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Bissoon Mungroo, proche collaborateur de Sir Anerood Jugnauth : «Ramgoolam a piégé le MSM avec Medpoint»

19 mai 2012, 10:20

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Bissoon Mungroo, proche collaborateur de sir Anerood Jugnauth (SAJ) – le seul à avoir été présent au Réduit le jour de l’annonce de sa démission – affirme que les gens ont peur de montrer leur soutien à l’ancien président de la République par peur de représailles. Presque deux mois après la démission de SAJ, il déclare que ce dernier n’est pas déçu du manque de momentum, mais qu’il est, au contraire, en train de labourer le terrain.

? Il y a un peu moins de deux mois, SAJ démissionnait de la présidence pour retourner dans l’arène politique, en fanfare. Depuis, l’effet SAJ semble s’être éteint, après un 1er Mai qui n’a pas tenu ses promesses. La démission était-elle une erreur ?

Non, je ne pense pas. Il ne pouvait pas rester au Réduit de toutes les façons, avec toutes les provocations des députés travaillistes.

On l’a systématiquement dénigré. Oui, le 1er Mai est passé, mais cela ne veut pas dire que le travail est terminé nous sommes en train de labourer le terrain. SAJ a rencontré des partisans du n° 11 jeudi et il fera le même exercice pour toutes les circonscriptions.

? En 2000, après cinq ans de Ramgoolam, il y avait une nostalgie de SAJ. C’est sur cela que s’est basé le principe du remake, encourageant la démission de SAJ. Y a-t-il eu déception à ce niveau-là ?

Non, il n’y a pas de déception, mais il y a un autre problème. C’est la peur des gens face à l’intimidation du gouvernement envers ceux qui soutiennent l’opposition. Si vous saviez comment le gouvernement a réagi après l’organisation de l’anniversaire de SAJ à l’hôtel Manisa, en présence de Paul Bérenger. Toutes sortes de menaces, d’actes d’intimidation !

C’est pour cela que les gens ont peur de se montrer. Ils ont peur des répercussions, car ils savent comment est Ramgoolam. Mais moi je leur dis, Ramgoolam pa kapav fi ni dimoun, bondie kin fi ni dimoun.

? Vous avez personnellement subi des actes d’intimidation ?

Beaucoup. Plusieurs ministres m’ont appelé pour me dire de venir rencontrer le Premier ministre pour qu’il règle tous mes problèmes. Je leur ai dit que je n’ai pas de problèmes. Et en temps et lieu, je dirai ce que j’ai à dire.

? L’accusation principale faite à SAJ est qu’il a démissionné pour sauver son fils. Et le fait qu’il commence son pèlerinage dans l’ancienne circonscription de ce dernier renforce cette théorie. Est-ce que cela ne risque pas de jouer contre lui ?

Je ne pense pas, car il n’est pas en train de défendre quelqu’un qui est coupable, mais une personne qui a été injustement accusée. Il a déclaré que si son fils était coupable, il serait le premier à le dire.

? Mais revenir en politique rien que pour défendre son fils, au lieu du pays, n’est pas exactement une bonne raison ?

Je ne suis pas d’accord. SAJ est en train de protester contre le fait qu’on essaye de faire porter le chapeau de MedPoint à Pravind Jugnauth, alors qu’il est clair que quand quelque chose est débattu au

Conseil des ministres, c’est celui qui préside le conseil qui en est responsable.

Quand le gouvernement de Ramgoolam prend la décision d’acheter MedPoint – et je parle là de la période avant l’alliance PTr-MSM – il ne savait pas à qui appartenait MedPoint ? Il ne sait pas qui a initié la vente de la clinique ? Qui a lancé l’appel d’offres ? Qu’est-ce que le Conseil des ministres a approuvé au juste ?

? L’accord était entre SAJ et Ramgoolam ?

Ah non ! L’accord était fait entre le ministre de la Santé d’alors et le propriétaire de MedPoint, le Dr Malhotra. Nous pensons aussi que toute cette affaire de vouloir acheter MedPoint était une façon de piéger le MSM.

? Que voulez-vous dire ?

Ce n’est pas l’affaire MedPoint qui a fait casser l’alliance PTr-MSM. Si c’était MedPoint le problème, comment expliquez vous que le projet a été initié avant la conclusion de l’alliance ? Je pense que Ramgoolam a voulu assurer ses arrières en 2010 et il a trouvé en MedPoint la combine idéale pour éventuellement pouvoir faire du chantage si les choses ne se passaient pas bien. Je pense que

Ramgoolam l’a fait initialement en 2010 parce qu’il se sentait affaibli. Il propose que son gouvernement achète la clinique pour aider la famille et cela ouvre la voie à une alliance.

? Si c’est vrai que Navin Ramgoolam avait besoin du MSM, pourquoi l’alliance aurait-elle cassé si, comme vous dites, ce n’est pas à cause de MedPoint ?

C’était une machination de la part du PTr.

Ils savaient qu’ils allaient gagner les élections et qu’ils devaient avoir une arme en main quand ils voudraient se débarrasser du MSM.

? Pourquoi SAJ, qui a fait ses adieux à la politique en 2003 pour avoir une retraite dorée, retourne-t-il en politique, alors que cela doit être la dernière chose qu’il lui faut ?

Il voit qu’on est en train de mettre une tache sur son fils, alors qu’il sait pertinemment que ce n’est pas vrai. Le MSM a été créé par SAJ et quand il voit qu’on essaie de détruire injustement ce qu’il a créé, je pense qu’il est normal qu’il revienne en politique.

? Que son père doive redescendre dans l’arène politique pour sauver le parti dont il est maintenant le leader se reflète négativement sur Pravind Jugnauth. Cela démontre qu’il n’est pas à la hauteur.

Non, il n’a pas besoin de son père pour l’aider. D’ailleurs, SAJ a dit que son fils était un
 adulte, un avocat de surcroît…

? Qui n’arrive pas à s’imposer en politique.

Parce qu’on lui a attaché les mains et les pieds avec cette fausse charge que l’ICAC lui a mise ! C’est pour cela qu’ils ont demandé un early trial, pour que Pravind Jugnauth puisse se défendre. Et SAJ, en tant que père, ne pouvait pas rester au Réduit pour assister à la destruction de sa famille et de leur réputation.

Je trouve tout à fait normal qu’un père veuille défendre son fils. C’est toute la famille qui est affectée par cette affaire, et c’est d’autant plus injuste que ce dont on l’accuse n’est pas vrai.

? Vous avez toujours été connu pour être un proche de SAJ mais en 2005, vous avez donné un coup de main aux Travaillistes. Pourquoi ?

J’avais eu un problème avec Paul Bérenger et puis, SAJ ne faisait plus de la politique active. J’ai toujours été un proche de SAJ mais en son absence de la scène politique, je me suis rapproché de Ramgoolam. Mais en voyant que le Premier ministre ne jouait pas le jeu, j’ai pris mes distances.

? Quel jeu ?

La part du gâteau n’est pas en train d’être partagée équitablement. Navin Ramgoolam se dit un rassembleur, mais il ne l’est pas. Il a dévié en cours de route et il divise le pays pour mieux régner.

? Selon vous, quel effet a eu le retour de SAJ dans l’arène politique sur Navin Ramgoolam ?

Je crois qu’il est tenté de faire ses valises et de quitter le pays ! (Rires…) Vous savez, l’arrogance n’a jamais payé. Ramgoolam n’ira pas jusqu’en 2015. Il sera obligé de déclarer les élections.

? Depuis le temps que l’opposition dit cela !

Attendez, attendez. Laissez le temps faire les choses.

? Pensez-vous que Ramgoolam pourra être mis en minorité ?

Il y a des choses qui se passent, mais dont je ne peux pas parler. Laissez-moi juste vous dire qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Cela veut tout dire. Ce que je peux vous dire par contre, c’est que je pense qu’à un certain moment, le pays deviendra ingouvernable.

? Pourquoi ?

Avec tous les problèmes économiques qu’il y a. Je suis un homme d’affaires, je sais de quoi je parle.

? Les problèmes économiques ne sont pas de la faute de Ramgoolam !

Je ne suis pas en train de dire que c’est de sa faute. Kan pa kapav gouverne, bizin ale.

? Le temps, n’est-ce pas quelque chose qui jouera en faveur de Ramgoolam et en défaveur de SAJ ?

Cela dépend. Si la situation économique continue à se détériorer, cela ne pourra pas jouer en faveur de Ramgoolam. Si les gens ne peuvent pas manger à leur faim, peu importe que vous ayez fait du bon travail pendant cinq ans, ils seront dégoûtés et se révolteront.

 

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