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Bertrand d’Espaignet : La saga des bâtards
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Bertrand d’Espaignet : La saga des bâtards

Pour qui donc est l’insulte ? Car même si au sens premier cela renvoie au métissage, ce n’est pas un compliment que de se faire traiter de «bâtard». Fusse-t-il de la république.
Dès la couverture de son second roman, Les bâtards dela république, Bertrand d’Espaignet joue les contrastes saisissants. Jeu de mots qui prolonge celui du premier roman : Larépublique des bâtards. Deux romans qui se lisent indépendamment, indique l’auteur en quatrième de couverture.
Titre trompeur car la trame aux lourdes mailles de Bertrand d’Espaignet se passe au temps de la colonisation britannique, presque un siècle avant la république. Avec des renvois en fils d’araignée à tant de batailles : celle de Vieux Grand Port, la campagne de Napoléon en Russie, la guerre de Crimée. Mais aussi la longue hargne des Sakalave et des Merina à Madagascar et les tractations des Britanniques avec les «zamidars» en Inde.
La plus importante de toutes les guerres du roman est celle d’Adolphe de Plevitz, «l’homme universel», comme le qualifie l’auteur. Un parti pris, un «hommage», écrit l’auteur qui taille une aura de sain à ce franco-prussien qui débarque à Port-Louis avec la rage au coeur. Rage contre les préjugés qu’il a subis. Rage contre la touffeur des préjugés coloniaux subis par les travailleurs engagés de la vague d’immigration indienne.
Mais, avant de suivre ce combat à armes inégales de la conscience égalitaire contre les préjugés coloniaux, Bertrand d’Espaignet va chercher loin, très loin son fil d’Ariane permettant de suivre sa foule de personnages. L’auteur tient tellement à l’épaisseur de ses principaux personnages – nous refusons de croire que c’est pour l’épaisseur du livre – qu’il leur consacre un chapitre entier chacun.
Conséquence : l’histoire centrale du roman, celle de Plevitz qui s’engage en faveur des engagés, à la face de l’administration britannique, ne démarre pas avant les cent premières pages de ce roman qui en compte plus de 400.
Des petites piques assassines aident à tenir la route. D’entrée de jeu, l’auteur démonte Nesbit Willoughby. Lui que les enfants connaissent comme l’Anglais soigné aux côtés du Français Duperré dans la maison qui plus tard deviendra le musée d’histoire de Mahébourg, pendant la bataille de Grand Port. Bertrand d’Espaignet écrit : «C’était ainsique Nesbit aimait ses semblables :en les torturant.»
C’est le «Conseil législatif de l’île des Lilliputs» qui se réunità l’Hôtel du gouvernement.La reine malgache Ranavalonaest comparée à une «grosse mygale», «nymphomane». Mêmele théâtre de Port-Louis enprend pour son grade. Lui quiest «tout juste assez grand pour ydistraire des nains».
*En vente à Rs 590
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