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Beau livre : Des cartes postales pour lire l’île Maurice d’avant

2 avril 2013, 04:02

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Beau livre : Des cartes postales pour lire l’île Maurice d’avant

Les «Editions du Pacifique» publient la collection de 500 cartes postales d’André de Kervern. Un album émouvant, riche en histoire et enseignements
 

 

Cartes postales, ancêtres du SMS. Reines du message court, sans que l’on ait à s’embarrasser des formules d’usage. Sans que le destinataire ne s’offusque de cette rapidité. Cartes postales, témoin du Maurice d’avant.
 

Du Maurice des calèches trottinant dans les rues de Port-Louis. Du temps où Port-Louis avait un théâtre en pleine activité. C’est une émouvante galerie de cartes postales que nous présentent André de Kervern et Yvan Martial, avec Ile Maurice 500 cartes postales anciennes. Un album paru aux Editions du Pacifique. «Grâce aux cartes postales d’André de Kervern, écrit Yvan Martial en avant-propos, nous pouvons (...) admirer un patrimoine architectural aujourd’hui disparu, car nous n’avons su ni le préserver ni le promouvoir (...) Chacune d’elles renferme une histoire particulière et, toutes ensemble, elles forment une histoire en images de l’île Maurice.»
 

 

Valeur sentimentale, valeur patrimoniale, valeur monétaire. La carte postale a même servi à lever des fonds, raconte Yvan Martial. Remontant aux débuts de l’histoire de la carte postale à Maurice, il nous rappelle le cas du Père Laval, à qui les finances font défaut, pour achever la construction de l’église de Sainte-Croix.
 

 

Proposition lui est faite de se laisser photographier par Modeste Chambay, «l’un des premiers adeptes» de la photographie à Maurice. «Trop modeste, (le Père Laval) s’y refuse (...) On lui explique que la reproduction des deux clichés que prendront de lui les artistes Chambay et Lecorgne sera mise en vente et que les revenus (...) apporteront les finances nécessaires à la construction (...) L’apôtre de Maurice fi nit par changer d’avis et consent à la pose photographique. C’est l’une des premières cartes postales, avant même la mise au point de ce système par les Autrichiens Stéphan (1865) et Hermann (1869). Le père Laval meurt le 9 septembre 1864.»
 

 

L’auteur avance plusieurs raisons pour expliquer «l’extrême popularité» des cartes postes, à la fi n du 19e et au début du 20e siècle. La première, c’est que les Mauriciens voyagent de plus en plus. «Sachant à l’avance qu’ils seront soumis à un bombardement ininterrompu de questions, nos voyageurs comprennent vite les nombreux et indéniables avantages de la carte postale (...) Et quoi de plus parlant qu’une carte postale invitant au rêve, prouvant à l’évidence que du plus haut de la tour Eiffel ou sous l’Arc de Triomphe, ‘je pensais à toi, tu m’accompagnais par la pensée’.»
 

 

Comment différencier, au début, les cartes postales mauriciennes des étrangères? Tout tient à la langue et à son utilisation, explique l’auteur. «La légende de la carte postale mauricienne a de meilleures chances d’être rédigée en français tandis que l’étrangère présente toutes les raisons d’être libellée en anglais.» Yvan Martial va plus loin. Selon lui, «on voit mal des Mauriciens légendant des cartes postales en parlant, par exemple, du Palais du Gouvernement, des femmes malgachiennes, du square Labourdonnais, de la Grande mosquée arabe, du Company’s Garden, de huttes au pied d’une montagne du Peter Booth (...), termes tous fautifs».
 

Yvan Martial ne manque pas de saluer Tristan Bréville du musée de laPhotographie et son patient travail de collecte.

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