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Bouquet de mots pour Nazim
23 novembre 2013, 16:41
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Bouquet de mots pour Nazim

Si nous étions fleuristes, nous aurions fait un beau bouquet de fleurs pour notre collègue et ami Nazim Esoof. Comme nous sommes journalistes, nous lui adressons ce bouquet de mots...
Commençons par les derniers mots que Nazim nous a envoyés, par courriel, le 7 novembre, avant de s’envoler pour la Chine. Son dernier message au directeur des publications montre son attachement au journalisme et à l’esprit de groupe LSL: « Mon cher Nad, après notre discussion sur mon prochain séjour en Chine, je reviens vers toi avec une formule où je pourrai envoyer textes, photos et vidéos pour nos supports papier, électronique et nos magazines (...) pour lexpress.mu, je ferai des reportages vidéo à Pékin et à Shanghai, dont la place Tian’anmen, la Cité interdite, le monde des affaires, le night-life et la culture. Pour le quotidien, je ferai un reportage généraliste sur Pékin et sur Shanghai et un dossier politique et économique sur les hommes d’affaires. Et pour Essentielle, je compte écrire un carnet de voyages, non pas d’un point de vue journalisitique mais selon un style plus intimiste et personnel.»
Mais le destin en a décidé autrement. S’il a pu enfin fouler le sol chinois, un vieux rêve, il n’a pas pu réaliser ses projets journalistiques. Trois jours après son arrivée, Nazim a été retrouvé mort dans sa chambre d’hôtel. Depuis, c’est une onde de choc qui a gagné Maurice. Elle a inspiré ces mots...
Axelle Patient. «Tu es parti sans qu’on ait eu le temps de te dire un grand merci. Ton soutien, ta sagesse et ta présence dans l’équipe vidéo nous manqueront. Toi qui rêvais de voir enfin la web TV, tu auras vu cette année la naissance de ce projet. Ne t’inquiète pas, on le poursuivra jusqu’au bout pour toi.»
Estelle Bastien. «Nazim, ma mémoire est restée figée sur le mardi précédant ton départ pour la Chine. Tu étais tout excité à l’idée de ce voyage et tu parcourais un site pour la réservation d’une chambre : ‘Elle n’est pas mal, celle-là, n’est-ce pas jeune fille ?’»
Vinesen Abel. « Vine, Vine, ki bon fediver to ena la ? » Cette question, Nazim me la lançait souvent lorsqu’il venait dans la rédaction pour dire bonjour à ses collègues. Sa présence nous manquera énormément.
Ananda Rajoo. « Je suis profondément bouleversé par cette disparition. Outre son écriture talentueuse, Nazim était un journaliste de conviction qui prenait toujours la peine de maîtriser le sujet qu’il était appelé à traiter. Nazim était un être cultivé et généreux qui détestait la médiocratie partout où elle se trouve. »
Jean Claude de l’Estrac. « J’avais été impressionné par sa sensibilité, sa maîtrise de la langue et ses idées. Nazim était un homme brillant, réservé et extrêmement sensible. Cette sensibilité était visible dans son écriture.»
Christine Turenne. «J’admirais par-dessus tout son intelligence et sa maîtrise des lettres. Nazim était généreux, curieux et trouvait toujours le mot pour rire. Son départ laisse un grand vide. Qui maintenant viendra me taquiner et me demander si je n’ai rien à grignoter ? »
Martine Luchmun. « Nazim avait cette capacité à argumenter subrepticement. Ça coulait comme une rivière. Il avait aussi cette capacité à parler de la chose politique sans se poser en donneur de leçons. J’enviais sa rigueur, sa plume me donnait envie d’être aussi douée que lui. Je collectionnais du coup ses colonnes et les lisais dès que l’envie me prenait. »
Joëlle Elix. « Nazim était un être exceptionnel, discret et jovial. Je garderai de lui le souvenir d’une personne affable, jeune dans l’âme. Une belle plume s’en est allée mais ses écrits resteront.»
Andy Verny et Atish Nagawah. «On a eu la chance de côtoyer une intelligence qui avait beaucoup d’humour et un esprit enfantin. Un grand vide se fera ressentir dans les locaux de la Sentinelle.»
Martine Labour. «Nazim se démarquait par son caractère et son grand coeur. Ceux qui ont eu la possibilité de croiser ta route ont été très chanceux. Merci pour tous ces beaux moments, ces fous rires que tu nous as permis de vivre.»
Abdoollah Earally. «Je garderai d’excellents souvenirs de ses écrits. C’est dommage qu’on dise du bien de quelqu’un quand il n’est plus de ce monde.»
«C’est costaud de reconnaître qu’on n’est rien du tout , qu’on est là comme des points de suspens ion...» extrait d’un de ses écrits.
Gilbert Ahnee : Le souvenir de Nazim Esoof pourrait nous rester comme celui du Petit Prince. Semblant venir de nulle part. Lumineux même à ses plus douloureux moments de doute. Toujours juste et pertinent au sujet de nos misères mais traversant nos existences comme à la poursuite d’un autre rendez-vous. Plus épais, plus mystérieux, sans doute ultime moment de vérité, signature finale, takhulus du poète se révélant uniquement entre les derniers mots à la fin du ghazal.
Nazim, on l’a dit, était une plume. Une fine, une très belle plume, ample, aimant les contours, les détours, imposant au lecteur des parcours peu communs mais clairement balisés par la justesse et la précision du choix de mots. Nazim les aimait, il les goûtait, les chérissait. On ne saura jamais s’il a préféré les féminins comme amours, séduction, métrique ou prosodie, aux masculins comme sommeil, réveil, horaire, retard. Et je le vois sourire, au fond assez content, de ce portrait en peu de mots. Des mots encore, il y avait ceux, intimes, troublants, qui lui parlaient au plus profond, à travers la poésie ourdoue. Au bonheur d’un mehfil seule était comparable… une phase finale de Coupe du Monde de football, une autre passion.
De ses débuts au Mauricien à ses dernières responsabilités à l’express, Nazim a su transformer une aptitude en un métier. Mieux encore : sa maîtrise technique, professionnelle, sa rigueur s’étaient muées, ces dernières années, en quelque chose de beaucoup plus fort : une rare clairvoyance, une intelligence lucide des enjeux et, pour ce qui est de l’art de rédiger, la plénitude du talent.
Ce qui embellit le désert, écrit Saint-Exupéry dans Le Petit Prince, c’est qu’il cache un puits quelque part…
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