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Chandan Jankee : «La légère hausse du taux repo est une bonne décision pour l’économie»

15 juin 2011, 05:52

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Le comité de politique monétaire de la «Bank of Mauritius» (BoM) vient de relever le «repo rate» de 25 points de base à 5,50 %. Est-ce une surprise pour vous ?

Si on analyse les statistiques du premier trimestre de cette année, on constate une nette hausse des exportations, une reprise dans le tourisme et même une augmentation du taux d’épargne. Cette légère hausse du taux repo va donc dans la bonne direction. Elle permet de réduire les risques pour renforcer la lutte contre l’inflation, elle encourage l’investissement en roupies dans nos instruments financiers, elle va favoriser l’épargne et créer un environnement propice à l’investissement et à la croissance.
 
Ce durcissement monétaire n’aurait-il pas pu être reporté de trois mois ou à la fin de l’année ?

Je ne crois pas. Après le relèvement de 50 points de base du taux repo en mars, l’inflation n’a pas reculé. La politique monétaire doit prendre en compte les facteurs internes et externes. Si on veut atteindre le taux de croissance de 4,6 % fi n 2011 et en tenant compte des incertitudes qui règnent sur les marchés internationaux de matière premières, le timing est bon. Attendre encore nous aurait sans doute coûté plus cher.

La hausse du loyer de l’argent ne risque-t-elle pas d’affecter la croissance économique ?

Je le répète : cette légère hausse du taux directeur est la bonne décision. Car ce n’est pas seulement la hausse du taux repo qui est importante, il faut également prendre en compte la transmission de la politique monétaire dans l’économie. Théoriquement, des taux très bas devraient favoriser l’investissement. Or, à Maurice, on a constaté, lors des fortes détentes du loyer de l’argent, que l’investissement ne repartait pas. Il y a eu une hausse du crédit bancaire mais il a été très sélectif et n’a finalement concerné que les projets d’Integrated Resort Schemes et la construction. Les banques commerciales doivent faire face à leurs responsabilités et prendre plus de risques pour développer l’investissement. Car dans certains secteurs, il existe un véritable credit crunch. Avec la hausse des taux, les banques vont améliorer leur profitabilité et auront donc une marge de manoeuvre plus importantepour prendre des risques et prêter notamment aux sociétés des Export Processing Zones ou aux petites et moyennes entreprises.

Qui sera le plus affecté par cette nouvelle hausse des taux ?

Pour les sociétés et les investisseurs très endettés, ce tour de vis monétaire peut poser problème car le loyer de l’argent va augmenter. La rationalité économique doit cependant primer. Si nous arrivons à contrôler l’inflation et à assurer la stabilité des prix, cela favorisera tous les secteurs, y compris les exportations. Car la stabilité des prix va entraîner une hausse de la compétitivité de nos produits. Par ailleurs, il faut souligner qu’une bonne gestion macroéconomique ne se résume pas à une politique monétaire. Il faut y ajouter des mesures complémentaires en matière de politique fiscale avec les dépenses publiques et une politique du taux de change. Par exemple, pour les entités les plus endettées, le gouvernement pourrait réfléchir à un mécanisme d’aide à travers sa politique fiscale.

Qui va bénéficier de la hausse des taux ?

La hausse des intérêts réels va bien évidemment encourager l’épargne.

La BoM remarque que la plupart des pays émergents durcissent leur politique monétaire. Qu’en pensez-vous ?

La banque centrale justifie sa politique en nous disant qu’elle prend en compte les facteurs extérieurs. Surtout la menace de flambée des cours sur les marchés internationaux de matières premières. On ne peut toutefois pas contrôler les prix de nos importations. En revanche, elle constate un comblement de l’output gap, ce qui veut dire que l’écart se réduit entre la demande et l’offre. Et là, il y a bien un risque d’augmentation des prix, qui peut toutefois être maîtrisé par la politique monétaire.

Propos recueillis par Pierrick Pédel


 

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