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Cliff Rungasamy : Un matelot qui a su mener sa barque
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Cliff Rungasamy : Un matelot qui a su mener sa barque

Marchand de légumes, vendeur de thé, serveur, «steward», matelot qualifié, ambulancier… Autant de métiers exercés par Cliff Rungasamy tout au long de sa vie riche en découvertes.
Si certains ont les traits tirés après des années de dur labeur, Cliff Rungasamy, du haut de ses 64 ans, arbore, lui, un sourire radieux. Alors qu’il est chef de garage à la délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (DATAR), un service du Premier ministre (PM) français, ce Mauricien revient sur son parcours atypique. Marchand de légumes, vendeur de thé, serveur, steward, matelot qualifié, ambulancier… Autant de métiers exercés par le sexagénaire durant son existence riche en voyages et découvertes.
Marié et père de deux filles, Cliff Rungasamy, qui est à présent citoyen français, se remémore sa vie passée. À l’époque, raconte-t-il, au jardin des Salines, où il passait le plus clair de son temps, les enfants faisaient preuve d’une imagination sans égal, fabriquant eux-mêmes leurs jouets. Ainsi, des boîtes de conserve prenaient l’allure de camions et de vieux pneus se transformaient en jouets amusants.
En l’écoutant, l’on se rend compte que Port-Louis en ce temps-là, telle qu’il la décrit, n’est en rien comparable à la ville que l’on connaît aujourd’hui. Les chemins de fer qu’empruntaient jadis le sexagénaire et ses frères ont fait place à de grands bâtiments et des routes goudronnées. Faute de moyens, c’est pieds nus que sa fratrie et lui se rendaient à la Cassis Government School, à Port-Louis. Déjà petit, Cliff Rungasamy caressait un rêve : celui de devenir officier dans la marine marchande. Une idée qu’il a précieusement conservée dans un coin de la tête.
Marchand de légumes
À partir de 12 ans, il cumule des petits boulots pour aider sa famille. Il travaille dans des camions de marchandises, histoire de grappiller quelques sous. Tendance qu’il poursuit après ses études secondaires, alors qu’il n’a que 16 ans. Il exerce comme marchand de légumes au marché central, puis comme vendeur de thé.
À 18 ans, il est embauché comme serveur au club de la marine marchande. Au bout d’une année, il prend son courage à deux mains et demande au commandant d’un bateau s’il peut naviguer. Une fois sa requête acceptée, on l’informe qu’il doit mettre en règle son carnet de vaccination et son passeport marin.
Ces démarches marquent le début d’une grande aventure. Il embarque sur l’Aruanaoù il obtient un poste de steward. Il navigue durant un mois et demi dans la région en passant par La Réunion et l’Afrique du Sud. Salaire mensuel qu’il perçoit : 20 livres sterling, acceptable pour l’époque. Malheureusement, il doit faire un gros sacrifice : s’éloigner de sa famille. Quelques mois plus tard, il embarque sur le bateau Société mauriciennede navigation. Il choisit ensuite d’abandonner pour intégrer l’école navale pour un cours d’une durée d’environ huit mois. Diplôme en poche, il embarque sur un bateau de la compagnie Rogers, puis sur un navire hollandais pour de longs trajets vers l’Angleterre et l’Australie, entre autres, en tant que matelot qualifié.
Ambulancier au Samu
Souhaitant intégrer l’école des officiers en France, il tente sa chance. Mais, à cause de la crise maritime, il ne trouve pas d’emploi sur les bateaux et ce, malgré des recherches assidues. Sans le sou, il est obligé de trouver du travail pour payer le voyage du retour.
C’est là qu’en 1974, il est recruté comme membre d’un personnel hospitalier. La vie étant faite de surprises, il y rencontre la femme qui deviendra son épouse et la mère de ses enfants. En tant que père de famille, il met au placard son rêve de naviguer et poursuit sa route dans le secteur médical. Déterminé, il se lance de nouveau dans les études et obtient un diplôme d’ambulancier pour intégrer le Service d’aide médicale d’urgence de Paris en 1985. Métier qu’il exercera pendant 17 ans.
Toutefois, il se lasse de cette vie. En 2006, il envoie son curriculum vitae, par le biais d’un ami, au service de recrutement du PM français. Les jours passent et il n’obtient aucune réponse. Jusqu’au jour où il reçoit un coup de fil l’invitant à rejoindre le service de la DATAR en tant que chauffeur de la directrice. Il y met toute son énergie pour finalement obtenir le poste de chef de garage à ce service du Premier ministre de France en 2009. C’est d’ailleurs ce qui lui a permis de côtoyer de nombreuses personnalités et membres de la force militaire française.
À présent citoyen français, alors qu’il compte une riche et longue carrière, Cliff Rungasamy aspire à une vie paisible. Son grand dilemme aujourd’hui : choisir entre rentrer dans son pays natal avec sa famille ou continuer à travailler dans son pays d’adoption.
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