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Claude Wong So - président de l’Institution of Engineers Mauritius : «Les meilleurs consultants pour les projets locaux sont les fils du sol»
8 mars 2014, 11:16
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Claude Wong So - président de l’Institution of Engineers Mauritius : «Les meilleurs consultants pour les projets locaux sont les fils du sol»

Le métier d’ingénieur, il le pratique depuis 38 ans. Sans passer par quatre chemins, Claude Wong So donne son point de vue sur la déroute de la Ring Road. Il déplore que les quelque 1 000 professionnels locaux n’ont pas la reconnaissance qu’ils méritent.
Il y a de très belles routes à Rodrigues, votre île natale. Avez-vous rencontré les mêmes problèmes là-bas que nous ici, avec la Ring Road ?
Non. Sans doute parce que les méthodes de construction ne sont pas les mêmes qu’à Maurice. Là-bas, les routes ont été bâties suivant de vieux tracés à flanc de colline ou de montagne. Ici, les routes traversent souvent des vallées. Ce qui nécessite davantage l’apport des ingénieurs.
Vous avez été sur le terrain, à Pailles. Comment expliquez-vous que cette autoroute se soit soudainement transformée en biscuit ?
Je dois d’abord consulter les rapports commandés sur ce sinistre avant de me prononcer. Surtout parce qu’il y a des ingénieurs qui ont travaillé sur ce projet. J’ai vu que la route s’est affaissée de 1,5 mètre par endroits et il me semble que le soubassement a cédé. Je peux m’aventurer à dire que plusieurs facteurs peuvent en être la cause.
S’agit-il d’un glissement de terrain ? L’étude du sol a-t-elle bien été réalisée ?
Le rapport du consultant égyptien devra nous éclairer sur ce point. Mais il y a plusieurs facteurs qu’il faut absolument prendre en compte, comme l’accumulation d’eau dans les soubassements. La chose fondamentale à ne pas faire, c’est d’obstruer le cours naturel de l’eau. L’ingénieur doit aussi être à l’écoute de ceux qui habitent près du chantier, afin de savoir à quoi s’attendre sur un tel site. Pour en revenir à la Ring Road, ces dégâts ne sont pas survenus d’un coup. Quand vous voyez les photos dans la presse, on s’aperçoit que les failles ont «travaillé» la structure en l’espace d’une semaine.
Devons-nous nous inquiéter de l’état des autres routes ?
Il ne faut pas mettre toutes les routes dans le même panier. Les risques d’effondrement comme cela s’est produit sur la Ring Road ont déjà été notés ailleurs, dans le monde. Dans ce cas précis, il ne faut pas occulter le fait que cette route a été construite sur une hauteur de 18 mètres, une première à Maurice.
Lors des inondations en février et mars 2013, l’autoroute, à Pailles, a été transformée en rivière artificielle…
J’aimerais que les sociétés étrangères retenues pour agir comme consultants pour divers projets de l’État fassent appel aux ingénieurs mauriciens. Il est impérieux que ceux qui connaissent la topographie et les réalités du terrain soient impliqués. Ainsi, dans certains cas, les experts mauriciens peuvent expliquer à leurs collègues étrangers à quoi s’en tenir sur certains sites. Il faut trouver la bonne formule car il est malheureux de constater que les ingénieurs locaux, qui sont plus d’un millier, n’ont pas la reconnaissance voulue…
Expliquez-nous comment se fait le suivi pour un projet d’envergure, comme la Ring Road ?
Dans ce cas précis, le client, c’est le gouvernement, à travers la Road Development Authority. Un consultant est choisi pour le design et l’évaluation technique du projet, avant la préparation du document d’appel d’offres. Au final, le consultant et l’entrepreneur retenus doivent avoir des réunions de chantier pour un suivi des travaux. S’il y a des défauts de construction, le gouvernement est couvert par une garantie de douze mois suivant la livraison.
Le gouvernement peut-il vérifier un chantier avant qu’il ne soit livré ?
Techniquement, ce rôle revient au consultant. Et les meilleurs consultants pour des projets locaux sont les fils du sol.
Les ingénieurs ontils les mêmes soucis que les médecins ? Faut-il un examen d’entrée pour évaluer la compétence des nouveaux venus ?
Définitivement. Toute personne ayant fait des études d’ingénieur doit se plier à un examen d’éligibilité suivi d’un stage pratique sous la supervision d’un professionnel qualifié avant de pouvoir exercer. Elle doit également être interviewée par un panel qui évaluera ses compétences. Toutefois, certains étudiants en sont exemptés grâce aux résultats exceptionnels qu’ils ont obtenus auprès d’universités reconnues. Ces examens, par contre, sont primordiaux pour ceux qui ont étudié dans des établissements d’Europe de l’Est, de Chine ou d’Inde, par exemple.
«Il faut être à l'écoute de ceux qui habitent près du chantier.»
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