les consultations.
Le défi dans ce type de négociations, c’est de se diriger vers une situation qui a été conflictuelle dans le passé et où la solution passe forcément par la coopération entre les employeurs et les syndicats. D’où l’importance du collective bargaining.
? Quels sont les défis auxquels est confrontée la MEF aujourd’hui ?
Les défis de la MEF sont ceux des entreprises. Nous opérons dans un contexte de mondialisation très complexe et difficile. L’environnement économique est, aujourd’hui, des plus incertains, à cause des facteurs externes qui ont un impact sur les entreprises. Celles-ci sont confrontées à toute la problématique liée à la compétitivité.
Il faut que nous ayons une politique économique qui aide à améliorer la productivité des entreprises et celle de la main-d’oeuvre locale. Il faut investir dans la formation, voire dans l’éducation, pour créer les conditions en vue de favoriser l’emploi des jeunes.
? Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui ?
Je crois que la formation nécessite beaucoup plus d’engagement de la part du gouvernement. Nous avons fait notre part. Il faut que le gouvernement en fasse de même, en investissant dans des programmes de formation structurée et dans la mise en place d’une stratégie nationale d’emploi.
Au niveau de la MEF, nous devons consolider nos services, développer davantage nos recherches et participer à des débats.
Mais aussi, démontrer un leadership du secteur privé, encourager une gestion professionnelle et stratégique au niveau des entreprises et former les employeurs.
Nous sommes confiants de pouvoir relever ces défis vu que la MEF dispose de cadres professionnels et spécialisés pour conseiller tous les entrepreneurs du pays et répondre à leurs attentes.
? Que pensez-vous de la fusion annoncée entre la MEF et le «Joint Economic Council» ?
Je parlerai beaucoup plus de rationalisation des institutions du secteur privé que de fusion.
Le conseil de la MEF a largement débattu cette question et nous nous sommes engagés actuellement dans un processus de réflexion. Entretemps, le conseil a mis sur pied un comité de haut niveau avec les représentants de tous les secteurs économiques. Nous aurons des consultations tous azimuts avant de prendre une décision finale sur cette restructuration.
? L’année 2012 tire à sa fin avec une croissance économique estimée à 3,4 % et un taux de chômage de 8 %. Est ce que ce sont des indicateurs qui vous rassurent ?
Bien sûr que non. Il ne faut pas oublier que nous opérons dans un contexte très difficile. A l’avenir, il nous faut travailler pour une croissance de 5 %. Cela exige une politique économique cohérente et une stratégie sectorielle et nationale pour doper la croissance. Aussi, il faut instituer, au niveau du ministère des Finances, une cellule comprenant les compétences publiques et privées pour engager une réflexion sérieuse sur les grands défis économiques et dégager une stratégie économique à long terme. Nous l’avons fait en 2007-2008 au moment de la crise économique.
? Vous quittez prochainement la direction de la MEF après avoir passé une trentaine d’années en son sein. Quel est votre sentiment ?
J’ai eu une carrière enrichissante à la MEF et je pense avoir apporté ma pierre à son édifice. J’ai la satisfaction personnelle d’avoir porté très haut les idéaux de la fédération. La MEF jouit aujourd’hui d’une bonne image. Elle est considérée comme un modèle de référence au niveau international et à Maurice par les partenaires sociaux. Il incombe maintenant au prochain directeur de porter cette institution vers des sommets plus hauts.
 
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