Xavier Verny et Laurence Goilot ont remporté en solitaires le Vertical Trail, onzième course de la Ligue de trail, le samedi 5 novembre à Rivière-Noire. Récit de la course avec Yan de Maroussem, celui qui avait repéré le parcours puis l’avait rouvert il y a deux ans.

Ce parcours Yan de Maroussem le connaît par coeur pour l’avoir repéré puis rouvert il y a à peine deux ans, avec ses potes trailers, armés de « coupe-coupe ». Le samedi 5 novembre, c’était la première fois que le tracé intégral abritait une course.

« Le parcours est hyper exigeant, pentu comme pas deux, avec quelques passages carrément verticaux ! C’est le genre de terrain que j’apprécie beaucoup et où je me sens le plus à l’aise », confieYan de Maroussem.

Sa dernière course, le Ferney Trail (28 km et 1500 m D+) où il avait pris la cinquième place, remontait à un peu  Lacroix, il lui fallait tout de même composer avec quelques kilos de trop après les nombreuses sorties de ces dernières semaines.

Les coureurs filent « à 15 à l’heure » dès le départ donné au parking des Gorges à Rivière-Noire. « Nous sommes 3 – 4 copains et je décide d’entrer le premier dans le sentier de Brise-Fer. Xavier Verny et Janot Fra, juste derrière, tiennent sans difficulté la cadence, et ce petit groupe de trois va progresser ensemble et se séparer des autres graduellement », raconte Yan de Maroussem.

Xavier Verny et Janot Fra ne connaissent pas la première partie du parcours. Ils préfèrent jouer « safe » et se calent derrière Yan de Maroussem. Après 33’30 d’effort, ils atteignent le sommet du pic de Brise-Fer. Ils sont alors à 622 mètres d’altitude.

« C’est probablement mon meilleur chrono », note Yan de Maroussem. Quant à la montée, elle est tellement raide par endroits qu’il a fallu installer une corde et une chaîne pour se hisser carrément tant ce « mur » est redoutable !

Une partie du sentier est encore à l’état brut, mais sans trop de bosses. Il conduit vers les hauts plateaux des Gorges, avec quelques « casse-pattes » : racines, troncs d’arbres, ruisseaux à traverser. Il rejoint une piste de terre où les coureurs peuvent repasser à « 15 à l’heure ».

Les trois hommes ont déjà fait le trou en tête. Yan de Maroussem sait que ses deux camarades d’échappée sont « deux grosses cylindrées ». Xavier Verny est champion de cross-country et vaut 14’ au 5 km. Janot Fra est champion de Maurice de duathlon.

Après une heure de course, les sensations sont excellentes pour Yan de Maroussem. Le sentier technique de Mare-aux-Joncs se présente devant eux : une belle descente bien raide jusqu’au lieu-dit de la « fenêtre » où se trouve une des plus belles vues des Gorges et où se jette aussi un cours d’eau se transformant en magnifique cascade !

Pente à 25%

Yan de Maroussem refait le plein d’eau. Il en profite aussi pour se rafraîchir et repart à l’attaque de la montée qui rejoint l’autre partie du versant. Les trois coureurs discutent un p’tit peu et progressent « à une bonne allure », en mode marche, car la pente est à 25%.

Le sentier émerge sur une piste. Les trois hommes se retrouvent sur un palier descendant qui les mène au point de vue de Macchabé, 800 mètres plus loin. Xavier Verny et Janot Fra prennent le relais pour la première fois mais ralentissent aussitôt, obligeant Yan de Maroussem à reprendre le commandement.

Ils attendent de se retrouver en terrain familier pour attaquer. Le spectacle est magnifique : une vue superbe sur toute la région ouest de l’île. Rivière-Noire et Tamarin sont des tableaux posés dans le lointain ! Les couleurs sont spécialement attrayantes ce matin-là. Mais l’effort reprend vite ses droits. Un sentier très raide lance un nouveau défi : la descente de « Zepol », hyper technique, pentue. Yan de Maroussem est toujours le maître à bord. Il connaît chaque parcelle de ce sentier escaladé et descendu tant de fois.

Il descend « à fond ». Xavier Verny et Janot Fra s’accrochent ! Au bas, il y a 500 mètres de chemin puis une autre descente bien raide, tout aussi familière : il s’agit de « Fil » ! Yan de Maroussem décide de lever un peu le pied.

Xavier Verny et lui discutent un peu de VMA. « J’ai vingt ans de plus que lui et nous nous connaissons depuis peu », raconte-t-il. Les trois trailers sont descendus d’environ 500 mètres et cela fait du bien de retrouver une partie roulante. Yan de Maroussem vérifie son chrono : 1h26. Tout va bien. Il en profite pour refaire le plein dans la rivière et se rafraîchir car « un gros morceau» les attend : la fameuse montée de Grand Piton, qui va les mener au sommet de l’île, le Piton de la Rivière Noire à 828 mètres.

Le moment qu’il attendait arrive : ses deux camarades « rétrogradent » et s’élancent en conquérants vers ce sommet mythique ! Il les regarde filer sans trop pouvoir réagir. Cette montée est graduelle et évolue à travers une forêt de técomas qui perdent leurs feuilles en cette période, ce qui rend les appuis très fuyants ! Il a fallu quelques minutes seulement pour qu’il se retrouve seul dans l’ascension de cette difficulté. La partie incrustée dans les rochers est redoutable : il fait chaud et la pente est très raide à cet endroit. Yan de Maroussem progresse assez lentement sur la pierraille et veille à ne pas se mettre dans le rouge !

Par moments, il prend même des pauses de dix secondes et repart. Il se retourne pour voir s’il y a un coureur sur ses talons. Il arrive finalement au sommet et la vue est imprenable, panoramique. C’est toute l’île Maurice, vêtue de sa plus belle robe, qu’il contemple ! « Je fais un brin de causette avec quelques randonneurs qui m’avisent que mes deux compères sont passés il y a 5 et 3 minutes respectivement ! », ajoute Yan de Maroussem.

Derrière lui, c’est toujours le calme. Personne à l’horizon. La descente de l’autre côté du Piton est si raide qu’il a fallu installer une chaîne à nouveau, histoire de sécuriser « cette partie brutale » ! Yan se fait plaisir et trouve un bon rythme sur les trois kilomètres suivants de sentiers un peu vallonnés.

3,5 km de single track Il arrive sur la partie de route à Plaine Champagne et retrouve une foulée stable et régulière et replonge aussitôt dans le sentier de Trochetia. Il fait une halte au petit ruisseau à l’eau cristalline, se rafraîchit et refait le plein d’eau. Yan de Maroussem se relève gentiment, marche un peu et reprend graduellement le trot. Il sort du sentier et attaque un faux-plat montant d’environ 1 km, sur du gazon, sous un soleil qui est au zénith. Il retrouve alors avec beaucoup de joie son pote Philippe qui s’entraîne en vue du Trail de Rodrigues Surprise ! Janot Fra est à quelques centaines de mètres devant ! Yan de Maroussem ne s’attendait pas à ça ! Une petite partie de route ascendante mène aux antennes de Parakeet où se situe la plus grosse descente du parcours : 3,5 km de « single track »

En bon compétiteur, Yan de Maroussem décide de rattraper Janot ! Il connaît la descente de Parakeet par coeur. « J’ai beaucoup travaillé mes descentes ces derniers mois et j’ai les cuisses bien entraînées pour me lancer à vive allure », souligne-t-il. Il le rejoint assez facilement, le double tout en l’encourageant à « coller » avec lui. Janot Fra tient bon. Yan de Maroussem se fait piquer par une guêpe et les deux hommes arrivent ensemble au bas ! Le duathlète est serein et concentré. Le vétéran se rafraîchit à nouveau à la rivière et propose à Janot Fra de terminer ensemble, proposition qu’il accepte.

A ce stade, il ne reste plus que 2 km de course. A la première petite montée toutefois, Janot Fra ralentit. Yan de Maroussem l’attend mais il insiste pour qu’il continue. Yan garde son rythme finalement et à la seconde bosse retrouve un Janot Fra en meilleure forme.

C’est lui cette fois qui a du mal à le suivre ! Mais il s’accroche et repasse devant. Voilà les deux hommes dans le dernier kilomètre : une sorte de chemin assez instable avec pas mal de pierres et qui descend un peu, donc idéal pour Janot, le duathlète !

« Nous sommes à 15 à l’heure et j’ai du mal à suivre ce tempo trop élevé à ce stade-ci de la course, après 3h35 d’effort ! Combatif, je refuse de laisser Janot trop me distancer. Je suis vraiment au taquet et soulagé d’arriver enfin à cette dernière ligne droite », observe-t-il. La ligne d’arrivée, enfin : Janot Fra termine deuxième, Yan de Maroussem à 5 secondes, très heureux de sa troisième place, et d’un chrono des plus satisfaisants.

La ligue de Trail 2001 prend fin le dimanche 4 décembre avec le « Ring Trail » de 24 km sur la côte ouest.