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Chagos: Londres envisage un repeuplement

16 mars 2014, 13:01

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Chagos: Londres envisage un repeuplement

Il aura fallu attendre plus de 40 ans, et que de nombreux exilés se soient éteints, pour que Londres se décide. Le Guardian annonce, dans son édition en ligne du jeudi 13 mars, que le gouvernement britannique enverra une équipe d’experts aux Chagos en vue d’évaluer la possibilité d’un repeuplement de l’archipel. Si on interprète cette annonce, cela signifie qu’après 40 ans de lutte, les Chagossiens pourraient rêver d’un retour.

 

Cependant, ni les exilés des Chagos, installés à Maurice, à Londres et aux Seychelles, ni la diplomatie mauricienne ne prennent au sérieux les intentions annoncées par le Royaume-Uni. «Nous n’avons pas confiance dans ce qu’annonce le gouvernement britannique. Quelle est la garantie que cette étude ne sera pas orientée pour dire, en fin de compte, que les Chagossiens ne pourront pas retourner chez eux ? Pourquoi cette fois encore sommes-nous exclus de l’équipe qui mènera cette étude ?» dit Olivier Bancoult, le leader du Groupe Réfugiés Chagos.

 

Dans un communiqué émis vendredi, le ministère mauricien des Affaires étrangères exprime sa totale désapprobation de la décision du Foreign Office de Londres. Il s’interroge sur le timing de cette annonce. Celle-ci intervient, ajoute le communiqué, «à la veille du hearing dans le procès que Maurice intente au Royaume-Uni» pour sa création d’une marine protected area aux Chagos.

 

«Le gouvernement mauricien a protesté énergiquement auprès du gouvernement britannique contre la récente visite d’un ministre britannique, Mark Simmonds, dans l’archipel et contre les soi-disant études sur le resettlement», ajoute le communiqué.

 

5 000 Américains sur l’archipel

 

La Grande-Bretagne avait entrepris une première étude de faisabilité en 2003 avec pour conclusion qu’un repeuplement serait «coûteux et précaire». Cette étude trouvait le relogement des Chagossiens d’autant plus risqué que le niveau de la mer monte de 5,44 mm par an. «Ce qui avait été réfuté par d’autres scientifiques», précise le Guardian.

 

De son côté, David Snoxell, l’ancien haut-commissaire britannique à Maurice, membre aujourd’hui du Chagos Islands All-Party Parliamentary Group, qui défend la cause chagossienne en Grande-Bretagne, a rappelé que Londres s’est engagé en décembre 2012 à mener une telle étude. Il espère que les recherches seront terminées avant la fin de cette année.

 

Les Chagos, transformées en base militaire par les Américains, ont été vidées de leurs habitants par leur allié, la Grande-Bretagne, dans les années 1960 et 1970. Près de 2000 habitants, la plupart vivant à Diego Garcia, ont été chassés de leur terre qui abrite désormais 5000 Américains.

 

Les experts ont pour attribution d’examiner de manière neutre «les options et les risques» de la cohabitation des diverses communautés sur les différentes îles et sur Diego Garcia. Le document du Foreign Office suggère comme projet «un style de vie moderne, un village écologique, un projet pilote de repeuplement comprenant des emplois sur la base militaire et la création d’un centre de recherche scientifique».

 

Les Américains polluent

 

En attendant, The Independent révèle, dans son édition en ligne d’hier, samedi 15 mars, que «les eaux les plus claires du monde sont polluées par la US Navy». Ces eaux font partie de la marine protected area décrétée par Londres il y a quatre ans.

 

Selon nos confrères britanniques, les militaires américains ont déversé des tonnes d’eaux usées dans un lagon de l’archipel des Chagos au mépris des lois britanniques sur l’environnement. Cette pratique dure depuis 30 ans, selon le journal.

 

Le ministère britannique des Affaires étrangères a affirmé que c’est en avril de l’année dernière qu’il a appris que les navires américains «déversaient des eaux usées dans le lagon depuis la création de la base navale au début des années 1980».

 

Les Chagossiens ne comprennent pas comment le gouvernement britannique n’a rien vu pendant tout ce temps. «Voilà ce qui contredit la décision de la Grande-Bretagne de déclarer les eaux des Chagos zone marine protégée. D’un côté, elle veut nous barrer la route parce qu’elle présume que nous serons des pollueurs, de l’autre, elle a laissé faire les Américains. Les Britanniques pourront-ils dire aux Américains: “partez parce que vous détruisez les eaux des Chagos” ?» déclare Olivier Bancoult.

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