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Christiane Chowree : « Il faut encourager les femmes à reprendre confiance en elles »

17 octobre 2010, 01:33

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La  travailleuse sociale est engagée dans des actions sociales visant à assurer l’autonomisation des femmes en situation de précarité. Elle estime qu’il s’agit d’encourager et d’encadrer ces femmes pour qu’elles puissent travailler et s’occuper de leurs enfants.

Sur dix personnes qu’accueille le Secours catholique en France, six sont des femmes qui élèvent seules leurs enfants. Est-ce que la situation est comparable à Maurice ?

Parmi les personnes qui demandent de l’aide, il y a beaucoup de femmes seules ou dont les conjoints sont malades, alcooliques ou en prison. Quelque 26% des personnes accueillies dans la région de Curepipe sont des femmes seules.

Lors d’un reportage de Radio One sur Cité-Bois-Marchand, une habitante de ce quartier explique que les femmes seules avec enfants se retrouvent fatalement au chômage…

Très souvent, les femmes qui élèvent seules des enfants ont une double responsabilité et n’arrivent pas à travailler des heures tardives ou régulières. Elles se retrouvent très vite au chômage. Il y a aussi des enfants en bas âge. Souvent, les femmes de plus de 40 ans sont trop âgées pour travailler et trop jeunes pour toucher une pension.

A quoi est due la féminisation de la pauvreté à Maurice ?

Le divorce ou le concubinage. La femme qui a vécu une expérience malheureuse cherche protection et affection ailleurs et tombe très souvent enceinte. Puis, c’est l’engrenage. Il y a aussi les jeunes veuves. L’alcoolisme, le sida, la drogue appauvrissent de plus en plus des familles.

Quels moyens peuvent être mis en œuvre pour permettre à ces femmes d’atteindre leur autonomie ?

Changer le mind set des femmes. Leur faire reprendre confiance en elles. Malgré la pension de l’Etat pour les femmes seules, il faut aussi encourager et encadrer ces femmes pour qu’elles trouvent un emploi et puissent, en même temps, s’occuper de leurs enfants. De la bonne volonté se manifeste à travers les programmes de Corporate Social Responsibility et des organismes d’aide. Mais combien se sont mis à l’écoute de ces personnes en difficulté ? Avec une allocation de Rs 2500 pour élever plus de 3 enfants, la misère va continuer. Pour vraiment atteindre l’autonomie des femmes, les actions proposées doivent être intégrales. C’est-à-dire qu’il faut s’occuper du problème famille par famille. Il faut un accompagnement dans le temps. Des familles prennent plus de 10 ans pour sortir de la misère.

Quels sont les obstacles ?

La bureaucratie est très lourde à Maurice. Malgré la bonne volonté des  travailleurs sociaux ou des programmes d’allègement de la pauvreté, le problème reste entier. S’il faut s’absenter de son travail plusieurs fois pour avoir une pension, pour avoir de l’aide légale… Les lois doivent être revues pour les femmes mariées civilement. Les maris doivent encore signer les  documents pour l''''octroi d''une maison. Des formations que les centres sociaux proposent ne sont pas accessibles à ces femmes. Elles restent toujours dans une situation précaire.

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