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Christophe Nairac : «Personne ne semble vouloir réagir contre nos modes de vie très sales»
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Christophe Nairac : «Personne ne semble vouloir réagir contre nos modes de vie très sales»

Le mini-échec du Sommet de Cancùn est-il imputable au fait que chaque pays attend, pour en tirer des bénéfices, que les autres prennent des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ?
En partie. Personne ne veut payer l’addition seul. Réduire, ou neutraliser, ces émissions de gaz à effet de serre est coûteux et cela est donc perçu comme un désavantage économique pour les pays soumis à des contraintes que d’autres ne subissent pas.
Imaginez deux entreprises qui produisent des poubelles en plastique. L’une est dans un pays où elle doit utiliser des technologies plus propres (et donc plus chères) et payer pour ces excès éventuels d’émission de gaz à effet de serre. Les poubelles de cette entreprise seront plus chères que celles de l’autre qui serait localisée dans un pays où elle n’a aucune contrainte légale ou économique de produire «plus proprement».
Dans certains pays «développés», responsables historiques de la majeure partie des émissions, se «verdir» équivaut à devoir payer «trop cher». Les USA sont un exemple flagrant de cette mentalité économique protectionniste. D’un côté, nous avons les responsables historiques et, de l’autre, des économies émergentes qui pèsent de plus en plus lourd sur l’empreinte carbone du monde. Chacun passe la balle à son voisin et préfère différer le coût d’une économie plus verte. Si rien n’est fait aujourd’hui, le prix à payer sera beaucoup plus élevé demain.
Faut-il un accord contraignant pour atteindre l’objectif de +2°C d’ici à 2050 ?
Sans cadre contraignant, un système commun et transparent de mesure et une prise de responsabilité de chacun vis-à-vis de la communauté internationale, les pays ne seront assez motivés pour réduire de manière significative leurs émissions de gaz à effet de serre. Nos modes de vie sont beaucoup trop sales mais personne ne semble vouloir réagir. Un accord contraignant forcera chacun à prendre ces responsabilités.
Où en est la compagnie Rhizome pour la vente de “carbon credits” ?
Le projet de Mare-Chicose avance au rythme des procédures Onusiennes, c''''est-à-dire lentement. Le projet est en fin de validation il a déjà reçu un rapport de validation mais celui-ci est en train d’être amendé pour qu’il soit totalement aux normes de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Dans de telles procédures, il vaut mieux être «plus que parfait» pour éviter des délais encore plus longs pour lors de la phase d’enregistrement.
Ceci dit, Sotravic Ltd, gestionnaire de Mare-Chicose et développeur du projet MDP, a déjà un accord avec un acheteur. Un fond gouvernemental européen qui garantit son achat même si le Protocole de Kyoto venait à changer dans le futur.
D’autre part, Rhizome est en partenariat avec une firme sud-africaine, Greener Future, et vendra à partir de janvier des réductions d’émissions sur le marché mauricien.
Et le projet de brûler 60% du méthane produit par le Centre d’enfouissement technique de Mare-Chicose ?
Sur le plan technique, le projet est déjà très avancé et Sotravic Ltd améliore continuellement son système de captation et de destruction de biogaz. En juin, normalement, le site commencera à produire de l’électricité à partir du biogaz.
Aux Etats-Unis comme au Canada, on a relevé la présence de gaz dans l’eau. N’y a-t-il pas de risques de contamination des nappes phréatiques dans la région de Mare-Chicose ?
Il existe un risque que se mélangent eaux polluées et eaux naturelles mais afin de déterminer si effectivement les nappes phréatiques ou les cours d’eau de la région sont pollués, une étude scientifique est nécessaire.
Le risque est plus élevé au niveau des anciennes cellules qui furent construites selon des normes aujourd’hui dépassées mais alors normales. Les nouvelles cellules sont, elles, aux normes actuelles et donc beaucoup plus fiables.
Vous êtes un jeune professionnel dans le secteur de l’environnement. C’est un métier d’avenir ?
Il faudra beaucoup plus de gens engagés dans le vaste domaine qu’est l’environnement : techniciens, scientifiques, avocats, économistes, main-d’œuvre générale, etc. pour combattre les répercussions de nos actions passées et protéger la terre qui nous abrite afin que nous puissions y vivre décemment et en paix.
Propos recueillis par Iqbal Kalla
 
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